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Lamentations 1-26

Lm 1-26 (Annotée Neuchâtel)

1 Comment est-elle assise solitaire, La cité populeuse ? Elle est devenue comme une veuve ! Celle qui était une capitale parmi les nations, Une princesse sur les provinces, A été rendue tributaire.
2 Elle pleure, elle pleure durant la nuit, Et ses larmes sont sur ses joues ; De tous ses amants Pas un ne la console ; Tous ses compagnons l'ont trahie, Ils sont devenus ses ennemis.
3 Juda s'en est allé en exil Sous le poids de l'oppression et d'une dure servitude ; Il demeure chez les nations, Sans trouver de repos ; Tous ses persécuteurs l'ont atteint Dans les défilés étroits.
4 Les chemins de Sion sont dans le deuil, Parce que personne ne vient plus à la fête ; Toutes ses portes sont en ruines ; Ses sacrificateurs sanglotent ; Ses vierges se désolent, Et elle-même est dans l'amertume.
5 Ses adversaires ont le dessus ; Ses ennemis prospèrent ; Car l'Eternel l'a affligée A cause de la multitude de ses rébellions ; Ses petits enfants s'en sont allés captifs Devant l'oppresseur.
6 Toute la gloire de la fille de Sion S'est éloignée d'elle ; Ses princes sont comme des cerfs Qui n'ont pas trouvé de pâture Et s'en vont sans force Devant celui qui les poursuit.
7 Jérusalem, aux jours de sa misère et de sa vie errante, Se souvient de tous ses biens précieux dès les jours anciens. Maintenant que son peuple est tombé par la main de l'ennemi Et que personne ne vient à son aide, Les ennemis la voient ; Ils rient de son chômage.
8 Jérusalem a péché, péché... ! C'est pourquoi elle est devenue une chose souillée ; Tous ceux qui l'honoraient la méprisent, Car ils ont vu sa nudité ; Elle-même sanglote Et se détourne.
9 Sa souillure est dans les pans de sa robe ; Elle ne songeait pas à sa fin, Et elle est tombée d'une manière étrange ; Nul ne la console ! Vois, ô Eternel, ma misère ! Car l'ennemi triomphe
10 L'ennemi a étendu la main Sur tous ses trésors ; Car elle a vu les nations Entrer dans son sanctuaire, Celles au sujet desquelles tu avais donné cet ordre : Elles n'entreront point dans ton assemblée !
11 Tout son peuple sanglote ; Ils cherchent du pain ; Ils donnent leurs joyaux Pour des aliments qui leur rendent la vie. Vois, Eternel, regarde L'abjection où je suis !
12 Cela ne vous touche pas, Vous tous qui passez par le chemin ? Regardez et voyez s'il y a une douleur Comme la douleur qui m'est infligée, A moi que l'Eternel a frappée Au jour de son ardente colère !
13 D'en-haut il a lancé dans mes os Un feu qui les dévore ; Il a étendu un filet devant mes pieds, Il m'a fait reculer ; Il m'a rendue désolée, Languissante tout le jour.
14 Le joug de mes forfaits Est lié par sa main ; Ils s'entrelacent et pèsent sur mon cou. Il a fait broncher ma force ; Le Seigneur m'a livrée à des mains Auxquelles je ne puis résister.
15 Le Seigneur a enlevé tous les guerriers Que j'avais au milieu de moi ; Il a convoqué des gens contre moi Pour écraser mes jeunes hommes ; Le Seigneur a foulé au pressoir Pour la vierge, fille de Juda.
16 C'est pour cela que je pleure ; Mon oeil, mon oeil fond en larmes ; Car il n'y a près de moi personne qui me console, Qui me rende la vie ; Mes fils sont dans la désolation, Car l'ennemi l'emporte !
17 Sion a tendu les mains... Personne ne l'a consolée ! L'Eternel a commandé aux ennemis de Jacob De l'environner de toutes parts. Jérusalem est devenue au milieu d'eux Comme une chose souillée.
18 L'Eternel est juste, Car j'ai été rebelle à ses ordres. Oh ! écoutez, vous tous les peuples, Et voyez ma douleur : Mes vierges et mes jeunes gens Sont allés en captivité.
19 J'ai appelé mes amants, Ils m'ont trompée ; Mes sacrificateurs et mes anciens Ont péri dans la ville En cherchant de la nourriture Pour ranimer leur vie.
20 Regarde, ô Eternel, car je suis dans l'angoisse ! Mes entrailles sont émues ; Mon coeur est bouleversé au-dedans de moi, Parce que j'ai été bien rebelle. Au dehors l'épée a tué mes enfants ; Au dedans c'est la mort !
21 On m'entend gémir... Personne qui me console ! Tous mes ennemis, apprenant mon malheur, Se réjouissent de ce que tu as agi. Tu as fait venir le jour que tu avais annoncé... Ils deviendront tels que moi !
22 Que toute leur méchanceté Vienne devant toi, Et traite-les comme tu m'as traitée A cause de tous mes forfaits ; Car mes soupirs sont nombreux, Et mon coeur est malade !

Lamentations 2


1 Comment le Seigneur, dans sa colère, A-t-il couvert d'un nuage la fille de Sion ? Il a précipité des cieux en terre La magnificence d'Israël ; Il ne s'est pas souvenu de son marchepied, Au jour de sa colère.
2 Le Seigneur a ruiné sans pitié Toutes les demeures de Jacob ; Il a détruit, dans sa fureur, Les remparts de la fille de Juda. Il les a jetés en terre ; Il a profané sa royauté et ses princes.
3 Il a rompu, dans l'ardeur de sa colère, Toute force d'Israël ; Il a retiré sa droite Devant l'ennemi ; Il a allumé en Jacob comme un feu ardent Qui dévore tout autour.
4 Il a bandé son arc comme un ennemi, Il a levé sa droite comme un assaillant, Et il a égorgé Tout ce qui charmait les yeux. Dans la tente de la fille de Sion Il a versé son courroux comme un feu.
5 Le Seigneur a été comme un ennemi ; Il a ruiné Israël, Ruiné tous ses palais, Détruit ses remparts. Il a infligé à la fille de Juda Douleur sur douleur.
6 Il a forcé son enclos comme un jardin Il a détruit son lieu d'assignation. L'Eternel a fait oublier en Sion Fêtes solennelles et sabbats ; Dans le débordement de sa colère, Il a rejeté avec dédain rois et sacrificateurs.
7 Le Seigneur a pris en dégoût son autel, En abomination son sanctuaire ; Il a livré aux mains de l'ennemi Les murs de ses palais. On a poussé des cris dans la maison de l'Eternel, Comme en un jour de fête.
8 L'Eternel a médité de détruire Les murs de la fille de Sion ; Il a étendu le cordeau, Il n'a pas retiré sa main qu'il ne les eût détruits. Il a mis en deuil bastion et muraille ; Ensemble ils mènent deuil.
9 Ses portes sont enfoncées en terre ; Il en a détruit, brisé les barres. Son roi et ses princes sont chez les Gentils ; Il n'y a plus de loi ; Ses prophètes aussi Ne reçoivent plus de vision de l'Eternel.
10 Les anciens de la fille de Sion sont assis par terre, Ils se taisent ; Ils ont jeté de la poussière sur leur tête ; Ils sont vêtus de sacs. Les vierges de Jérusalem Courbent leur tête vers la terre.
11 Mes yeux se consument dans les larmes ; Mes entrailles sont émues ; Mon foie s'épanche sur la terre, A cause de la blessure de la fille de mon peuple, A la vue des enfants et des nourrissons Qui défaillent dans les places de la ville.
12 Ils disent à leurs mères : Où y a-t-il du pain et du vin ? Et ils tombent comme blessés à mort Dans les rues de la ville, Et rendent l'âme Sur le sein de leurs mères.
13 Quel exemple te citerai-je ? Qui comparerai-je à toi, fille de Jérusalem ? A qui t'assimiler pour te consoler, O vierge, fille de Sion ? Car ta plaie est grande comme la mer ! Qui te guérirait ?
14 Tes prophètes ont eu pour toi Des visions vaines et folles ; Ils ne t'ont point dévoilé ton iniquité, Afin de détourner de toi la captivité ; Mais ils t'ont donné pour visions Des oracles de mensonge et de réjection.
15 Tous les passants battent des mains à ta vue ; Ils sifflent, Ils hochent la tête Au sujet de la fille de Jérusalem ; Est-ce là cette ville qu'on appelait la parfaite en beauté, La joie de toute la terre ?
16 Tous tes ennemis ouvrent la bouche contre toi ; Ils sifflent, Ils grincent des dents ; Ils disent : Nous les avons engloutis ! C'est là le jour que nous attendions ! Nous y sommes ; nous le voyons !
17 L'Eternel a exécuté ce qu'il avait résolu ; Il a accompli la parole Qu'il avait prononcée dès les jours anciens. Il a détruit sans pitié ; Il a réjoui l'ennemi à ton sujet ; Il a élevé la corne de tes adversaires.
18 Leur coeur crie vers le Seigneur ! O muraille de la fille de Sion, Laisse couler tes larmes jour et nuit Comme un torrent ! Ne te donne aucun relâche ! Que ta prunelle n'ait point de repos !
19 Lève-toi, pousse des cris dans la nuit, Au commencement de chaque veille ; Répands ton coeur comme de l'eau Devant la face du Seigneur ! Lève les mains vers lui pour la vie de tes enfants Qui défaillent de faim aux coins de toutes les rues !
20 Vois, Eternel, et considère ! Qui as-tu jamais traité ainsi ? Des femmes mangent-elles le fruit de leurs entrailles, Les petits enfants qu'elles portent dans leurs bras ? Tue-t-on dans le sanctuaire du Seigneur Les sacrificateurs et les prophètes ?
21 Jeunes gens et vieillards Sont couchés par terre dans les rues ; Mes vierges et mes adolescents Sont tombés par l'épée. Tu as égorgé au jour de ta colère ; Tu as immolé ; tu n'as point épargné !
22 Tu as assigné, comme à un jour de convocation, Mes terreurs de toutes parts ; Au jour de la colère de l'Eternel Il n'y a eu ni réchappé, ni fugitif. Ceux que j'avais portés dans mes bras et que j'avais élevés, Mon ennemi les a détruits jusqu'au dernier !

Lamentations 3


1 Je suis l'homme qui ai vu l'affliction Sous la verge de sa fureur.
2 Il m'a conduit et fait marcher Dans les ténèbres et non dans la lumière.
3 C'est contre moi seul Qu'il tourne sa main toujours de nouveau.
4 Il a usé ma chair et ma peau Il a brisé mes os.
5 Il a bâti contre moi, Il m'a environné de fiel et d'ennui.
6 Il m'a fait habiter dans les ténèbres, Comme ceux qui sont morts dès longtemps.
7 Il m'a entouré d'un mur pour que je ne puisse sortir ; Il m'a chargé de lourdes chaînes.
8 Même quand je crie et que j'appelle à mon secours, Il ferme l'accès à ma prière.
9 Il m'a barré les chemins avec des pierres de taille, Il a bouleversé mes sentiers.
10 Il a été pour moi un ours aux aguets, Un lion en embuscade,
11 Il m'a fait sortir du chemin et mis en pièces ; Il m'a réduit en dévastation.
12 Il a bandé son arc Et m'a placé comme but pour sa flèche.
13 Il a fait pénétrer dans mes reins Les traits de son carquois ;
14 Je suis la risée de tout mon peuple, Leur chanson tout le jour ;
15 Il m'a rassasié d'herbes amères, Il m'a abreuvé d'absinthe.
16 Il a fait broyer du gravier à mes dents, Il m'a enfoncé dans la cendre.
17 Mon âme est dégoûtée, faute de paix ; J'ai oublié le bonheur,
18 Et j'ai dit : Ma force et mon attente Ont pris fin loin de l'Eternel.
19 Souviens-toi de mon affliction et de ma persécution, De l'absinthe et du fiel ;
20 Mon âme s'en souvient sans cesse, Et elle est abattue en moi,
21 Voici ce que je me rappelle en mon coeur, C'est pourquoi j'espérerai :
22 C'est une grâce de l'Eternel que nous ne soyons pas anéantis, Que ses compassions ne soient pas épuisées.
23 Elles se renouvellent chaque matin ; Grande est ta fidélité !
24 L'Eternel est ma part, a dit mon âme, C'est pourquoi je m'attendrai à lui.
25 L'Eternel est bon pour celui qui s'attend à lui, Pour l'âme qui le cherche.
26 Il est bon d'attendre en silence La délivrance de l'Eternel ;
27 Il est bon à l'homme De porter le joug dans sa jeunesse.
28 Qu'il s'asseye à l'écart et qu'il garde le silence Quand il le lui a imposé !
29 Qu'il mette sa bouche dans la poussière ! Peut-être y aura-t-il de l'espoir.
30 Qu'il présente la joue à celui qui le frappe ; Qu'il se rassasie d'opprobre !
31 Car le Seigneur Ne rejette pas à toujours ;
32 Mais il afflige, Et a compassion selon sa grande miséricorde :
33 Car ce n'est pas de bon coeur qu'il humilie Et qu'il afflige les fils des hommes.
34 Lorsqu'on foule aux pieds Tous les captifs du pays,
35 Lorsqu'on fait fléchir le droit d'un homme A la face du Très-Haut,
36 Lorsqu'on fait tort à quelqu'un dans sa cause, Le Seigneur ne le voit-il pas ?
37 Qui a parlé, et la chose a eu lieu, Sans que le Seigneur l'ait commandé ?
38 N'est-ce pas de la bouche du Très-Haut Que procèdent les maux et le bien ?
39 Pourquoi l'homme vivant se plaindrait-il ? Que chacun se plaigne de son péch
40 Examinons nos voies et sondons-les ; Et retournons jusqu'à l'Eternel.
41 Elevons nos coeurs avec nos mains Vers Dieu dans les cieux.
42 Nous, nous avons été infidèles ; nous nous sommes révoltés ; Toi, tu n'as pas pardonné.
43 Tu t'es enveloppé dans ta colère, Et tu nous as poursuivis ; tu as tué sans épargner ;
44 Tu t'es couvert d'une nuée, Afin que la prière ne passe point.
45 Tu as fait de nous des balayures et un rebut Au milieu des peuples.
46 Tous nos ennemis Ouvrent la bouche contre nous.
47 La frayeur et la fosse nous sont échues, La dévastation et la ruine !
48 Mon oeil se fond en ruisseaux d'eau A cause de la ruine de la fille de mon peuple.
49 Mon oeil pleure et ne cesse point, Parce qu'il n'y a point de répit,
50 Jusqu'à ce que l'Eternel Regarde des cieux et voie.
51 Mon oeil fait mal à mon âme A cause de toutes les filles de ma ville.
52 Ceux qui sont mes ennemis sans cause M'ont donné la chasse, comme à un passereau.
53 Ils ont anéanti ma vie dans la fosse, Et ont jeté une pierre sur moi.
54 Les eaux montaient par-dessus ma tête, Je disais : Je suis retranché !
55 J'ai invoqué ton nom, ô Eternel, De la fosse des enfers.
56 Tu as entendu ma voix : Ne ferme pas L'oreille à mon appel, à mon cri de détresse !
57 Au jour où je t'ai invoqué, Tu t'es approché et tu as dit : Ne crains point !
58 Seigneur ! tu as pris la défense de mon âme, Tu m'as sauvé la vie.
59 Tu as vu, Eternel, le tort qu'ils me font ; Fais-moi justice !
60 Tu as vu toute leur rancune, Toutes leurs machinations contre moi.
61 Tu as entendu leurs outrages, ô Eternel, Toutes leurs machinations contre moi,
62 Les propos de mes adversaires, Et ce qu'ils méditent contre moi tout le jour.
63 Quand ils s'asseyent ou qu'ils se lèvent, regarde : Je suis leur chanson.
64 Tu les rétribueras, ô Eternel, Selon l'oeuvre de leurs mains.
65 Tu leur donneras l'endurcissement du coeur, Tu leur donneras ta malédiction.
66 Tu les poursuivras avec colère, Et tu les extermineras de dessous les cieux de l'Eternel.

Lamentations 4


1 Comment l'or s'est-il terni, L'or pur s'est-il altéré ? Comment les pierres sacrées ont-elles été semées Au coin de toutes les rues ?
2 Les nobles fils de Sion, Evalués au poids de l'or fin, Comment ont-ils été comptés pour des vases de terre, Ouvrage de mains de potier ?
3 Même les chacals présentent la mamelle A leurs petits et les allaitent, La fille de mon peuple est devenue cruelle Comme les autruches dans le désert.
4 La langue du nourrisson, dans sa soif, S'attache à son palais. Les enfants demandent du pain ; Personne ne leur en distribue.
5 Ceux qui mangeaient des mets délicats, Meurent de faim dans les rues ; Ceux qu'on portait sur la pourpre, Se couchent dans le fumier.
6 L'iniquité de la fille de mon peuple A été plus grande que le péché de Sodome, Qui fut renversée en un instant, Sans qu'aucune main se fût levée contre elle.
7 Les nobles surpassaient en éclat la neige, En blancheur le lait ; Leur corps était plus vermeil que le corail ; Leur figure était un saphir.
8 Leur aspect est plus sombre que le noir même ; On ne les reconnaît plus dans les rues ; Leur peau est attachée à leurs os, Elle est sèche comme du bois.
9 Heureux ont été ceux que l'épée a tués, Plus que ceux qu'a tués la faim ; Car eux, les transpercés, Ils avaient en abondance les produits des champs.
10 Des femmes compatissantes ont de leurs mains Fait cuire leurs enfants ; Ils leur ont servi d'aliment Dans le désastre de la fille de mon peuple.
11 L'Eternel a épuisé sa fureur ; Il a répandu l'ardeur de sa colère Et allumé en Sion un feu Qui en a dévoré les fondements.
12 Ils ne croyaient pas, les rois de la terre, Ni aucun des habitants du monde, Que l'adversaire, l'ennemi entrerait Dans les portes de Jérusalem.
13 C'est à cause des péchés de ses prophètes, Des iniquités de ses sacrificateurs, Qui répandaient au milieu d'elle Le sang des justes.
14 Ils erraient comme des aveugles dans les rues, Souillés de sang ; De sorte qu'on ne pouvait Toucher leurs vêtements.
15 Ecartez-vous ! Un impur ! leur criait-on : Ecartez-vous ; écartez-vous ! Ne le touchez pas ! Quand ils fuyaient, ils erraient çà et là, Et l'on disait parmi les Gentils : Qu'ils ne demeurent plus ici !
16 La face de l'Eternel les a dispersés, Il ne les regarde plus ; On n'a pas respecté les sacrificateurs ; On n'a pas fait grâce aux vieillards.
17 Et nous, nos yeux se consumaient encore Après un vain secours ; Du haut de nos tours nous regardions attentivement Vers une nation qui ne délivrait point !
18 Ils épiaient nos pas, Nous empêchant de marcher dans nos places ; Notre fin approche ; nos jours sont accomplis ; Oui, notre fin est venue !
19 Ceux qui nous poursuivaient Ont été plus légers que les aigles du ciel ; Ils nous ont pourchassés sur les montagnes ; Ils nous dressent des embûches dans le désert.
20 Le souffle de nos narines, l'oint de l'Eternel, A été pris dans leurs fosses, Lui dont nous disions : Nous vivrons sous son ombre au milieu des Gentils !
21 Egaie-toi et réjouis-toi, fille d'Edom, Qui habites au pays de Uts ! A toi aussi passera la coupe ; Tu n'enivreras et tu te mettras à nu.
22 Ton iniquité a pris fin, fille de Sion ; Il ne t'enverra plus en captivité. Il visite ton iniquité, fille d'Edom ; Il met à découvert tes péchés.

Lamentations 5


1 Souviens-toi, ô Eternel, de ce qui nous est arrivé ; Regarde et vois notre opprobre !
2 Notre héritage a passé à des étrangers, Nos maisons à des inconnus.
3 Nous sommes orphelins, sans père ; Nos mères, sont comme veuves.
4 Nous buvons notre eau à prix d'argent ; Nous n'avons de bois qu'en payant.
5 Nous sommes pressés par nos persécuteurs ; Nous sommes épuisés ; il n'y a pas de repos pour nous.
6 Nous tendons la main vers l'Egypte et vers l'Assyrie Pour nous rassasier de pain.
7 Nos pères ont péché, ils ne sont plus ; Et nous, nous portons la peine de leurs iniquités.
8 Des esclaves dominent sur nous ; Personne ne nous arrache de leurs mains.
9 Nous recueillons notre pain au péril de notre vie, En affrontant l'épée du désert.
10 Notre peau est brûlante comme un four, Par suite de l'ardeur de la faim.
11 Ils ont déshonoré des femmes dans Sion, Des vierges dans les villes de Juda.
12 Des chefs ont été pendus par leurs mains ; La personne des vieillards n'a pas été respectée.
13 Des jeunes gens ont porté la meule, Des enfants ont chancelé chargés de bois.
14 Les vieillards ont abandonné la porte, Et les jeunes gens leur lyre.
15 La joie de nos coeurs a cessé ; Nos danses sont changées en deuil.
16 La couronne de notre tête est tombée ; Oui, malheur à nous, parce que nous avons péché !
17 Voici pourquoi notre coeur est malade, Voici pourquoi nos yeux sont obscurcis :
18 C'est que la montagne de Sion est désolée Et que les renards s'y promènent.
19 Toi, Eternel, tu règnes à toujours ; Ton trône est d'âge en âge.
20 Pourquoi nous oublierais-tu à jamais, Nous abandonnerais-tu pour toute la durée de nos jours ?
21 Fais-nous revenir à toi, ô Eternel, et nous reviendrons ; Renouvelle nos jours comme ils étaient autrefois.
22 Car nous aurais-tu rejetés tout à fait ? Serais-tu irrité contre nous à l'excès ?

Lm 1-26 (Darby)

1 Comment est-elle assise solitaire, la ville si peuplée ! Celle qui était grande entre les nations est devenue comme veuve ; la princesse parmi les provinces est devenue tributaire.
2 Elle pleure, elle pleure pendant la nuit, et ses larmes sont sur ses joues ; de tous ses amants, il n'en est pas un qui la console ; tous ses amis ont agi perfidement envers elle, ils sont pour elle des ennemis.
3 Juda est allé en captivité à cause de [son] affliction et de la grandeur de [son] esclavage ; il habite parmi les nations, il n'a pas trouvé de repos ; tous ses persécuteurs l'ont atteint dans [ses] lieux resserrés.
4 Les chemins de Sion mènent deuil de ce qu'il n'y a personne qui vienne aux fêtes ; toutes ses portes sont désolées ; ses sacrificateurs gémissent, ses vierges sont dans la détresse ; elle-même est dans l'amertume.
5 Ses adversaires dominent*, ses ennemis prospèrent ; car l'Éternel l'a affligée à cause de la multitude de ses transgressions ; ses petits enfants ont marché captifs devant l'adversaire.
6 Et toute la magnificence de la fille de Sion s'est retirée d'elle. Ses princes sont comme des cerfs qui ne trouvent pas de pâture, et ils s'en sont allés sans force devant celui qui les poursuit.
7 Jérusalem, dans les jours de son affliction et de son bannissement*, lorsque son peuple tombait dans** la main de l'ennemi et qu'il n'y avait personne qui lui aidât, s'est souvenue de toutes les choses désirables qu'elle avait dans les jours d'autrefois ; les adversaires l'ont vue, ils se sont moqués de sa ruine***.
8 Jérusalem a grièvement péché, c'est pourquoi elle est [rejetée] comme une impureté ; tous ceux qui l'honoraient l'ont méprisée, car ils ont vu sa nudité : elle aussi gémit et s'est retournée en arrière.
9 Son impureté était aux pans de sa robe, elle ne s'est pas souvenue de sa fin ; elle est descendue prodigieusement ; il n'y a personne qui la console ! Regarde, ô Éternel, mon affliction, car l'ennemi s'est élevé avec orgueil.
10 L'ennemi a étendu sa main sur toutes ses choses désirables ; car elle a vu entrer dans son sanctuaire les nations, au sujet desquelles tu avais commandé qu'elles n'entreraient point dans ta congrégation.
11 Tout son peuple gémit ; ils cherchent du pain ; ils ont donné leurs choses désirables contre des aliments pour restaurer [leur] âme. Regarde, Éternel, et contemple, car je suis devenue vile.
12 N'est-ce rien pour vous tous qui passez par le chemin ? Contemplez, et voyez s'il est une douleur comme ma douleur qui m'est survenue, à moi que l'Éternel a affligée au jour de l'ardeur de sa colère.
13 D'en haut il a envoyé dans mes os un feu qui les a maîtrisés ; il a tendu un filet pour mes pieds, il m'a fait retourner en arrière ; il m'a mise dans la désolation, dans la langueur, tout le jour.
14 Le joug de mes transgressions est lié par sa main ; elles sont entrelacées, elles montent sur mon cou ; il a fait défaillir ma force ; le Seigneur m'a livrée en des mains d'où je ne puis me relever.
15 Le Seigneur a abattu tous mes hommes forts au milieu de moi ; il a convoqué contre moi une assemblée pour écraser mes jeunes gens. Le Seigneur a foulé comme au pressoir la vierge, fille de Juda.
16 cause de ces choses je pleure ; mon œil, mon œil se fond en eau ; car il est loin de moi, le consolateur qui restaurerait mon âme. Mes fils sont péris, car l'ennemi a été le plus fort.
17 Sion étend ses mains, il n'y a personne qui la console. L'Éternel a commandé au sujet de Jacob que ses adversaires l'entourent ; Jérusalem est devenue au milieu d'eux une impureté.
18 L'Éternel est juste ; car je me suis rebellée contre son commandement. Écoutez, je vous prie, vous tous les peuples, et voyez ma douleur : mes vierges et mes jeunes gens sont allés en captivité.
19 J'ai appelé mes amants : ils m'ont trompée. Mes sacrificateurs et mes anciens ont expiré dans la ville, alors qu'ils se sont cherché de la nourriture afin de restaurer leur âme.
20 Regarde, Éternel, car je suis dans la détresse ; mes entrailles sont agitées, mon cœur est bouleversé au dedans de moi, car je me suis grièvement rebellée : au dehors l'épée m'a privée d'enfants ; au dedans, c'est comme la mort.
21 Ils m'ont entendue gémir : il n'y a personne qui me console ; tous mes ennemis ont appris mon malheur, ils se sont réjouis de ce que toi tu l'as fait. Tu feras venir le jour que tu as appelé, et ils seront comme moi.
22 Que toute leur iniquité vienne devant toi, et fais-leur comme tu m'as fait à cause de toutes mes transgressions ; car mes gémissements sont nombreux, et mon cœur est languissant.

Lamentations 2


1 Comment, dans sa colère, le Seigneur a-t-il couvert d'un nuage la fille de Sion ! Il a jeté des cieux sur la terre la beauté d'Israël, et, au jour de sa colère, il ne s'est pas souvenu du marchepied de ses pieds.
2 Le Seigneur a englouti, sans épargner, toutes les habitations de Jacob ; il a renversé dans sa fureur les forteresses de la fille de Juda ; il a jeté par terre, il a profané le royaume et ses princes.
3 Il a retranché, dans l'ardeur de sa colère, toute la corne d'Israël ; il a retiré sa droite devant l'ennemi, et il a brûlé en Jacob comme un feu flamboyant qui dévore à l'entour.
4 Il a bandé son arc comme un ennemi ; il s'est tenu là avec sa droite comme un adversaire, et il a tué tout ce qui était agréable à l'œil dans la tente de la fille de Sion ; il a versé, comme un feu, sa fureur.
5 Le Seigneur a été comme un ennemi ; il a englouti Israël ; il a englouti tous ses palais, il a détruit ses forteresses, et il a multiplié chez la fille de Juda le gémissement et la plainte.
6 Il a saccagé sa clôture comme un jardin ; il a détruit le lieu de son assemblée. L'Éternel a fait oublier dans Sion jour solennel et sabbat ; et, dans l'indignation de sa colère, il a méprisé roi et sacrificateur.
7 Le Seigneur a rejeté son autel, il a répudié son sanctuaire ; il a livré en la main de l'ennemi les murs de ses palais ; on a poussé des cris dans la maison de l'Éternel comme au jour d'une fête solennelle.
8 L'Éternel s'est proposé de détruire la muraille de la fille de Sion ; il a étendu le cordeau, il n'a pas retiré sa main pour cesser de détruire* ; et il fait mener deuil au rempart et à la muraille : ils languissent ensemble.
9 Ses portes sont enfoncées dans la terre ; il a détruit et brisé ses barres ; son roi et ses princes sont parmi les nations ; la loi n'est plus ; ses prophètes aussi ne trouvent pas de vision de la part de l'Éternel.
10 Les anciens de la fille de Sion sont assis par terre, ils gardent le silence ; ils ont mis de la poussière sur leur tête, ils se sont ceints de sacs ; les vierges de Jérusalem baissent leur tête vers la terre.
11 Mes yeux se consument dans les larmes, mes entrailles sont agitées, mon foie s'est répandu sur la terre, à cause de la ruine de la fille de mon peuple, parce que les enfants et ceux qui tètent défaillent dans les places de la ville.
12 Ils disent à leurs mères : Où est le blé et le vin ? - défaillant dans les places de la ville comme des blessés à mort, [et] rendant l'âme sur le sein de leurs mères.
13 Quel témoignage t'apporterai-je ? Que comparerai-je à toi, fille de Jérusalem ? Qui est-ce que j'égalerai à toi, afin que je te console, vierge, fille de Sion ? car ta ruine est grande comme la mer : qui te guérira ?
14 Tes prophètes ont vu pour toi la vanité et la folie, et ils n'ont pas mis à découvert ton iniquité pour détourner ta captivité ; mais ils ont vu pour toi des oracles de vanité et de séduction*.
15 Tous ceux qui passent par le chemin battent des mains sur toi ; ils sifflent et branlent la tête sur la fille de Jérusalem : Est-ce ici la ville dont on disait : La parfaite en beauté, la joie de toute la terre ?
16 Tous tes ennemis ouvrent la bouche sur toi ; ils sifflent et grincent des dents ; ils disent : Nous les avons engloutis ; oui, c'est ici le jour que nous attendions ! Nous l'avons trouvé, nous l'avons vu !
17 L'Éternel a fait ce qu'il s'était proposé, il a accompli sa parole qu'il avait commandée* dès les jours d'autrefois ; il a renversé et n'a point épargné, et il a fait que l'ennemi s'est réjoui sur toi ; il a élevé la corne de tes adversaires
18 Leur cœur a crié au Seigneur. Muraille de la fille de Sion, laisse couler des larmes jour et nuit, comme un torrent ; ne te donne pas de relâche, que la prunelle de tes yeux ne cesse point !
19 Lève-toi, crie de nuit au commencement des veilles ; répands ton cœur comme de l'eau devant la face du Seigneur. Lève tes mains vers lui pour la vie de tes petits enfants qui défaillent de faim au coin de toutes les rues.
20 Regarde, Éternel, et considère à qui tu as fait ainsi ! Les femmes dévoreront-elles leur fruit, les petits enfants dont elles prennent soin ? Tuera-t-on le sacrificateur et le prophète dans le sanctuaire du Seigneur ?
21 L'enfant et le vieillard sont couchés par terre dans les rues ; mes vierges et mes jeunes hommes sont tombés par l'épée : tu as tué au jour de ta colère, tu as égorgé, tu n'as point épargné !
22 Tu as convoqué, comme en un jour de fête solennelle, mes terreurs de toutes parts ; et au jour de la colère de l'Éternel, il n'y a eu ni réchappé, ni reste : ceux dont j'avais pris soin et que j'avais élevés, mon ennemi les a consumés.

Lamentations 3


1 Je suis l'homme qui ai vu l'affliction par la verge de sa fureur.
2 Il m'a conduit et amené dans les ténèbres, et non dans la lumière.
3 Certes c'est contre moi qu'il a tout le jour tourné et retourné sa main.
4 Il a fait vieillir ma chair et ma peau ; il a brisé mes os.
5 Il a bâti contre moi, et m'a environné de fiel et de peine.
6 Il m'a fait habiter dans des lieux ténébreux, comme ceux qui sont morts depuis longtemps.
7 Il a fait une clôture autour de moi, afin que je ne sorte point ; il a appesanti mes chaînes.
8 Même quand je crie et que j'élève ma voix, il ferme l'accès à ma prière.
9 Il a barré mes chemins avec des pierres de taille ; il a bouleversé mes sentiers.
10 Il a été pour moi un ours aux embûches, un lion dans les lieux cachés.
11 Il a fait dévier mes chemins et m'a déchiré ; il m'a rendu désolé.
12 Il a bandé son arc, et m'a placé comme un but pour la flèche.
13 Il a fait entrer dans mes reins les flèches* de son carquois.
14 Je suis la risée de tout mon peuple, leur chanson tout le jour.
15 Il m'a rassasié d'amertumes, il m'a abreuvé d'absinthe.
16 Il m'a brisé les dents avec du gravier ; il m'a couvert de cendre.
17 Et tu as rejeté mon âme loin de la paix, j'ai oublié le bonheur ;
18 et j'ai dit : Ma confiance* est périe, et mon espérance en l'Éternel.
19 Souviens-toi de mon affliction, et de mon bannissement*, de l'absinthe et du fiel.
20 Mon âme s'en souvient sans cesse, et elle est abattue au dedans de moi. -
21 Je rappelle ceci à mon cœur, c'est pourquoi j'ai espérance :
22 Ce sont les bontés de l'Éternel que nous ne sommes pas consumés, car ses compassions ne cessent pas ;
23 elles sont nouvelles chaque matin ; grande est ta fidélité !
24 L'Éternel est ma portion, dit mon âme ; c'est pourquoi j'espérerai en lui.
25 L'Éternel est bon pour ceux qui s'attendent à lui, pour l'âme qui le cherche.
26 C'est une chose bonne qu'on attende, et dans le silence, le salut de l'Éternel.
27 Il est bon à l'homme de porter le joug dans sa jeunesse :
28 Il est assis solitaire, et se tait, parce qu'il l'a pris sur lui ;
29 il met sa bouche dans la poussière : peut-être y aura-t-il quelque espoir.
30 Il présente la joue à celui qui le frappe, il est rassasié d'opprobres.
31 Car le Seigneur ne rejette pas pour toujours ;
32 mais, s'il afflige, il a aussi compassion, selon la grandeur de ses bontés ;
33 car ce n'est pas volontiers qu'il afflige et contriste les fils des hommes.
34 Qu'on écrase sous les pieds tous les prisonniers de la terre,
35 qu'on fasse fléchir le droit d'un homme devant la face du Très haut,
36 qu'on fasse tort à un homme dans sa cause, le Seigneur ne le voit-il point* ?
37 Qui est-ce qui dit une chose, et elle arrive, quand le Seigneur ne l'a point commandée ?
38 N'est-ce pas de la bouche du Très haut que viennent les maux et les biens ?
39 Pourquoi un homme vivant se plaindrait-il, un homme, à cause de la peine* de ses péchés ?
40 Recherchons nos voies, et scrutons-les, et retournons jusqu'à l'Éternel.
41 Élevons nos cœurs avec nos mains vers *Dieu dans les cieux.
42 Nous avons désobéi et nous avons été rebelles ; tu n'as pas pardonné.
43 Tu t'es enveloppé de colère et tu nous as poursuivis ; tu as tué, tu n'as point épargné.
44 Tu t'es enveloppé d'un nuage, de manière à ce que la prière ne passât point.
45 Tu nous as faits la balayure et le rebut au milieu des peuples.
46 Tous nos ennemis ont ouvert la bouche sur nous.
47 La frayeur et la fosse sont venues sur nous, la destruction et la ruine.
48 Des ruisseaux d'eaux coulent de mes yeux à cause de la ruine de la fille de mon peuple.
49 Mon œil se fond en eau, il ne cesse pas et n'a point de relâche,
50 jusqu'à ce que l'Éternel regarde et voie des cieux.
51 Mon œil afflige mon âme à cause de toutes les filles de ma ville.
52 Ceux qui sont mes ennemis sans cause m'ont donné la chasse comme à l'oiseau.
53 Ils m'ont ôté la vie dans une fosse, et ont jeté des pierres* sur moi.
54 Les eaux ont coulé par-dessus ma tête ; j'ai dit : Je suis retranché !
55 J'ai invoqué ton nom, ô Éternel ! de la fosse des abîmes.
56 Tu as entendu ma voix ; ne cache point ton oreille à mon soupir, à mon cri.
57 Tu t'es approché au jour que je t'ai invoqué ; tu as dit : Ne crains pas.
58 Seigneur, tu as pris en main la cause* de mon âme, tu as racheté ma vie.
59 Tu as vu, Éternel, le tort qu'on me fait ; juge ma cause.
60 Tu as vu toute leur vengeance, toutes leurs machinations contre moi.
61 Tu as entendu leurs outrages, ô Éternel ! toutes leurs machinations contre moi,
62 les lèvres de ceux qui s'élèvent contre moi, et ce qu'ils se proposent contre moi tout le jour.
63 Regarde quand ils s'asseyent et quand ils se lèvent : je suis leur chanson.
64 Rends-leur une récompense, ô Éternel ! selon l'ouvrage de leurs mains.
65 Donne-leur un cœur cuirassé ; ta malédiction soit sur eux !
66 Poursuis-les dans ta colère et détruis-les de dessous les cieux de l'Éternel.

Lamentations 4


1 Comment l'or est-il devenu obscur, et l'or fin a-t-il été changé ! [Comment] les pierres du lieu saint sont-elles répandues au coin de toutes les rues !
2 Les fils de Sion, si précieux, estimés à l'égal de l'or fin, comment sont-ils réputés des vases de terre, ouvrage des mains d'un potier ?
3 Les chacals même présentent la mamelle, allaitent leurs petits ; la fille de mon peuple est devenue cruelle comme les autruches du désert.
4 La langue de celui qui tétait se colle par la soif à son palais ; les petits enfants demandent du pain, personne ne le rompt pour eux.
5 Ceux qui mangeaient des mets délicats sont là, périssant dans les rues ; ceux qui étaient élevés sur l'écarlate embrassent le fumier.
6 Et la peine de l'iniquité de la fille de mon peuple est plus grande que la peine du péché de Sodome qui fut renversée comme en un moment sans qu'on ait porté les mains sur elle.
7 Ses nazaréens étaient plus purs que la neige, plus blancs que le lait ; leur corps était plus vermeil que des rubis*, leur taille un saphir.
8 Leur figure est plus sombre que le noir, on ne les connaît pas dans les rues ; leur peau s'attache à leurs os, elle est sèche comme du bois.
9 Ceux qui ont été tués par l'épée ont été plus heureux que ceux qui sont morts par la famine ; parce que ceux-ci ont dépéri, consumés* par le manque du produit des champs.
10 Les mains de femmes tendres ont cuit leurs enfants, ils ont été leur viande dans la ruine de la fille de mon peuple.
11 L'Éternel a accompli sa fureur, il a versé l'ardeur de sa colère et a allumé dans Sion un feu qui en a dévoré les fondements.
12 Les rois de la terre et tous les habitants du monde n'eussent pas cru que l'adversaire et l'ennemi entreraient dans les portes de Jérusalem.
13 C'est à cause des péchés de ses prophètes, des iniquités de ses sacrificateurs, qui versaient au milieu d'elle le sang des justes.
14 Ils erraient aveugles par les rues, ils étaient souillés de sang, de sorte qu'on ne pouvait toucher leurs vêtements.
15 Retirez-vous ! un impur ! leur criait-on ; retirez-vous, retirez-vous, ne touchez pas !… Quand ils se sont enfuis, ils ont erré çà et là ; on a dit parmi les nations : Ils n'auront plus leur demeure !
16 La face de l'Éternel les a coupés en deux* ; il ne veut plus les regarder. Ils n'ont pas respecté la face des sacrificateurs, ils n'ont pas usé de grâce envers les vieillards.
17 Pour nous, nos yeux se consumaient après un secours de vanité ; nous avons attendu continuellement une nation qui ne sauvait pas.
18 Ils ont fait la chasse à nos pas, de manière que nous ne pouvions pas marcher sur nos places : notre fin est proche, nos jours sont accomplis ; notre fin est venue !
19 Ceux qui nous poursuivaient ont été plus rapides que les aigles des cieux, ils nous ont donné la chasse sur les montagnes, ils nous ont tendu des embûches dans le désert.
20 Le souffle de nos narines, l'oint de l'Éternel, a été pris dans leurs fosses, celui dont nous disions : Nous vivrons sous son ombre parmi les nations.
21 Sois dans l'allégresse et réjouis-toi, fille d'Édom, qui habites dans le pays d'Uts ! La coupe passera aussi vers toi ; tu en seras enivrée, et tu te mettras à nu !
22 La peine de ton iniquité a pris fin, fille de Sion ; il ne te mènera plus captive. Il visitera ton iniquité, fille d'Édom ; il découvrira tes péchés.

Lamentations 5


1 Souviens-toi, ô Éternel ! de ce qui nous est arrivé. Regarde, et vois notre opprobre.
2 Notre héritage est dévolu à des étrangers, nos maisons, à des forains.
3 Nous sommes des orphelins, sans père ; nos mères sont comme des veuves.
4 Nous buvons notre eau à prix d'argent ; notre bois nous vient par achat.
5 Ceux qui nous poursuivent sont sur notre cou ; nous nous fatiguons, pas de repos pour nous !
6 Nous avons tendu la main vers l'Égypte, vers l'Assyrie, pour être rassasiés de pain.
7 Nos pères ont péché, ils ne sont plus, et nous portons la peine de leurs iniquités.
8 Des serviteurs dominent sur nous ; personne ne nous délivre de leur main.
9 Nous recueillons notre pain au [péril de] notre vie, à cause de l'épée du désert.
10 Notre peau brûle comme un four, à cause de l'ardeur de la faim.
11 Ils ont humilié les femmes dans Sion, les vierges dans les villes de Juda.
12 Des princes ont été pendus par leur main ; la personne des vieillards n'a pas été honorée.
13 Les jeunes gens ont porté les meules, et les jeunes garçons ont trébuché sous le bois.
14 Les vieillards ne sont plus assis dans* la porte, les jeunes gens n'[y] chantent plus.
15 Notre cœur a cessé de se réjouir ; notre danse est changée en deuil.
16 La couronne de notre tête est tombée. Malheur à nous, car nous avons péché.
17 cause de cela notre cœur est abattu ; à cause de ces choses nos yeux sont obscurcis,
18 cause de la montagne de Sion qui est désolée : les renards s'y promènent.
19 Toi, ô Éternel ! tu demeures à toujours, ton trône est de génération en génération.
20 Pourquoi nous oublies-tu à jamais, nous abandonnes-tu pour de longs jours ?
21 Fais-nous revenir à toi, ô Éternel ! et nous reviendrons ; renouvelle nos jours comme [ils étaient] autrefois !
22 Ou bien, nous aurais-tu entièrement rejetés ? Serais-tu extrêmement courroucé contre nous ?

Lm 1-26 (Segond 1910)

1 Eh quoi ! elle est assise solitaire, cette ville si peuplée ! Elle est semblable à une veuve ! Grande entre les nations, souveraine parmi les états, Elle est réduite à la servitude !
2 Elle pleure durant la nuit, et ses joues sont couvertes de larmes ; De tous ceux qui l'aimaient nul ne la console ; Tous ses amis lui sont devenus infidèles, Ils sont devenus ses ennemis.
3 Juda est en exil, victime de l'oppression et d'une grande servitude ; Il habite au milieu des nations, Et il n'y trouve point de repos ; Tous ses persécuteurs l'ont surpris dans l'angoisse.
4 Les chemins de Sion sont dans le deuil, car on ne va plus aux fêtes ; Toutes ses portes sont désertes, Ses sacrificateurs gémissent, Ses vierges sont affligées, et elle est remplie d'amertume.
5 Ses oppresseurs triomphent, ses ennemis sont en paix ; Car l'Éternel l'a humiliée, A cause de la multitude de ses péchés ; Ses enfants ont marché captifs devant l'oppresseur.
6 La fille de Sion a perdu toute sa gloire ; Ses chefs sont comme des cerfs Qui ne trouvent point de pâture, Et qui fuient sans force devant celui qui les chasse.
7 Aux jours de sa détresse et de sa misère, Jérusalem s'est souvenue De tous les biens dès longtemps son partage, Quand son peuple est tombé sans secours sous la main de l'oppresseur ; Ses ennemis l'ont vue, et ils ont ri de sa chute.
8 Jérusalem a multiplié ses péchés, C'est pourquoi elle est un objet d'aversion ; Tous ceux qui l'honoraient la méprisent, en voyant sa nudité ; Elle-même soupire, et détourne la face.
9 La souillure était dans les pans de sa robe, et elle ne songeait pas à sa fin ; Elle est tombée d'une manière étonnante, et nul ne la console. -Vois ma misère, ô Éternel ! Quelle arrogance chez l'ennemi ! -
10 L'oppresseur a étendu la main Sur tout ce qu'elle avait de précieux ; Elle a vu pénétrer dans son sanctuaire les nations Auxquelles tu avais défendu d'entrer dans ton assemblée.
11 Tout son peuple soupire, il cherche du pain ; Ils ont donné leurs choses précieuses pour de la nourriture, Afin de ranimer leur vie. -Vois, Éternel, regarde comme je suis avilie !
12 Je m'adresse à vous, à vous tous qui passez ici ! Regardez et voyez s'il est une douleur pareille à ma douleur, A celle dont j'ai été frappée ! L'Éternel m'a affligée au jour de son ardente colère.
13 D'en haut il a lancé dans mes os un feu qui les dévore ; Il a tendu un filet sous mes pieds, Il m'a fait tomber en arrière ; Il m'a jetée dans la désolation, dans une langueur de tous les jours.
14 Sa main a lié le joug de mes iniquités ; Elles se sont entrelacées, appliquées sur mon cou ; Il a brisé ma force ; Le Seigneur m'a livrée à des mains auxquelles je ne puis résister.
15 Le Seigneur a terrassé tous mes guerriers au milieu de moi ; Il a rassemblé contre moi une armée, Pour détruire mes jeunes hommes ; Le Seigneur a foulé au pressoir la vierge, fille de Juda.
16 C'est pour cela que je pleure, que mes yeux fondent en larmes ; Car il s'est éloigné de moi, celui qui me consolerait, Qui ranimerait ma vie. Mes fils sont dans la désolation, parce que l'ennemi a triomphé. -
17 Sion a étendu les mains, Et personne ne l'a consolée ; L'Éternel a envoyé contre Jacob les ennemis d'alentour ; Jérusalem a été un objet d'horreur au milieu d'eux. -
18 L'Éternel est juste, Car j'ai été rebelle à ses ordres. Écoutez, vous tous, peuples, et voyez ma douleur ! Mes vierges et mes jeunes hommes sont allés en captivité.
19 J'ai appelé mes amis, et ils m'ont trompée. Mes sacrificateurs et mes anciens ont expiré dans la ville: Ils cherchaient de la nourriture, Afin de ranimer leur vie.
20 Éternel, regarde ma détresse ! Mes entrailles bouillonnent, Mon coeur est bouleversé au dedans de moi, Car j'ai été rebelle. Au dehors l'épée a fait ses ravages, au dedans la mort.
21 On a entendu mes soupirs, et personne ne m'a consolée ; Tous mes ennemis ont appris mon malheur, Ils se sont réjouis de ce que tu l'as causé ; Tu amèneras, tu publieras le jour où ils seront comme moi.
22 Que toute leur méchanceté vienne devant toi, Et traite-les comme tu m'as traitée, A cause de toutes mes transgressions ! Car mes soupirs sont nombreux, et mon coeur est souffrant.

Lamentations 2


1 Eh quoi ! le Seigneur, dans sa colère, a couvert de nuages la fille de Sion ! Il a précipité du ciel sur la terre la magnificence d'Israël ! Il ne s'est pas souvenu de son marchepied, Au jour de sa colère !
2 Le Seigneur a détruit sans pitié toutes les demeures de Jacob ; Il a, dans sa fureur, renversé les forteresses de la fille de Juda, Il les a fait rouler à terre ; Il a profané le royaume et ses chefs.
3 Il a, dans son ardente colère, abattu toute la force d'Israël ; Il a retiré sa droite en présence de l'ennemi ; Il a allumé dans Jacob des flammes de feu, Qui dévorent de tous côtés.
4 Il a tendu son arc comme un ennemi ; Sa droite s'est dressée comme celle d'un assaillant ; Il a fait périr tout ce qui plaisait aux regards ; Il a répandu sa fureur comme un feu sur la tente de la fille de Sion.
5 Le Seigneur a été comme un ennemi ; Il a dévoré Israël, il a dévoré tous ses palais, Il a détruit ses forteresses ; Il a rempli la fille de Juda de plaintes et de gémissements.
6 Il a dévasté sa tente comme un jardin, Il a détruit le lieu de son assemblée ; L'Éternel a fait oublier en Sion les fêtes et le sabbat, Et, dans sa violente colère, il a rejeté le roi et le sacrificateur.
7 Le Seigneur a dédaigné son autel, repoussé son sanctuaire ; Il a livré entre les mains de l'ennemi les murs des palais de Sion ; Les cris ont retenti dans la maison de l'Éternel, Comme en un jour de fête.
8 L'Éternel avait résolu de détruire les murs de la fille de Sion ; Il a tendu le cordeau, il n'a pas retiré sa main sans les avoir anéantis ; Il a plongé dans le deuil rempart et murailles, Qui n'offrent plus ensemble qu'une triste ruine.
9 Ses portes sont enfoncées dans la terre ; Il en a détruit, rompu les barres. Son roi et ses chefs sont parmi les nations ; il n'y a plus de loi. Même les prophètes ne reçoivent aucune vision de l'Éternel.
10 Les anciens de la fille de Sion sont assis à terre, ils sont muets ; Ils ont couvert leur tête de poussière, Ils se sont revêtus de sacs ; Les vierges de Jérusalem laissent retomber leur tête vers la terre.
11 Mes yeux se consument dans les larmes, mes entrailles bouillonnent, Ma bile se répand sur la terre, A cause du désastre de la file de mon peuple, Des enfants et des nourrissons en défaillance dans les rues de la ville.
12 Ils disaient à leurs mères: Où y a-t-il du blé et du vin ? Et ils tombaient comme des blessés dans les rues de la ville, Ils rendaient l'âme sur le sein de leurs mères.
13 Que dois-je te dire ? à quoi te comparer, fille de Jérusalem ? Qui trouver de semblable à toi, et quelle consolation te donner, Vierge, fille de Sion ? Car ta plaie est grande comme la mer: qui pourra te guérir ?
14 Tes prophètes ont eu pour toi des visions vaines et fausses ; Ils n'ont pas mis à nu ton iniquité, Afin de détourner de toi la captivité ; Ils t'ont donné des oracles mensongers et trompeurs.
15 Tous les passants battent des mains sur toi, Ils sifflent, ils secouent la tête contre la fille de Jérusalem: Est-ce là cette ville qu'on appelait une beauté parfaite, La joie de toute la terre ?
16 Tous tes ennemis ouvrent la bouche contre toi, Ils sifflent, ils grincent des dents, Ils disent: Nous l'avons engloutie ! C'est bien le jour que nous attendions, nous l'avons atteint, nous le voyons !
17 L'Éternel a exécuté ce qu'il avait résolu, Il a accompli la parole qu'il avait dès longtemps arrêtée, Il a détruit sans pitié ; Il a fait de toi la joie de l'ennemi, Il a relevé la force de tes oppresseurs.
18 Leur coeur crie vers le Seigneur... Mur de la fille de Sion, répands jour et nuit des torrents de larmes ! Ne te donne aucun relâche, Et que ton oeil n'ait point de repos !
19 Lève-toi, pousse des gémissements à l'entrée des veilles de la nuit ! Répands ton coeur comme de l'eau, en présence du Seigneur ! Lève tes mains vers lui pour la vie de tes enfants Qui meurent de faim aux coins de toutes les rues !
20 Vois, Éternel, regarde qui tu as ainsi traité ! Fallait-il que des femmes dévorassent le fruit de leurs entrailles, Les petits enfants objets de leur tendresse ? Que sacrificateurs et prophètes fussent massacrés dans le sanctuaire du Seigneur ?
21 Les enfants et les vieillards sont couchés par terre dans les rues ; Mes vierges et mes jeunes hommes sont tombés par l'épée ; Tu as tué, au jour de ta colère, Tu as égorgé sans pitié.
22 Tu as appelé de toutes parts sur moi l'épouvante, comme à un jour de fête. Au jour de la colère de l'Éternel, il n'y a eu ni réchappé ni survivant. Ceux que j'avais soignés et élevés, Mon ennemi les a consumés.

Lamentations 3


1 Je suis l'homme qui a vu la misère Sous la verge de sa fureur.
2 Il m'a conduit, mené dans les ténèbres, Et non dans la lumière.
3 Contre moi il tourne et retourne sa main Tout le jour.
4 Il a fait dépérir ma chair et ma peau, Il a brisé mes os.
5 Il a bâti autour de moi, Il m'a environné de poison et de douleur.
6 Il me fait habiter dans les ténèbres, Comme ceux qui sont morts dès longtemps.
7 Il m'a entouré d'un mur, pour que je ne sorte pas ; Il m'a donné de pesantes chaînes.
8 J'ai beau crier et implorer du secours, Il ne laisse pas accès à ma prière.
9 Il a fermé mon chemin avec des pierres de taille, Il a détruit mes sentiers.
10 Il a été pour moi un ours en embuscade, Un lion dans un lieu caché.
11 Il a détourné mes voies, il m'a déchiré, Il m'a jeté dans la désolation.
12 Il a tendu son arc, et il m'a placé Comme un but pour sa flèche.
13 Il a fait entrer dans mes reins Les traits de son carquois.
14 Je suis pour tout mon peuple un objet de raillerie, Chaque jour l'objet de leurs chansons.
15 Il m'a rassasié d'amertume, Il m'a enivré d'absinthe.
16 Il a brisé mes dents avec des cailloux, Il m'a couvert de cendre.
17 Tu m'as enlevé la paix ; Je ne connais plus le bonheur.
18 Et j'ai dit: Ma force est perdue, Je n'ai plus d'espérance en l'Éternel !
19 Quand je pense à ma détresse et à ma misère, A l'absinthe et au poison ;
20 Quand mon âme s'en souvient, Elle est abattue au dedans de moi.
21 Voici ce que je veux repasser en mon coeur, Ce qui me donnera de l'espérance.
22 Les bontés de l'Éternel ne sont pas épuisées, Ses compassions ne sont pas à leur terme ;
23 Elles se renouvellent chaque matin. Oh ! que ta fidélité est grande !
24 L'Éternel est mon partage, dit mon âme ; C'est pourquoi je veux espérer en lui.
25 L'Éternel a de la bonté pour qui espère en lui, Pour l'âme qui le cherche.
26 Il est bon d'attendre en silence Le secours de l'Éternel.
27 Il est bon pour l'homme De porter le joug dans sa jeunesse.
28 Il se tiendra solitaire et silencieux, Parce que l'Éternel le lui impose ;
29 Il mettra sa bouche dans la poussière, Sans perdre toute espérance ;
30 Il présentera la joue à celui qui le frappe, Il se rassasiera d'opprobres.
31 Car le Seigneur Ne rejette pas à toujours.
32 Mais, lorsqu'il afflige, Il a compassion selon sa grande miséricorde ;
33 Car ce n'est pas volontiers qu'il humilie Et qu'il afflige les enfants des hommes.
34 Quand on foule aux pieds Tous les captifs du pays,
35 Quand on viole la justice humaine A la face du Très Haut,
36 Quand on fait tort à autrui dans sa cause, Le Seigneur ne le voit-il pas ?
37 Qui dira qu'une chose arrive, Sans que le Seigneur l'ait ordonnée ?
38 N'est-ce pas de la volonté du Très Haut que viennent Les maux et les biens ?
39 Pourquoi l'homme vivant se plaindrait-il ? Que chacun se plaigne de ses propres péchés.
40 Recherchons nos voies et sondons, Et retournons à l'Éternel ;
41 Élevons nos coeurs et nos mains Vers Dieu qui est au ciel:
42 Nous avons péché, nous avons été rebelles ! Tu n'as point pardonné !
43 Tu t'es caché dans ta colère, et tu nous as poursuivis ; Tu as tué sans miséricorde ;
44 Tu t'es enveloppé d'un nuage, Pour fermer accès à la prière.
45 Tu nous as rendus un objet de mépris et de dédain Au milieu des peuples.
46 Ils ouvrent la bouche contre nous, Tous ceux qui sont nos ennemis.
47 Notre partage a été la terreur et la fosse, Le ravage et la ruine.
48 Des torrents d'eau coulent de mes yeux, A cause de la ruine de la fille de mon peuple.
49 Mon oeil fond en larmes, sans repos, Sans relâche,
50 Jusqu'à ce que l'Éternel regarde et voie Du haut des cieux ;
51 Mon oeil me fait souffrir, A cause de toutes les filles de ma ville.
52 Ils m'ont donné la chasse comme à un oiseau, Ceux qui sont à tort mes ennemis.
53 Ils ont voulu anéantir ma vie dans une fosse, Et ils ont jeté des pierres sur moi.
54 Les eaux ont inondé ma tête ; Je disais: Je suis perdu !
55 J'ai invoqué ton nom, ô Éternel, Du fond de la fosse.
56 Tu as entendu ma voix: Ne ferme pas l'oreille à mes soupirs, à mes cris !
57 Au jour où je t'ai invoqué, tu t'es approché, Tu as dit: Ne crains pas !
58 Seigneur, tu as défendu la cause de mon âme, Tu as racheté ma vie.
59 Éternel, tu as vu ce qu'on m'a fait souffrir: Rends-moi justice !
60 Tu as vu toutes leurs vengeances, Tous leurs complots contre moi.
61 Éternel, tu as entendu leurs outrages, Tous leurs complots contre moi,
62 Les discours de mes adversaires, et les projets Qu'ils formaient chaque jour contre moi.
63 Regarde quand ils sont assis et quand ils se lèvent: Je suis l'objet de leurs chansons.
64 Tu leur donneras un salaire, ô Éternel, Selon l'oeuvre de leurs mains ;
65 Tu les livreras à l'endurcissement de leur coeur, A ta malédiction contre eux ;
66 Tu les poursuivras dans ta colère, et tu les extermineras De dessous les cieux, ô Éternel !

Lamentations 4


1 Eh quoi ! l'or a perdu son éclat ! L'or pur est altéré ! Les pierres du sanctuaire sont dispersées Aux coins de toutes les rues !
2 Les nobles fils de Sion, Estimés à l'égal de l'or pur, Sont regardés, hélas ! comme des vases de terre, Ouvrage des mains du potier !
3 Les chacals mêmes présentent la mamelle, Et allaitent leurs petits ; Mais la fille de mon peuple est devenue cruelle Comme les autruches du désert.
4 La langue du nourrisson s'attache à son palais, Desséchée par la soif ; Les enfants demandent du pain, Et personne ne leur en donne.
5 Ceux qui se nourrissaient de mets délicats Périssent dans les rues ; Ceux qui étaient élevés dans la pourpre Embrassent les fumiers.
6 Le châtiment de la fille de mon peuple est plus grand Que celui de Sodome, Détruite en un instant, Sans que personne ait porté la main sur elle.
7 Ses princes étaient plus éclatants que la neige, Plus blancs que le lait ; Ils avaient le teint plus vermeil que le corail ; Leur figure était comme le saphir.
8 Leur aspect est plus sombre que le noir ; On ne les reconnaît pas dans les rues ; Ils ont la peau collée sur les os, Sèche comme du bois.
9 Ceux qui périssent par l'épée sont plus heureux Que ceux qui périssent par la faim, Qui tombent exténués, Privés du fruit des champs.
10 Les femmes, malgré leur tendresse, Font cuire leurs enfants ; Ils leur servent de nourriture, Au milieu du désastre de la fille de mon peuple.
11 L'Éternel a épuisé sa fureur, Il a répandu son ardente colère ; Il a allumé dans Sion un feu Qui en dévore les fondements.
12 Les rois de la terre n'auraient pas cru, Aucun des habitants du monde n'aurait cru Que l'adversaire, que l'ennemi entrerait Dans les portes de Jérusalem.
13 Voilà le fruit des péchés de ses prophètes, Des iniquités de ses sacrificateurs, Qui ont répandu dans son sein Le sang des justes !
14 Ils erraient en aveugles dans les rues, Souillés de sang ; On ne pouvait Toucher leurs vêtements.
15 Éloignez-vous, impurs ! leur criait-on, Éloignez-vous, éloignez-vous, ne nous touchez pas ! Ils sont en fuite, ils errent çà et là ; On dit parmi les nations: Ils n'auront plus leur demeure !
16 L'Éternel les a dispersés dans sa colère, Il ne tourne plus les regards vers eux ; On n'a eu ni respect pour les sacrificateurs, Ni pitié pour les vieillards.
17 Nos yeux se consumaient encore, Et nous attendions vainement du secours ; Nos regards se portaient avec espérance Vers une nation qui ne nous a pas délivrés.
18 On épiait nos pas, Pour nous empêcher d'aller sur nos places ; Notre fin s'approchait, nos jours étaient accomplis... Notre fin est arrivée !
19 Nos persécuteurs étaient plus légers Que les aigles du ciel ; Ils nous ont poursuivis sur les montagnes, Ils nous ont dressé des embûches dans le désert.
20 Celui qui nous faisait respirer, l'oint de l'Éternel, A été pris dans leurs fosses, Lui de qui nous disions: Nous vivrons sous son ombre parmi les nations.
21 Réjouis-toi, tressaille d'allégresse, fille d'Édom, Habitante du pays d'Uts ! Vers toi aussi passera la coupe ; Tu t'enivreras, et tu seras mise à nu.
22 Fille de Sion, ton iniquité est expiée ; Il ne t'enverra plus en captivité. Fille d'Édom, il châtiera ton iniquité, Il mettra tes péchés à découvert.

Lamentations 5


1 Souviens-toi, Éternel, de ce qui nous est arrivé ! Regarde, vois notre opprobre !
2 Notre héritage a passé à des étrangers, Nos maisons à des inconnus.
3 Nous sommes orphelins, sans père ; Nos mères sont comme des veuves.
4 Nous buvons notre eau à prix d'argent, Nous payons notre bois.
5 Nous sommes poursuivis, le joug sur le cou ; Nous sommes épuisés, nous n'avons point de repos.
6 Nous avons tendu la main vers l'Égypte, vers l'Assyrie, Pour nous rassasier de pain.
7 Nos pères ont péché, ils ne sont plus, Et c'est nous qui portons la peine de leurs iniquités.
8 Des esclaves dominent sur nous, Et personne ne nous délivre de leurs mains.
9 Nous cherchons notre pain au péril de notre vie, Devant l'épée du désert.
10 Notre peau est brûlante comme un four, Par l'ardeur de la faim.
11 Ils ont déshonoré les femmes dans Sion, Les vierges dans les villes de Juda.
12 Des chefs ont été pendus par leurs mains ; La personne des vieillards n'a pas été respectée.
13 Les jeunes hommes ont porté la meule, Les enfants chancelaient sous des fardeaux de bois.
14 Les vieillards ne vont plus à la porte, Les jeunes hommes ont cessé leurs chants.
15 La joie a disparu de nos coeurs, Le deuil a remplacé nos danses.
16 La couronne de notre tête est tombée ! Malheur à nous, parce que nous avons péché !
17 Si notre coeur est souffrant, Si nos yeux sont obscurcis,
18 C'est que la montagne de Sion est ravagée, C'est que les renards s'y promènent.
19 Toi, l'Éternel, tu règnes à jamais ; Ton trône subsiste de génération en génération.
20 Pourquoi nous oublierais-tu pour toujours, Nous abandonnerais-tu pour de longues années ?
21 Fais-nous revenir vers toi, ô Éternel, et nous reviendrons ! Donne-nous encore des jours comme ceux d'autrefois !
22 Nous aurais-tu entièrement rejetés, Et t'irriterais-tu contre nous jusqu'à l'excès !

Lm 1-26 (Codex W. Leningrad)

1 אֵיכָ֣ה ׀ יָשְׁבָ֣ה בָדָ֗ד הָעִיר֙ רַבָּ֣תִי עָ֔ם הָיְתָ֖ה כְּאַלְמָנָ֑ה רַּבָּ֣תִי בַגּוֹיִ֗ם שָׂרָ֙תִי֙ בַּמְּדִינ֔וֹת הָיְתָ֖ה לָמַֽס׃
2 בָּכ֨וֹ תִבְכֶּ֜ה בַּלַּ֗יְלָה וְדִמְעָתָהּ֙ עַ֣ל לֶֽחֱיָ֔הּ אֵֽין־ לָ֥הּ מְנַחֵ֖ם מִכָּל־ אֹהֲבֶ֑יהָ כָּל־ רֵעֶ֙יהָ֙ בָּ֣גְדוּ בָ֔הּ הָ֥יוּ לָ֖הּ לְאֹיְבִֽים׃
3 גָּֽלְתָ֨ה יְהוּדָ֤ה מֵעֹ֙נִי֙ וּמֵרֹ֣ב עֲבֹדָ֔ה הִ֚יא יָשְׁבָ֣ה בַגּוֹיִ֔ם לֹ֥א מָצְאָ֖ה מָנ֑וֹחַ כָּל־ רֹדְפֶ֥יהָ הִשִּׂיג֖וּהָ בֵּ֥ין הַמְּצָרִֽים׃
4 דַּרְכֵ֨י צִיּ֜וֹן אֲבֵל֗וֹת מִבְּלִי֙ בָּאֵ֣י מוֹעֵ֔ד כָּל־ שְׁעָרֶ֙יהָ֙ שֽׁוֹמֵמִ֔ין כֹּהֲנֶ֖יהָ נֶאֱנָחִ֑ים בְּתוּלֹתֶ֥יהָ נּוּג֖וֹת וְהִ֥יא מַר־ לָֽהּ׃
5 הָי֨וּ צָרֶ֤יהָ לְרֹאשׁ֙ אֹיְבֶ֣יהָ שָׁל֔וּ כִּֽי־ יְהוָ֥ה הוֹגָ֖הּ עַ֣ל רֹב־ פְּשָׁעֶ֑יהָ עוֹלָלֶ֛יהָ הָלְכ֥וּ שְׁבִ֖י לִפְנֵי־ צָֽר׃
6 וַיֵּצֵ֥א צִיּ֖וֹן כָּל־ הֲדָרָ֑הּ הָי֣וּ שָׂרֶ֗יהָ כְּאַיָּלִים֙ לֹא־ מָצְא֣וּ מִרְעֶ֔ה וַיֵּלְכ֥וּ בְלֹא־ כֹ֖חַ לִפְנֵ֥י רוֹדֵֽף׃
7 זָֽכְרָ֣ה יְרוּשָׁלִַ֗ם יְמֵ֤י עָנְיָהּ֙ וּמְרוּדֶ֔יהָ כֹּ֚ל מַחֲמֻדֶ֔יהָ אֲשֶׁ֥ר הָי֖וּ מִ֣ימֵי קֶ֑דֶם בִּנְפֹ֧ל עַמָּ֣הּ בְּיַד־ צָ֗ר וְאֵ֤ין עוֹזֵר֙ לָ֔הּ רָא֣וּהָ צָרִ֔ים שָׂחֲק֖וּ עַ֥ל מִשְׁבַּתֶּֽהָ׃
8 חֵ֤טְא חָֽטְאָה֙ יְר֣וּשָׁלִַ֔ם עַל־ כֵּ֖ן לְנִידָ֣ה הָיָ֑תָה כָּֽל־ מְכַבְּדֶ֤יהָ הִזִּיל֙וּהָ֙ כִּי־ רָא֣וּ עֶרְוָתָ֔הּ גַּם־ הִ֥יא נֶאֶנְחָ֖ה וַתָּ֥שָׁב אָחֽוֹר׃
9 טֻמְאָתָ֣הּ בְּשׁוּלֶ֗יהָ לֹ֤א זָֽכְרָה֙ אַחֲרִיתָ֔הּ וַתֵּ֣רֶד פְּלָאִ֔ים אֵ֥ין מְנַחֵ֖ם לָ֑הּ רְאֵ֤ה יְהוָה֙ אֶת־ עָנְיִ֔י כִּ֥י הִגְדִּ֖יל אוֹיֵֽב׃
10 יָדוֹ֙ פָּ֣רַשׂ צָ֔ר עַ֖ל כָּל־ מַחֲמַדֶּ֑יהָ כִּֽי־ רָאֲתָ֤ה גוֹיִם֙ בָּ֣אוּ מִקְדָּשָׁ֔הּ אֲשֶׁ֣ר צִוִּ֔יתָה לֹא־ יָבֹ֥אוּ בַקָּהָ֖ל לָֽךְ׃
11 כָּל־ עַמָּ֤הּ נֶאֱנָחִים֙ מְבַקְּשִׁ֣ים לֶ֔חֶם נָתְנ֧וּ בְּאֹ֖כֶל לְהָשִׁ֣יב נָ֑פֶשׁ רְאֵ֤ה יְהוָה֙ וְֽהַבִּ֔יטָה כִּ֥י הָיִ֖יתִי זוֹלֵלָֽה׃
12 ל֣וֹא אֲלֵיכֶם֮ כָּל־ עֹ֣בְרֵי דֶרֶךְ֒ הַבִּ֣יטוּ וּרְא֗וּ אִם־ יֵ֤שׁ מַכְאוֹב֙ כְּמַכְאֹבִ֔י אֲשֶׁ֥ר עוֹלַ֖ל לִ֑י אֲשֶׁר֙ הוֹגָ֣ה יְהוָ֔ה בְּי֖וֹם חֲר֥וֹן אַפּֽוֹ׃
13 מִמָּר֛וֹם שָֽׁלַח־ אֵ֥שׁ בְּעַצְמֹתַ֖י וַיִּרְדֶּ֑נָּה פָּרַ֨שׂ רֶ֤שֶׁת לְרַגְלַי֙ הֱשִׁיבַ֣נִי אָח֔וֹר נְתָנַ֙נִי֙ שֹֽׁמֵמָ֔ה כָּל־ הַיּ֖וֹם דָּוָֽה׃
14 נִשְׂקַד֩ עֹ֨ל פְּשָׁעַ֜י בְּיָד֗וֹ יִשְׂתָּֽרְג֛וּ עָל֥וּ עַל־ צַוָּארִ֖י הִכְשִׁ֣יל כֹּחִ֑י נְתָנַ֣נִי אֲדֹנָ֔י בִּידֵ֖י לֹא־ אוּכַ֥ל קֽוּם׃
15 סִלָּ֨ה כָל־ אַבִּירַ֤י ׀ אֲדֹנָי֙ בְּקִרְבִּ֔י קָרָ֥א עָלַ֛י מוֹעֵ֖ד לִשְׁבֹּ֣ר בַּחוּרָ֑י גַּ֚ת דָּרַ֣ךְ אֲדֹנָ֔י לִבְתוּלַ֖ת בַּת־ יְהוּדָֽה׃
16 עַל־ אֵ֣לֶּה ׀ אֲנִ֣י בוֹכִיָּ֗ה עֵינִ֤י ׀ עֵינִי֙ יֹ֣רְדָה מַּ֔יִם כִּֽי־ רָחַ֥ק מִמֶּ֛נִּי מְנַחֵ֖ם מֵשִׁ֣יב נַפְשִׁ֑י הָי֤וּ בָנַי֙ שֽׁוֹמֵמִ֔ים כִּ֥י גָבַ֖ר אוֹיֵֽב׃
17 פֵּֽרְשָׂ֨ה צִיּ֜וֹן בְּיָדֶ֗יהָ אֵ֤ין מְנַחֵם֙ לָ֔הּ צִוָּ֧ה יְהוָ֛ה לְיַעֲקֹ֖ב סְבִיבָ֣יו צָרָ֑יו הָיְתָ֧ה יְרוּשָׁלִַ֛ם לְנִדָּ֖ה בֵּינֵיהֶֽם׃
18 צַדִּ֥יק ה֛וּא יְהוָ֖ה כִּ֣י פִ֣יהוּ מָרִ֑יתִי שִׁמְעוּ־ נָ֣א כָל־ וּרְאוּ֙ מַכְאֹבִ֔י בְּתוּלֹתַ֥י וּבַחוּרַ֖י הָלְכ֥וּ בַשֶּֽׁבִי׃
19 קָרָ֤אתִי לַֽמְאַהֲבַי֙ הֵ֣מָּה רִמּ֔וּנִי כֹּהֲנַ֥י וּזְקֵנַ֖י בָּעִ֣יר גָּוָ֑עוּ כִּֽי־ בִקְשׁ֥וּ אֹ֙כֶל֙ לָ֔מוֹ וְיָשִׁ֖יבוּ אֶת־ נַפְשָֽׁם׃
20 רְאֵ֨ה יְהוָ֤ה כִּֽי־ צַר־ לִי֙ מֵעַ֣י חֳמַרְמָ֔רוּ נֶהְפַּ֤ךְ לִבִּי֙ בְּקִרְבִּ֔י כִּ֥י מָר֖וֹ מָרִ֑יתִי מִח֥וּץ שִׁכְּלָה־ חֶ֖רֶב בַּבַּ֥יִת כַּמָּֽוֶת׃
21 שָׁמְע֞וּ כִּ֧י נֶאֱנָחָ֣ה אָ֗נִי אֵ֤ין מְנַחֵם֙ לִ֔י כָּל־ אֹ֨יְבַ֜י שָׁמְע֤וּ רָֽעָתִי֙ שָׂ֔שׂוּ כִּ֥י אַתָּ֖ה עָשִׂ֑יתָ הֵבֵ֥אתָ יוֹם־ קָרָ֖אתָ וְיִֽהְי֥וּ כָמֽוֹנִי׃
22 תָּבֹ֨א כָל־ רָעָתָ֤ם לְפָנֶ֙יךָ֙ וְעוֹלֵ֣ל לָ֔מוֹ כַּאֲשֶׁ֥ר עוֹלַ֛לְתָּ לִ֖י עַ֣ל כָּל־ פְּשָׁעָ֑י כִּֽי־ רַבּ֥וֹת אַנְחֹתַ֖י וְלִבִּ֥י דַוָּֽי׃

Lamentations 2


1 אֵיכָה֩ יָעִ֨יב בְּאַפּ֤וֹ ׀ אֲדֹנָי֙ אֶת־ בַּת־ צִיּ֔וֹן הִשְׁלִ֤יךְ מִשָּׁמַ֙יִם֙ אֶ֔רֶץ תִּפְאֶ֖רֶת יִשְׂרָאֵ֑ל וְלֹא־ זָכַ֥ר הֲדֹם־ רַגְלָ֖יו בְּי֥וֹם אַפּֽוֹ׃
2 בִּלַּ֨ע אֲדֹנָ֜י חָמַ֗ל אֵ֚ת כָּל־ נְא֣וֹת יַעֲקֹ֔ב הָרַ֧ס בְּעֶבְרָת֛וֹ מִבְצְרֵ֥י בַת־ יְהוּדָ֖ה הִגִּ֣יעַ לָאָ֑רֶץ חִלֵּ֥ל מַמְלָכָ֖ה וְשָׂרֶֽיהָ׃
3 גָּדַ֣ע בָּֽחֳרִי אַ֗ף כֹּ֚ל קֶ֣רֶן יִשְׂרָאֵ֔ל הֵשִׁ֥יב אָח֛וֹר יְמִינ֖וֹ מִפְּנֵ֣י אוֹיֵ֑ב וַיִּבְעַ֤ר בְּיַעֲקֹב֙ כְּאֵ֣שׁ לֶֽהָבָ֔ה אָכְלָ֖ה סָבִֽיב׃
4 דָּרַ֨ךְ קַשְׁתּ֜וֹ כְּאוֹיֵ֗ב נִצָּ֤ב יְמִינוֹ֙ כְּצָ֔ר וַֽיַּהֲרֹ֔ג כֹּ֖ל מַחֲמַדֵּי־ עָ֑יִן בְּאֹ֙הֶל֙ בַּת־ צִיּ֔וֹן שָׁפַ֥ךְ כָּאֵ֖שׁ חֲמָתֽוֹ׃
5 הָיָ֨ה אֲדֹנָ֤י ׀ כְּאוֹיֵב֙ בִּלַּ֣ע יִשְׂרָאֵ֔ל בִּלַּע֙ כָּל־ אַרְמְנוֹתֶ֔יהָ שִׁחֵ֖ת מִבְצָרָ֑יו וַיֶּ֙רֶב֙ בְּבַת־ יְהוּדָ֔ה תַּאֲנִיָּ֖ה וַאֲנִיָּֽה׃
6 וַיַּחְמֹ֤ס כַּגַּן֙ שֻׂכּ֔וֹ שִׁחֵ֖ת מוֹעֲד֑וֹ שִׁכַּ֨ח יְהוָ֤ה ׀ בְּצִיּוֹן֙ מוֹעֵ֣ד וְשַׁבָּ֔ת וַיִּנְאַ֥ץ בְּזַֽעַם־ אַפּ֖וֹ מֶ֥לֶךְ וְכֹהֵֽן׃
7 זָנַ֨ח אֲדֹנָ֤י ׀ מִזְבְּחוֹ֙ נִאֵ֣ר מִקְדָּשׁ֔וֹ הִסְגִּיר֙ בְּיַד־ אוֹיֵ֔ב חוֹמֹ֖ת אַרְמְנוֹתֶ֑יהָ ק֛וֹל נָתְנ֥וּ בְּבֵית־ יְהוָ֖ה כְּי֥וֹם מוֹעֵֽד׃
8 חָשַׁ֨ב יְהוָ֤ה ׀ לְהַשְׁחִית֙ חוֹמַ֣ת בַּת־ צִיּ֔וֹן נָ֣טָה קָ֔ו לֹא־ הֵשִׁ֥יב יָד֖וֹ מִבַּלֵּ֑עַ וַיַּֽאֲבֶל־ חֵ֥ל וְחוֹמָ֖ה יַחְדָּ֥ו אֻמְלָֽלוּ׃
9 טָבְע֤וּ בָאָ֙רֶץ֙ שְׁעָרֶ֔יהָ אִבַּ֥ד וְשִׁבַּ֖ר בְּרִיחֶ֑יהָ מַלְכָּ֨הּ וְשָׂרֶ֤יהָ בַגּוֹיִם֙ אֵ֣ין תּוֹרָ֔ה גַּם־ נְבִיאֶ֕יהָ לֹא־ מָצְא֥וּ חָז֖וֹן מֵיְהוָֽה׃
10 יֵשְׁב֨וּ לָאָ֤רֶץ יִדְּמוּ֙ זִקְנֵ֣י בַת־ צִיּ֔וֹן הֶֽעֱל֤וּ עָפָר֙ עַל־ רֹאשָׁ֔ם חָגְר֖וּ שַׂקִּ֑ים הוֹרִ֤ידוּ לָאָ֙רֶץ֙ רֹאשָׁ֔ן בְּתוּלֹ֖ת יְרוּשָׁלִָֽם׃
11 כָּל֨וּ בַדְּמָע֤וֹת עֵינַי֙ חֳמַרְמְר֣וּ מֵעַ֔י נִשְׁפַּ֤ךְ לָאָ֙רֶץ֙ כְּבֵדִ֔י עַל־ שֶׁ֖בֶר בַּת־ עַמִּ֑י בֵּֽעָטֵ֤ף עוֹלֵל֙ וְיוֹנֵ֔ק בִּרְחֹב֖וֹת קִרְיָֽה׃
12 לְאִמֹּתָם֙ יֹֽאמְר֔וּ אַיֵּ֖ה דָּגָ֣ן וָיָ֑יִן בְּהִֽתְעַטְּפָ֤ם כֶּֽחָלָל֙ בִּרְחֹב֣וֹת עִ֔יר בְּהִשְׁתַּפֵּ֣ךְ נַפְשָׁ֔ם אֶל־ חֵ֖יק אִמֹּתָֽם׃
13 מָֽה־ אֲעִידֵ֞ךְ מָ֣ה אֲדַמֶּה־ לָּ֗ךְ הַבַּת֙ יְר֣וּשָׁלִַ֔ם מָ֤ה אַשְׁוֶה־ לָּךְ֙ וַאֲנַֽחֲמֵ֔ךְ בְּתוּלַ֖ת בַּת־ צִיּ֑וֹן כִּֽי־ גָד֥וֹל כַּיָּ֛ם שִׁבְרֵ֖ךְ מִ֥י יִרְפָּא־ לָֽךְ׃
14 נְבִיאַ֗יִךְ חָ֤זוּ לָךְ֙ שָׁ֣וְא וְתָפֵ֔ל וְלֹֽא־ גִלּ֥וּ עַל־ עֲוֺנֵ֖ךְ לְהָשִׁ֣יב וַיֶּ֣חֱזוּ לָ֔ךְ מַשְׂא֥וֹת שָׁ֖וְא וּמַדּוּחִֽים׃
15 סָֽפְק֨וּ עָלַ֤יִךְ כַּפַּ֙יִם֙ כָּל־ עֹ֣בְרֵי דֶ֔רֶךְ שָֽׁרְקוּ֙ וַיָּנִ֣עוּ רֹאשָׁ֔ם עַל־ בַּ֖ת יְרוּשָׁלִָ֑ם הֲזֹ֣את הָעִ֗יר שֶׁיֹּֽאמְרוּ֙ כְּלִ֣ילַת יֹ֔פִי מָשׂ֖וֹשׂ לְכָל־ הָאָֽרֶץ׃
16 פָּצ֨וּ עָלַ֤יִךְ פִּיהֶם֙ כָּל־ א֣וֹיְבַ֔יִךְ שָֽׁרְקוּ֙ וַיַּֽחַרְקוּ־ שֵׁ֔ן אָמְר֖וּ בִּלָּ֑עְנוּ אַ֣ךְ זֶ֥ה הַיּ֛וֹם שֶׁקִּוִּינֻ֖הוּ מָצָ֥אנוּ רָאִֽינוּ׃
17 עָשָׂ֨ה יְהוָ֜ה אֲשֶׁ֣ר זָמָ֗ם בִּצַּ֤ע אֶמְרָתוֹ֙ אֲשֶׁ֣ר צִוָּ֣ה מִֽימֵי־ קֶ֔דֶם הָרַ֖ס וְלֹ֣א חָמָ֑ל וַיְשַׂמַּ֤ח עָלַ֙יִךְ֙ אוֹיֵ֔ב הֵרִ֖ים קֶ֥רֶן צָרָֽיִךְ׃
18 צָעַ֥ק לִבָּ֖ם אֶל־ אֲדֹנָ֑י חוֹמַ֣ת בַּת־ צִ֠יּוֹן הוֹרִ֨ידִי כַנַּ֤חַל דִּמְעָה֙ יוֹמָ֣ם וָלַ֔יְלָה אַֽל־ תִּתְּנִ֤י פוּגַת֙ לָ֔ךְ אַל־ תִּדֹּ֖ם בַּת־ עֵינֵֽךְ׃
19 ק֣וּמִי ׀ רֹ֣נִּי לְרֹאשׁ֙ אַשְׁמֻר֔וֹת שִׁפְכִ֤י כַמַּ֙יִם֙ לִבֵּ֔ךְ נֹ֖כַח פְּנֵ֣י אֲדֹנָ֑י שְׂאִ֧י אֵלָ֣יו כַּפַּ֗יִךְ עַל־ נֶ֙פֶשׁ֙ עֽוֹלָלַ֔יִךְ הָעֲטוּפִ֥ים בְּרָעָ֖ב בְּרֹ֥אשׁ כָּל־ חוּצֽוֹת׃
20 רְאֵ֤ה יְהוָה֙ וְֽהַבִּ֔יטָה לְמִ֖י עוֹלַ֣לְתָּ כֹּ֑ה אִם־ תֹּאכַ֨לְנָה נָשִׁ֤ים פִּרְיָם֙ עֹלֲלֵ֣י טִפֻּחִ֔ים אִם־ יֵהָרֵ֛ג בְּמִקְדַּ֥שׁ אֲדֹנָ֖י כֹּהֵ֥ן וְנָבִֽיא׃
21 שָׁכְב֨וּ לָאָ֤רֶץ חוּצוֹת֙ נַ֣עַר וְזָקֵ֔ן בְּתוּלֹתַ֥י וּבַחוּרַ֖י נָפְל֣וּ בֶחָ֑רֶב הָרַ֙גְתָּ֙ בְּי֣וֹם אַפֶּ֔ךָ טָבַ֖חְתָּ לֹ֥א חָמָֽלְתָּ׃
22 תִּקְרָא֩ כְי֨וֹם מוֹעֵ֤ד מְגוּרַי֙ מִסָּבִ֔יב וְלֹ֥א הָיָ֛ה בְּי֥וֹם אַף־ יְהוָ֖ה פָּלִ֣יט וְשָׂרִ֑יד אֲשֶׁר־ טִפַּ֥חְתִּי וְרִבִּ֖יתִי אֹיְבִ֥י כִלָּֽם׃

Lamentations 3


1 אֲנִ֤י הַגֶּ֙בֶר֙ רָאָ֣ה עֳנִ֔י בְּשֵׁ֖בֶט עֶבְרָתֽוֹ׃
2 אוֹתִ֥י נָהַ֛ג וַיֹּלַ֖ךְ חֹ֥שֶׁךְ וְלֹא־ אֽוֹר׃
3 אַ֣ךְ בִּ֥י יָשֻׁ֛ב יַהֲפֹ֥ךְ יָד֖וֹ כָּל־ הַיּֽוֹם׃
4 בִּלָּ֤ה בְשָׂרִי֙ וְעוֹרִ֔י שִׁבַּ֖ר עַצְמוֹתָֽי׃
5 בָּנָ֥ה עָלַ֛י וַיַּקַּ֖ף רֹ֥אשׁ וּתְלָאָֽה׃
6 בְּמַחֲשַׁכִּ֥ים הוֹשִׁיבַ֖נִי כְּמֵתֵ֥י עוֹלָֽם׃
7 גָּדַ֧ר בַּעֲדִ֛י וְלֹ֥א אֵצֵ֖א הִכְבִּ֥יד נְחָשְׁתִּֽי׃
8 גַּ֣ם כִּ֤י אֶזְעַק֙ וַאֲשַׁוֵּ֔עַ שָׂתַ֖ם תְּפִלָּתִֽי׃
9 גָּדַ֤ר דְּרָכַי֙ בְּגָזִ֔ית נְתִיבֹתַ֖י עִוָּֽה׃
10 דֹּ֣ב אֹרֵ֥ב הוּא֙ לִ֔י בְּמִסְתָּרִֽים׃
11 דְּרָכַ֥י סוֹרֵ֛ר וַֽיְפַשְּׁחֵ֖נִי שָׂמַ֥נִי שֹׁמֵֽם׃
12 דָּרַ֤ךְ קַשְׁתוֹ֙ וַיַּצִּיבֵ֔נִי כַּמַּטָּרָ֖א לַחֵֽץ׃
13 הֵבִיא֙ בְּכִלְיוֹתָ֔י בְּנֵ֖י אַשְׁפָּתֽוֹ׃
14 הָיִ֤יתִי שְּׂחֹק֙ לְכָל־ עַמִּ֔י נְגִינָתָ֖ם כָּל־ הַיּֽוֹם׃
15 הִשְׂבִּיעַ֥נִי בַמְּרוֹרִ֖ים הִרְוַ֥נִי לַעֲנָֽה׃
16 וַיַּגְרֵ֤ס בֶּֽחָצָץ֙ שִׁנָּ֔י הִכְפִּישַׁ֖נִי בָּאֵֽפֶר׃
17 וַתִּזְנַ֧ח מִשָּׁל֛וֹם נַפְשִׁ֖י נָשִׁ֥יתִי טוֹבָֽה׃
18 וָאֹמַר֙ אָבַ֣ד נִצְחִ֔י וְתוֹחַלְתִּ֖י מֵיְהוָֽה׃
19 זְכָר־ עָנְיִ֥י וּמְרוּדִ֖י לַעֲנָ֥ה וָרֹֽאשׁ׃
20 זָכ֣וֹר תִּזְכּ֔וֹר עָלַ֖י נַפְשִֽׁי׃
21 זֹ֛את אָשִׁ֥יב אֶל־ לִבִּ֖י עַל־ כֵּ֥ן אוֹחִֽיל׃
22 חַֽסְדֵ֤י יְהוָה֙ כִּ֣י לֹא־ תָ֔מְנוּ כִּ֥י לֹא־ כָל֖וּ רַחֲמָֽיו׃
23 חֲדָשִׁים֙ לַבְּקָרִ֔ים רַבָּ֖ה אֱמוּנָתֶֽךָ׃
24 חֶלְקִ֤י יְהוָה֙ אָמְרָ֣ה נַפְשִׁ֔י עַל־ כֵּ֖ן אוֹחִ֥יל לֽוֹ׃
25 ט֤וֹב יְהוָה֙ לְקוָֹ֔ו לְנֶ֖פֶשׁ תִּדְרְשֶֽׁנּוּ׃
26 ט֤וֹב וְיָחִיל֙ וְדוּמָ֔ם לִתְשׁוּעַ֖ת יְהוָֽה׃
27 ט֣וֹב לַגֶּ֔בֶר כִּֽי־ יִשָּׂ֥א עֹ֖ל בִּנְעוּרָֽיו׃
28 יֵשֵׁ֤ב בָּדָד֙ וְיִדֹּ֔ם כִּ֥י נָטַ֖ל עָלָֽיו׃
29 יִתֵּ֤ן בֶּֽעָפָר֙ פִּ֔יהוּ אוּלַ֖י יֵ֥שׁ תִּקְוָֽה׃
30 יִתֵּ֧ן לְמַכֵּ֛הוּ לֶ֖חִי יִשְׂבַּ֥ע בְּחֶרְפָּֽה׃
31 כִּ֣י לֹ֥א יִזְנַ֛ח לְעוֹלָ֖ם אֲדֹנָֽי׃
32 כִּ֣י אִם־ הוֹגָ֔ה וְרִחַ֖ם כְּרֹ֥ב
33 כִּ֣י לֹ֤א עִנָּה֙ מִלִּבּ֔וֹ וַיַּגֶּ֖ה בְנֵי־ אִֽישׁ׃
34 לְדַכֵּא֙ תַּ֣חַת רַגְלָ֔יו כֹּ֖ל אֲסִ֥ירֵי אָֽרֶץ׃
35 לְהַטּוֹת֙ מִשְׁפַּט־ גָּ֔בֶר נֶ֖גֶד פְּנֵ֥י עֶלְיֽוֹן׃
36 לְעַוֵּ֤ת אָדָם֙ בְּרִיב֔וֹ אֲדֹנָ֖י לֹ֥א רָאָֽה׃
37 מִ֣י זֶ֤ה אָמַר֙ וַתֶּ֔הִי אֲדֹנָ֖י לֹ֥א צִוָּֽה׃
38 מִפִּ֤י עֶלְיוֹן֙ לֹ֣א תֵצֵ֔א הָרָע֖וֹת וְהַטּֽוֹב׃
39 מַה־ יִּתְאוֹנֵן֙ אָדָ֣ם חָ֔י גֶּ֖בֶר עַל־
40 נַחְפְּשָׂ֤ה דְרָכֵ֙ינוּ֙ וְֽנַחְקֹ֔רָה וְנָשׁ֖וּבָה עַד־ יְהוָֽה׃
41 נִשָּׂ֤א לְבָבֵ֙נוּ֙ אֶל־ כַּפָּ֔יִם אֶל־ אֵ֖ל בַּשָּׁמָֽיִם׃
42 נַ֤חְנוּ פָשַׁ֙עְנוּ֙ וּמָרִ֔ינוּ אַתָּ֖ה לֹ֥א סָלָֽחְתָּ׃
43 סַכֹּ֤תָה בָאַף֙ וַֽתִּרְדְּפֵ֔נוּ הָרַ֖גְתָּ לֹ֥א חָמָֽלְתָּ׃
44 סַכּ֤וֹתָה בֶֽעָנָן֙ לָ֔ךְ מֵעֲב֖וֹר תְּפִלָּֽה׃
45 סְחִ֧י וּמָא֛וֹס תְּשִׂימֵ֖נוּ בְּקֶ֥רֶב הָעַמִּֽים׃
46 פָּצ֥וּ עָלֵ֛ינוּ פִּיהֶ֖ם כָּל־ אֹיְבֵֽינוּ׃
47 פַּ֧חַד וָפַ֛חַת הָ֥יָה לָ֖נוּ הַשֵּׁ֥את וְהַשָּֽׁבֶר׃
48 פַּלְגֵי־ מַ֙יִם֙ תֵּרַ֣ד עֵינִ֔י עַל־ שֶׁ֖בֶר בַּת־ עַמִּֽי׃
49 עֵינִ֧י נִגְּרָ֛ה וְלֹ֥א תִדְמֶ֖ה מֵאֵ֥ין הֲפֻגֽוֹת׃
50 עַד־ יַשְׁקִ֣יף וְיֵ֔רֶא יְהוָ֖ה מִשָּׁמָֽיִם׃
51 עֵינִי֙ עֽוֹלְלָ֣ה לְנַפְשִׁ֔י מִכֹּ֖ל בְּנ֥וֹת עִירִֽי׃
52 צ֥וֹד צָד֛וּנִי כַּצִּפּ֖וֹר אֹיְבַ֥י חִנָּֽם׃
53 צָֽמְת֤וּ בַבּוֹר֙ חַיָּ֔י וַיַּדּוּ־ אֶ֖בֶן בִּֽי׃
54 צָֽפוּ־ מַ֥יִם עַל־ רֹאשִׁ֖י אָמַ֥רְתִּי נִגְזָֽרְתִּי׃
55 קָרָ֤אתִי שִׁמְךָ֙ יְהוָ֔ה מִבּ֖וֹר תַּחְתִּיּֽוֹת׃
56 קוֹלִ֖י שָׁמָ֑עְתָּ אַל־ תַּעְלֵ֧ם אָזְנְךָ֛ לְרַוְחָתִ֖י לְשַׁוְעָתִֽי׃
57 קָרַ֙בְתָּ֙ בְּי֣וֹם אֶקְרָאֶ֔ךָּ אָמַ֖רְתָּ אַל־ תִּירָֽא׃
58 רַ֧בְתָּ אֲדֹנָ֛י רִיבֵ֥י נַפְשִׁ֖י גָּאַ֥לְתָּ חַיָּֽי׃
59 רָאִ֤יתָה יְהוָה֙ עַוָּ֣תָתִ֔י שָׁפְטָ֖ה מִשְׁפָּטִֽי׃
60 רָאִ֙יתָה֙ כָּל־ נִקְמָתָ֔ם כָּל־ מַחְשְׁבֹתָ֖ם לִֽי׃
61 שָׁמַ֤עְתָּ חֶרְפָּתָם֙ יְהוָ֔ה כָּל־ מַחְשְׁבֹתָ֖ם עָלָֽי׃
62 שִׂפְתֵ֤י קָמַי֙ וְהֶגְיוֹנָ֔ם עָלַ֖י כָּל־ הַיּֽוֹם׃
63 שִׁבְתָּ֤ם וְקִֽימָתָם֙ הַבִּ֔יטָה אֲנִ֖י מַנְגִּינָתָֽם׃
64 תָּשִׁ֨יב לָהֶ֥ם גְּמ֛וּל יְהוָ֖ה כְּמַעֲשֵׂ֥ה יְדֵיהֶֽם׃
65 תִּתֵּ֤ן לָהֶם֙ מְגִנַּת־ לֵ֔ב תַּאֲלָֽתְךָ֖ לָהֶֽם׃
66 תִּרְדֹּ֤ף בְּאַף֙ וְתַשְׁמִידֵ֔ם מִתַּ֖חַת שְׁמֵ֥י יְהוָֽה׃

Lamentations 4


1 אֵיכָה֙ יוּעַ֣ם זָהָ֔ב יִשְׁנֶ֖א הַכֶּ֣תֶם הַטּ֑וֹב תִּשְׁתַּפֵּ֙כְנָה֙ אַבְנֵי־ קֹ֔דֶשׁ בְּרֹ֖אשׁ כָּל־ חוּצֽוֹת׃
2 בְּנֵ֤י צִיּוֹן֙ הַיְקָרִ֔ים הַמְסֻלָּאִ֖ים בַּפָּ֑ז אֵיכָ֤ה נֶחְשְׁבוּ֙ לְנִבְלֵי־ חֶ֔רֶשׂ מַעֲשֵׂ֖ה יְדֵ֥י יוֹצֵֽר׃
3 גַּם־ חָ֣לְצוּ שַׁ֔ד הֵינִ֖יקוּ גּוּרֵיהֶ֑ן בַּת־ עַמִּ֣י לְאַכְזָ֔ר בַּמִּדְבָּֽר׃
4 דָּבַ֨ק לְשׁ֥וֹן יוֹנֵ֛ק אֶל־ חכּ֖וֹ בַּצָּמָ֑א עֽוֹלָלִים֙ שָׁ֣אֲלוּ לֶ֔חֶם פֹּרֵ֖שׂ אֵ֥ין לָהֶֽם׃
5 הָאֹֽכְלִים֙ לְמַ֣עֲדַנִּ֔ים נָשַׁ֖מּוּ בַּחוּצ֑וֹת הָאֱמֻנִים֙ עֲלֵ֣י תוֹלָ֔ע חִבְּק֖וּ אַשְׁפַּתּֽוֹת׃
6 וַיִּגְדַּל֙ עֲוֺ֣ן בַּת־ עַמִּ֔י מֵֽחַטַּ֖את סְדֹ֑ם הַֽהֲפוּכָ֣ה כְמוֹ־ רָ֔גַע וְלֹא־ חָ֥לוּ בָ֖הּ יָדָֽיִם׃
7 זַכּ֤וּ נְזִירֶ֙יהָ֙ מִשֶּׁ֔לֶג צַח֖וּ מֵחָלָ֑ב אָ֤דְמוּ עֶ֙צֶם֙ מִפְּנִינִ֔ים סַפִּ֖יר גִּזְרָתָֽם׃
8 חָשַׁ֤ךְ מִשְּׁחוֹר֙ תָּֽאֳרָ֔ם לֹ֥א נִכְּר֖וּ בַּחוּצ֑וֹת צָפַ֤ד עוֹרָם֙ עַל־ עַצְמָ֔ם יָבֵ֖שׁ הָיָ֥ה כָעֵֽץ׃
9 טוֹבִ֤ים הָיוּ֙ חַלְלֵי־ חֶ֔רֶב מֵֽחַלְלֵ֖י רָעָ֑ב שֶׁ֣הֵ֤ם יָז֙וּבוּ֙ מְדֻקָּרִ֔ים מִתְּנוּבֹ֖ת שָׂדָֽי׃
10 יְדֵ֗י נָשִׁים֙ רַחֲמָ֣נִיּ֔וֹת בִּשְּׁל֖וּ יַלְדֵיהֶ֑ן הָי֤וּ לְבָרוֹת֙ לָ֔מוֹ בְּשֶׁ֖בֶר בַּת־ עַמִּֽי׃
11 כִּלָּ֤ה יְהוָה֙ אֶת־ חֲמָת֔וֹ שָׁפַ֖ךְ חֲר֣וֹן אַפּ֑וֹ וַיַּצֶּת־ אֵ֣שׁ בְּצִיּ֔וֹן וַתֹּ֖אכַל יְסוֹדֹתֶֽיהָ׃
12 לֹ֤א הֶאֱמִ֙ינוּ֙ מַלְכֵי־ אֶ֔רֶץ יֹשְׁבֵ֣י תֵבֵ֑ל כִּ֤י יָבֹא֙ צַ֣ר וְאוֹיֵ֔ב בְּשַׁעֲרֵ֖י יְרוּשָׁלִָֽם׃
13 מֵֽחַטֹּ֣את נְבִיאֶ֔יהָ עֲוֺנ֖וֹת כֹּהֲנֶ֑יהָ הַשֹּׁפְכִ֥ים בְּקִרְבָּ֖הּ דַּ֥ם צַדִּיקִֽים׃
14 נָע֤וּ עִוְרִים֙ בַּֽחוּצ֔וֹת נְגֹֽאֲל֖וּ בַּדָּ֑ם בְּלֹ֣א יֽוּכְל֔וּ יִגְּע֖וּ בִּלְבֻשֵׁיהֶֽם׃
15 ס֣וּרוּ טָמֵ֞א קָ֣רְאוּ לָ֗מוֹ ס֤וּרוּ ס֙וּרוּ֙ אַל־ תִּגָּ֔עוּ כִּ֥י נָצ֖וּ גַּם־ נָ֑עוּ אָֽמְרוּ֙ בַּגּוֹיִ֔ם לֹ֥א יוֹסִ֖יפוּ לָגֽוּר׃
16 פְּנֵ֤י יְהוָה֙ חִלְּקָ֔ם לֹ֥א יוֹסִ֖יף לְהַבִּיטָ֑ם פְּנֵ֤י כֹהֲנִים֙ לֹ֣א נָשָׂ֔אוּ לֹ֥א חָנָֽנוּ׃
17 תִּכְלֶ֣ינָה עֵינֵ֔ינוּ אֶל־ עֶזְרָתֵ֖נוּ הָ֑בֶל בְּצִפִּיָּתֵ֣נוּ צִפִּ֔ינוּ אֶל־ גּ֖וֹי לֹ֥א יוֹשִֽׁעַ׃
18 צָד֣וּ צְעָדֵ֔ינוּ מִלֶּ֖כֶת בִּרְחֹבֹתֵ֑ינוּ קָרַ֥ב קִצֵּ֛ינוּ מָלְא֥וּ יָמֵ֖ינוּ כִּי־ בָ֥א קִצֵּֽינוּ׃
19 קַלִּ֤ים הָיוּ֙ רֹדְפֵ֔ינוּ מִנִּשְׁרֵ֖י שָׁמָ֑יִם עַל־ הֶהָרִ֣ים דְּלָקֻ֔נוּ בַּמִּדְבָּ֖ר אָ֥רְבוּ לָֽנוּ׃
20 ר֤וּחַ אַפֵּ֙ינוּ֙ מְשִׁ֣יחַ יְהוָ֔ה נִלְכַּ֖ד בִּשְׁחִיתוֹתָ֑ם אֲשֶׁ֣ר אָמַ֔רְנוּ בְּצִלּ֖וֹ נִֽחְיֶ֥ה בַגּוֹיִֽם׃
21 שִׂ֤ישִׂי וְשִׂמְחִי֙ בַּת־ אֱד֔וֹם בְּאֶ֣רֶץ ע֑וּץ גַּם־ עָלַ֙יִךְ֙ תַּעֲבָר־ כּ֔וֹס תִּשְׁכְּרִ֖י וְתִתְעָרִֽי׃
22 תַּם־ עֲוֺנֵךְ֙ בַּת־ צִיּ֔וֹן לֹ֥א יוֹסִ֖יף לְהַגְלוֹתֵ֑ךְ פָּקַ֤ד עֲוֺנֵךְ֙ בַּת־ אֱד֔וֹם גִּלָּ֖ה עַל־ חַטֹּאתָֽיִךְ׃

Lamentations 5


1 זְכֹ֤ר יְהוָה֙ מֶֽה־ הָ֣יָה לָ֔נוּ וּרְאֵ֥ה אֶת־ חֶרְפָּתֵֽנוּ׃
2 נַחֲלָתֵ֙נוּ֙ נֶֽהֶפְכָ֣ה לְזָרִ֔ים בָּתֵּ֖ינוּ לְנָכְרִֽים׃
3 יְתוֹמִ֤ים הָיִ֙ינוּ֙ אָ֔ב אִמֹּתֵ֖ינוּ כְּאַלְמָנֽוֹת׃
4 מֵימֵ֙ינוּ֙ בְּכֶ֣סֶף שָׁתִ֔ינוּ עֵצֵ֖ינוּ בִּמְחִ֥יר יָבֹֽאוּ׃
5 עַ֤ל צַוָּארֵ֙נוּ֙ נִרְדָּ֔פְנוּ יָגַ֖עְנוּ הֽוּנַ֖ח לָֽנוּ׃
6 מִצְרַ֙יִם֙ נָתַ֣נּוּ יָ֔ד אַשּׁ֖וּר לִשְׂבֹּ֥עַֽ לָֽחֶם׃
7 אֲבֹתֵ֤ינוּ חָֽטְאוּ֙ עֲוֺנֹתֵיהֶ֥ם סָבָֽלְנוּ׃
8 עֲבָדִים֙ מָ֣שְׁלוּ בָ֔נוּ פֹּרֵ֖ק אֵ֥ין מִיָּדָֽם׃
9 בְּנַפְשֵׁ֙נוּ֙ נָבִ֣יא לַחְמֵ֔נוּ מִפְּנֵ֖י חֶ֥רֶב הַמִּדְבָּֽר׃
10 עוֹרֵ֙נוּ֙ כְּתַנּ֣וּר נִכְמָ֔רוּ מִפְּנֵ֖י זַלְעֲפ֥וֹת רָעָֽב׃
11 נָשִׁים֙ בְּצִיּ֣וֹן עִנּ֔וּ בְּתֻלֹ֖ת בְּעָרֵ֥י יְהוּדָֽה׃
12 שָׂרִים֙ בְּיָדָ֣ם נִתְל֔וּ פְּנֵ֥י זְקֵנִ֖ים לֹ֥א נֶהְדָּֽרוּ׃
13 בַּחוּרִים֙ טְח֣וֹן נָשָׂ֔אוּ וּנְעָרִ֖ים בָּעֵ֥ץ כָּשָֽׁלוּ׃
14 זְקֵנִים֙ מִשַּׁ֣עַר שָׁבָ֔תוּ בַּחוּרִ֖ים מִנְּגִינָתָֽם׃
15 שָׁבַת֙ מְשׂ֣וֹשׂ לִבֵּ֔נוּ נֶהְפַּ֥ךְ לְאֵ֖בֶל מְחֹלֵֽנוּ׃
16 נָֽפְלָה֙ עֲטֶ֣רֶת רֹאשֵׁ֔נוּ אֽוֹי־ נָ֥א לָ֖נוּ כִּ֥י חָטָֽאנוּ׃
17 עַל־ זֶ֗ה הָיָ֤ה דָוֶה֙ לִבֵּ֔נוּ עַל־ אֵ֖לֶּה חָשְׁכ֥וּ עֵינֵֽינוּ׃
18 עַ֤ל הַר־ צִיּוֹן֙ שֶׁשָּׁמֵ֔ם שׁוּעָלִ֖ים הִלְּכוּ־ בֽוֹ׃
19 אַתָּ֤ה יְהוָה֙ לְעוֹלָ֣ם תֵּשֵׁ֔ב כִּסְאֲךָ֖ לְדֹ֥ר וָדֽוֹר׃
20 לָ֤מָּה לָנֶ֙צַח֙ תִּשְׁכָּחֵ֔נוּ תַּֽעַזְבֵ֖נוּ לְאֹ֥רֶךְ יָמִֽים׃
21 הֲשִׁיבֵ֨נוּ יְהוָ֤ה ׀ אֵלֶ֙יךָ֙ חַדֵּ֥שׁ יָמֵ֖ינוּ כְּקֶֽדֶם׃
22 כִּ֚י אִם־ מָאֹ֣ס מְאַסְתָּ֔נוּ קָצַ֥פְתָּ עָלֵ֖ינוּ עַד־ מְאֹֽד׃

La versification des traductions pouvant varier, l'alignement ne correspond parfois pas à la même phrase.

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