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Jean 1:14-18
(Annotée Neuchâtel)
   14 Et la Parole est devenue chair, et elle a habité parmi nous (et nous avons contemplé sa gloire, une gloire telle qu'est celle du Fils unique, venu du Père) pleine de grâce et de vérité. 15 Jean rend témoignage de lui et s'écrie, disant : C'est celui dont j'ai dit : Celui qui vient après moi m'a précédé, car il était avant moi. 16 Et, de sa plénitude, nous avons tous reçu, et grâce pour grâce. 17 Car la loi a été donnée par Moïse ; la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. 18 Personne ne vit jamais Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, est celui qui nous l'a fait connaître.

Références croisées

1:14 Jn 1:1, Es 7:14, Mt 1:16, Mt 1:20-23, Lc 1:31-35, Lc 2:7, Lc 2:11, Rm 1:3-4, Rm 9:5, 1Co 15:47, Ga 4:4, Ph 2:6-8, 1Tm 3:16, He 2:11, He 2:14-17, He 10:5, 1Jn 4:2-3, 2Jn 1:7, Jn 2:11, Jn 11:40, Jn 12:40-41, Jn 14:9, Es 40:5, Es 53:2, Es 60:1-2, Mt 17:1-5, 2Co 4:4-6, He 1:3, 1P 2:4-7, 2P 1:17, 1Jn 1:1-2, Jn 1:18, Jn 3:16, Jn 3:18, Ps 2:7, Ac 13:33, He 1:5, He 5:5, 1Jn 4:9, Jn 1:16-17, Ps 45:2, 2Co 12:9, Ep 3:8, Ep 3:18, Ep 3:19, Col 1:19, Col 2:3, Col 2:9, 1Tm 1:14-16
Réciproques : Gn 22:14, Gn 41:55, Ex 3:2, Ex 17:7, Ex 26:1, Ex 28:2, Ex 37:10, Ex 40:18, Lv 8:26, Lv 23:34, Nb 29:12, Dt 32:4, 1R 8:11, 1R 8:27, Ne 8:17, Ps 25:10, Ps 85:9, Pr 8:24, Ct 2:3, Ct 5:9, Ct 8:1, Es 4:2, Es 9:6, Es 33:17, Es 65:16, Ez 37:27, Ez 43:7, Dn 2:11, Ag 2:7, Ag 2:9, Za 2:10, Za 8:3, Za 9:17, Ml 4:2, Mt 1:23, Mt 12:42, Mt 17:2, Mc 1:1, Mc 8:38, Mc 9:2, Mc 12:6, Lc 2:40, Lc 9:29, Lc 9:32, Jn 2:21, Jn 6:40, Jn 8:23, Jn 8:42, Jn 14:6, Ac 7:2, 2Co 3:18, 2Co 4:6, 2Co 8:9, Ph 2:7, Col 1:15, 1Tm 2:5, Tt 2:11, He 1:2, He 1:6, He 5:7, He 9:11, Jc 3:17, 1P 1:25, 2P 1:16, 1Jn 4:14, Ap 2:18, Ap 7:15, Ap 13:6, Ap 19:13, Ap 21:3, Ap 21:23
1:15 Jn 1:7-8, Jn 1:29-34, Jn 3:26-36, Jn 5:33-36, Mt 3:11, Mt 3:13-17, Mc 1:7, Lc 3:16, Jn 1:1-2, Jn 1:30, Jn 8:58, Jn 17:5, Pr 8:22, Es 9:6, Mi 5:2, Ph 2:6-7, Col 1:17, He 13:8, Ap 1:11, Ap 1:17, Ap 1:18, Ap 2:8
Réciproques : Ml 3:1, Mt 11:11, Mt 21:25, Mt 25:4, Mc 1:3, Mc 11:30, Mc 11:31, Lc 1:77, Lc 3:18, Lc 20:5, Jn 1:27, Jn 3:31, Jn 13:19, Ac 13:24, Ac 19:4
1:16 Jn 3:34, Jn 15:1-5, Mt 3:11, Mt 3:14, Lc 21:15, Ac 3:12-16, Rm 8:9, 1Co 1:4-5, Ep 4:7-12, Col 1:19, Col 2:3, Col 2:9, Col 2:10, 1P 1:11, Za 4:7, Mt 13:12, Rm 5:2, Rm 5:17, Rm 5:20, Ep 1:6-8, Ep 2:5-10, Ep 4:7, 1P 1:2
Réciproques : Gn 28:20, Ex 37:10, Ex 40:14, Lv 14:17, Ps 45:7, Ps 84:11, Ps 87:7, Ps 119:17, Es 9:6, Es 12:3, Ez 45:17, Os 14:8, Mt 25:4, Jn 1:14, Jn 17:22, Ac 1:2, Ac 4:33, Rm 1:5, Rm 3:3, Rm 5:21, 1Co 4:7, 1Co 12:13, 2Co 9:15, 2Co 13:14, Ep 1:23, Ep 3:8, Ep 3:19, Ep 4:10, Col 1:18, Tt 2:11, Tt 3:6, Ap 3:1
1:17 Jn 5:45, Jn 9:29, Ex 20:1-17, Dt 4:44, Dt 5:1, Dt 33:4, Ac 7:38, Ac 28:23, Rm 3:19-20, Rm 5:20-21, 2Co 3:7-10, Ga 3:10-13, Ga 3:17, He 3:5-6, He 8:8-12, Jn 8:32, Jn 14:6, Gn 3:15, Gn 22:18, Ps 85:10, Ps 89:1-2, Ps 98:3, Mi 7:20, Lc 1:54-55, Lc 1:68-79, Ac 13:34-39, Rm 3:21-26, Rm 5:21, Rm 6:14, Rm 15:8-12, 2Co 1:20, He 9:22, He 10:4-10, He 11:39-40, Ap 5:8-10, Ap 7:9-17
Réciproques : Gn 24:27, Ex 19:24, Ex 34:6, Lv 1:1, Lv 26:46, Lv 27:34, Nb 6:25, Nb 20:12, Nb 21:18, Dt 3:28, Dt 31:7, Dt 31:9, Dt 32:4, Dt 34:4, 2S 15:20, 2R 23:25, Ne 9:14, Ne 10:29, Ps 25:10, Ps 40:10, Ps 43:3, Ps 45:4, Ps 57:3, Ps 86:15, Ps 89:14, Ps 89:24, Ps 92:2, Ps 115:1, Ps 138:2, Pr 8:7, Pr 14:22, Es 65:16, Mt 17:3, Mt 22:40, Mc 10:34, Lc 9:30, Jn 1:14, Jn 2:11, Jn 4:23, Jn 7:19, Jn 15:1, Ac 3:22, Ac 6:11, Ac 13:39, Ac 26:22, Rm 9:4, Rm 10:4, 2Co 3:8, 2Co 8:9, 2Co 13:14, Ga 3:19, Ep 1:13, Ep 4:21, Col 2:17, 1Th 5:24, 1Tm 3:15, Tt 2:11, He 1:2, He 7:19, Ap 15:3
1:18 Jn 6:46, Ex 33:20, Dt 4:12, Mt 11:27, Lc 10:22, Col 1:15, 1Tm 1:17, 1Tm 6:16, 1Jn 4:12, 1Jn 4:20, Jn 1:14, Jn 3:16-18, 1Jn 4:9, Jn 13:23, Pr 8:30, Es 40:11, Lm 2:12, Lc 16:22-23, Jn 12:41, Jn 14:9, Jn 17:6, Jn 17:26, Gn 16:13, Gn 18:33, Gn 32:28-30, Gn 48:15-16, Ex 3:4-6, Ex 23:21, Ex 33:18-23, Ex 34:5-7, Nb 12:8, Js 5:13-15, Js 6:1-2, Jg 6:12-26, Jg 13:20-23, Es 6:1-3, Ez 1:26-28, Os 12:3-5, Mt 11:27, Lc 10:22, 1Jn 5:20
Réciproques : Gn 16:10, Gn 17:22, Gn 32:30, Ex 24:10, Ex 33:23, Nb 14:14, Jg 6:22, Jg 13:22, Jb 42:5, Ps 2:7, Es 60:2, Ez 10:1, Dn 8:13, Dn 10:17, Am 9:1, Mt 12:42, Mt 21:37, Mc 12:6, Jn 1:10, Jn 1:34, Jn 1:49, Jn 3:11, Jn 3:13, Jn 5:20, Jn 5:37, Jn 7:29, Jn 8:19, Jn 8:55, Jn 9:35, Jn 10:15, Jn 13:3, Jn 14:7, Jn 17:5, Jn 17:25, Rm 1:20, 1Co 1:30, 2Co 4:4, Ph 2:6, He 1:2, He 1:6, 1Jn 1:2, Ap 21:23

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
Jean 1
  • 1.14 Et la Parole est devenue chair, et elle a habité parmi nous (et nous avons contemplé sa gloire, une gloire telle qu'est celle du Fils unique, venu du Père) pleine de grâce et de vérité. L'évangéliste continue son exposition par cette simple particule et, qui rattache le verset 14 à la fois au verset 11 et au verset 12. Au verset 11, que le verset 14 explique en disant comment Jésus-Christ "est venu chez soi."
    A verset 12, qu'il développe également en révélant le grand objet de la foi des croyants et en signalant l'événement grâce auquel cette foi peut faire d'hommes nés de la chair des enfants de Dieu. En outre, comme l'observe Meyer, il nomme la Parole pour la première fois depuis le verset 1 ; afin de donner plus de solennité au fait qu'il annonce, et il exprime en trois mots le plus grand événement qui se soit accompli depuis la création du monde par cette même parole : (verset 3)
    La Parole est devenue chair. Quel contraste ! quel abîme entre ces deux termes !
    - La chair, qu'il ne faut pas confondre avec le corps, désigne, comme partout dans l'Ecriture, la nature humaine, l'homme tout entier, dans l'état de faiblesse, d'infirmité, de souffrance et de mortalité auquel il se trouve réduit par suite du péché. (Romains 1.4, note.)
    L'on ne doit pas exclure cette idée de faiblesse quand on définit la chair qu'a revêtue le Sauveur. Cette chair infirme ne le faisait pas participer au péché des hommes ; elle le rendait seulement accessible à la tentation. (Hébreux 4.15 ; Romains 8.3, note.)
    Au reste, l'histoire évangélique, en nous racontant la naissance de Jésus, nous met sur la voie de comprendre comment il n'eut aucune part à la corruption native de notre humanité. (Matthieu 1.20 ; Luc 1.35)
    La déclaration de verset 14 signifie donc que la Parole éternelle est devenue pleinement homme en Jésus ; que le Fils de Dieu, comme tous les enfants des hommes, a "participé à la chair et au sang ;" (Hébreux 2.14) que lui, "qui était en forme de Dieu, se dépouilla lui-même, prenant une forme de serviteur, fait à la ressemblance des hommes." (Philippiens 2.6-8 ; comparez 1Timothée 3.16)
    Cette incarnation du Fils de Dieu, né au sein de notre humanité, afin de la sauver en la pénétrant d'une vie nouvelle, est, aux yeux de notre apôtre lui-même, le fondement de la foi chrétienne, à la position qu'il prend en présence de ce fait, on peut reconnaître si un homme est de Dieu ou s'il porte en lui l'esprit de l'antéchrist. (1Jean 4.2,3 ; 2Jean 1.7)
    L'union de la nature divine et de la nature humaine, qui ressort si clairement du rapprochement des verset 1 et verset 14, est un grand mystère, mais un "mystère de piété," comme Paul l'appelle parce qu'il est, pour l'homme pécheur, là source de sa réconciliation avec Dieu et de toute vie chrétienne. (1Timothée 3.16)
    Il est permis à la théologie, fondée sur l'expérience religieuse, de s'efforcer de sonder ce mystère, pour que, s'il est possible, la raison le saisisse aussi bien que la foi. Mais il faut avouer que jusqu'à ce jour ces louables tentatives nous ont laissés en présence du mystère avec les mêmes aspirations que nourrissait Mélanchton quand, sur son lit de mort, il se réjouissait d'arriver bientôt à connaître comment Jésus-Christ pouvait être à la fois Fils de Dieu et Fils de l'homme, Parole éternelle devenue chair.
    Ici-bas "nous connaissons en partie et nous prophétisons en partie ;" un jour "je connaîtrai pleinement comme j'ai été connu." (1Corinthiens 13.9,12)
    Le mot que nous traduisons par elle a habité signifie proprement dresser une tente et y séjourner. Ce terme fait allusion à la tente où l'Eternel habitait au milieu de son peuple dans le camp d'Israël et qui fut remplie de la gloire de l'Eternel, lors de son inauguration. (Exode 40.34 ; comparez Ezéchiel 37.27)
    Ce fait était l'accomplissement visible des promesses de Dieu d'habiter au milieu de son peuple. (Exode 25.8 ; 29.45 ; Lévitique 26.11,12 ; Ezéchiel 37.27)
    Les commentateurs juifs désignaient toutes les formes sensibles par lesquelles Jéhova manifestait sa présence au sein d'Israël, par le terme de Schekina, la demeure de Dieu.
    Notre évangéliste, en disant de la Parole qu'elle a habité sous une tente parmi nous, rappelle ces glorieuses manifestations de Dieu à Israël, et les voit réalisées dans leur plénitude par l'incarnation de la Parole. En elle Dieu nous est véritablement apparu, il est descendu à notre portée, semblable à nous, accessible au plus pauvre, au plus faible, au plus ignorant, au plus coupable. Et dans l'accomplissement des temps, cette demeure de Dieu avec nous sera la plénitude de sa communion, de sa lumière, de son amour. (Apocalypse 7.15 ; 21.3)
    - Les mots parmi nous ne se rapportent ni aux hommes en général, ni exclusivement aux apôtres, mais aux : croyants, à tous ceux qui avaient reçu le Sauveur (verset 12) et contemplé sa gloire.
    Saisi par la majesté de cette apparition du Fils de Dieu sur notre terre, l'évangéliste, qui rappelle avec émotion ses souvenirs personnels, donne essor à ses sentiments en célébrant la gloire dont a resplendi, même dans son abaissement, la Parole faite chair. Cette gloire, Jean l'a contemplée son âme en a été pénétrée. (1Jean 1.1)
    Mais en quoi consista cette manifestation de la gloire du Fils de Dieu apparu sous sa forme de serviteur ? Pas seulement dans ses miracles (Jean 2.11) ou dans sa transfiguration sur la sainte montagne. Pour ceux qui surent la contempler, la gloire de Jésus-Christ fut sa sainteté, son amour, ses tendres compassions pour les malheureux et les coupables, son héroïque dévouement dans ses souffrances et dans sa mort, en un mot, sa vie entière, unique au sein de notre humanité.
    Cette gloire a brillé surtout dans ce qui a été le trait dominant de la vie du Christ, sa relation filiale d'obéissance et de communion avec son Père.
    "Jésus nous met sur la voie, dit M. Godet, quand, avant de prononcer ces mots : "Je suis glorifie en eux." il dit : "Tout (Jean 17.10) ce qui est à moi est à toi et tout ce qui est à toi est à moi." Une pareille relation avec Dieu est la plus parfaite gloire qui puisse rayonner au front d'un être humain. Elle comprend naturellement...tout ce que les disciples ont contemplé en Jésus de divinement grand et beau."
    Cette interprétation s'accorde avec le fait que Jésus avait quitté lors de son incarnation la gloire divine, dont il jouissait auprès du Père comme Parole éternelle puisqu'il la redemande au moment où il va retourner auprès du Père. (Jean 17.5)
    Et d'autre part, cette interprétation est confirmée par Jean lui-même, quand il ajoute, à la fin de notre verset : "Que cette gloire était telle que celle du Fils unique, venu du Père, et que la Parole est apparue pleine de grâce et de vérité."
    - Ici se trouve pour la première fois, ce terme de Fils unique (grec unique né), qui ne se rencontre que dans les écrits de Jean, (Jean 1.18 ; 3.16-18 ; 1Jean 4.9) et qui exprime si bien le rapport métaphysique et exclusif du Fils de Dieu avec son Père.

  • Tous les hommes régénérés, nés de Dieu, sont enfants de Dieu, fils de Dieu ; (Romains 8.14 et ailleurs) mais le nom de Fils unique élève la pensée à une relation divine à laquelle aucune créature ne peut prétendre.
    Paul exprime à peu près la même idée par le terme de premier-né. (Colossiens 1.15)
    Ces derniers mots par lesquels l'évangéliste achève de peindre l'apparition du Sauveur sur la terre, se rapportent à la Parole, ce qui fait que la plupart des traducteurs rendent ainsi le commencement de notre verset : "La Parole est devenue chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité."
    Nous avons préféré conserver l'ordre adopté par l'évangéliste.
    "Entraîné par le charme du souvenir, dit M Godet, l'évangéliste a interrompu la description historique des relations que la Parole a soutenues avec ceux qui l'ont entourée."
    Il achève maintenant son tableau par ce trait sublime : elle était pleine de grâce et de vérité.
    En maintenant ces mots à la fin de la phrase, nous leur laissons tout leur relief.
    - La grâce et la vérité furent, en effet, les deux traits les plus saillants du caractère du Sauveur dans toute sa vie.
    La grâce n'est qu'un autre nom de la miséricorde et de l'amour de Dieu qui pardonne au pécheur et s'abaisse vers lui. Ce sentiment de la faveur de Dieu a pour fruit la paix. (1Corinthiens 1.3 ; 2Corinthiens 1.2 ; Galates 1.3 et ailleurs.)
    La vérité est l'essence de Dieu, sa pensée et sa volonté dévoilées, elles ont été fidèlement manifestées dans la vie et dans l'enseignement de Jésus.
    Ces paroles nous redisent donc qu'en Jésus Dieu lui-même s'est donné et révélé aux hommes. En effet, il est bon de se rappeler que ces mots grâce et vérité n'étaient pas nouveaux, bien qu'ils n'aient trouvé que dans le Sauveur la plénitude de leur signification. Dans l'Ancien Testament déjà, ils servent à exprimer les deux traits essentiels du caractère de Dieu. (Exode 34.6,7 ; Psaumes 25.10 ; 26.3 et souvent ailleurs.) A ces deux traits, les témoins de la vie de Jésus ont donc reconnu en lui le Fils unique venu du Père.
  • 1.15 Jean rend témoignage de lui et s'écrie, disant : C'est celui dont j'ai dit : Celui qui vient après moi m'a précédé, car il était avant moi. Pour la seconde fois, dans le prologue, l'évangéliste invoque le témoignage de Jean-Baptiste. (versets 6,7)
    Son intention n'est pas encore de retracer le rôle historique du Précurseur ; il le fera ci-après ; il veut appuyer son propre témoignage relatif à l'incarnation de la Parole éternelle sur les déclarations du prophète auquel il devait lui-même la première révélation de ce mystère. Tel est le but de cette remarque du verset 15, qui paraît interrompre le discours.
    Après avoir invoqué l'autorité de Jean-Baptiste, l'évangéliste continue en rapportant son expérience personnelle, qui est celle de tous les croyants : nous avons reçu de sa plénitude la grâce et la vérité. (versets 16,17) Les mots : Celui dont je disais,...reproduisent littéralement le témoignage rapporté au verset 30 ; celui-ci fait allusion au premier témoignage. (verset 27)
    Les premiers mots de ce témoignage sont énigmatiques et renferment une contradiction intentionnelle dans les termes : Celui qui vient après moi, puisqu'il n'est pas encore entré dans son ministère, m'a précédé, selon l'ordre des temps, vu qu'il était avant moi, qu'il existait antérieurement à son apparition sur la terre, dans l'éternité.
    Les paroles du Précurseur confirment ainsi celles de l'évangéliste.
    La plupart des interprètes entendent ces mots : m'a précédé, dans le sens de : m'a surpassé, est préféré, est supérieur à moi ; en un mot, comme désignant le rang, la dignité, et non l'ordre des temps.
    Avec Meyer, MM. Weiss et Godet, nous préférons le sens indiqué, qui seul conserve à la pensée son caractère énigmatique et paradoxal.
    Le dernier mot du témoignage de Jean : il était avant moi (grec il était mon premier) est, de même, entendu par plusieurs de la supériorité de rang.
    Il eut fallu non l'imparfait était, mais le présent est.
    - Cette déclaration, comprise dans le sens de l'antériorité, n'est pas une répétition de la précédente, car celle-ci nous plaçait sur le terrain de l'histoire (il a été là avant moi), tandis que la seconde se rapporte à la nature (il était) du Fils de Dieu.
    Cette double affirmation suppose chez Jean-Baptiste la connaissance de la préexistence du Christ. Et c'est là ce que certains exégètes trouvent peu probable. Mais cette connaissance est-elle inadmissible chez un si grand prophète, rempli de l'Esprit de Dieu et éclairé par les révélations de sa Parole ?
    Dépasse-t-elle ses autres vues lumineuses sur la personne et sur l'œuvre du Sauveur ? N'est-ce pas lui qui l'appelle "l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ?" (verset 29, note.) Il lui suffisait, d'ailleurs, de bien comprendre Malachie 3.1, pour n'avoir pas le moindre doute sur la préexistence du Messie. (Matthieu 11.10 ; Marc 1.2, notes.)
  • 1.16 Et, de sa plénitude, nous avons tous reçu, et grâce pour grâce. C'est l'évangéliste, et non plus Jean Baptiste, qui parle ici. Il énonce l'expérience de tous les croyants qui vient s'ajouter au témoignage du Précurseur, (verset 15) pour confirmer le grand fait de l'incarnation, attesté par les témoins immédiats de la vie du Christ. (verset 14)
    Toutes ces richesses de Christ, les croyants membres de l'Eglise (nous tous), les connaissent par les dons qu'ils ont reçus de sa plénitude.
    Ce dernier mot ramène la pensée à celui du verset 14, pleine de grâce et de vérité. La liaison de ces deux termes est encore plus frappante si l'on admet au commencement du verset 16 la variante de Sin., B, C, D, car, au lieu de et : la Parole a habité parmi nous pleine de grâce et de vérité, car tous nous avons reçu de sa plénitude.
    Mais il faudrait en ce cas faire du verset 15 une simple parenthèse, dont il serait difficile d'expliquer la raison d'être. M. Weiss suppose que le car porte sur le fait même du témoignage de Jean-Baptiste, et non sur son contenu : Jean a pu rendre son témoignage, parce que nous tous (par conséquent lui-même aussi) avons reçu...
    C'est la meilleure interprétation du car, si on le considère comme la vraie leçon, mais elle donne à la pensée un tour bien alambiqué. Cette difficulté exégétique nous engage à conserver le et du texte reçu.
    - Le verbe : nous avons reçu est employé sans régime. L'évangéliste attire d'abord l'attention sur le fait même qu'exprime ce verbe : nous avons puisé à cette source inépuisable. Dans la suite de la phrase, introduite par et, il précise les dons reçus : grâce pour grâce, une grâce suivant toujours et dépassant la grâce précédente, une succession non interrompue de grâces qui émanent de l'inépuisable plénitude de la Parole faite chair.
    Tel est le témoignage de l'expérience chrétienne, qui se trouve exprimé aussi par Paul en divers passages de ses épîtres. Par exemple Romains 5.1-5 : justification, paix avec Dieu, libre accès auprès de lui espérance de la gloire, force dans les afflictions, amour de Dieu répandu dans nos cœurs par l'Esprit-Saint.
    (Voir encore Ephésiens 3.16-19, où une chaîne ininterrompue de grâces conduit l'âme chrétienne jusqu'à la plénitude de Dieu.)
  • 1.17 Car la loi a été donnée par Moïse ; la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. Ce verset motive et explique le précédent (car) ; non qu'il faille entendre la loi et l'Evangile comme une explication des mots grâce pour grâce, en sorte que l'ancienne alliance eût été une premiere grâce, et la nouvelle une autre grâce ajoutée à la première.
    Cette interprétation méconnaît le fait qu'ici la grâce et la vérité sont mises en opposition avec la loi et que le but de l'évangéliste est de faire ressortir la grandeur, la richesse et la beauté de l'Evangile apporté par le Sauveur.
    La loi, en effet, ne peut que commander, exiger, condamner ; elle ne donne rien à l'homme pécheur. La grâce, au contraire, répond à tous ses besoins, elle est pour lui le pardon, l'amour divin, le salut tout entier. C'est dans ce sens complet qu'il faut prendre le mot grâce (avec l'article).
    Il en est de même de la vérité que l'apôtre entend dans son sens absolu, comme la révélation de Dieu lui-même et de ses perfections. Elle était imparfaite sous l'économie de la loi ; elle devient parfaite par le moyen de la grâce.
    Ainsi le contraste que ces deux grandes dispensations, la grâce et la vérité, forment avec la loi, est complet à un double égard : pour celui que la loi condamne, voici la grâce ; et au lieu des ombres et des figures que présentait la loi, voici la vérité. (Comparez Romains 10.4 ; Hébreux 10.1 et suivants)
    L'évangéliste marque un autre contraste entre Moïse, par l'entremise duquel la loi fut donnée, et Jésus-Christ, par qui sont venues la grâce et la vérité
    Remarquez comment ce nom vient prendre sa place dans la belle harmonie du prologue. Après avoir dépeint avec un saint enthousiasme l'incarnation de la Parole éternelle et la révélation de sa gloire, l'évangéliste prononce maintenant ce grand nom historique qui désigne le Logos devenu homme, sa personne, toute son apparition sur la terre : Jésus-Christ (1Jean 1.1-3) Ici seulement, le développement du prologue est assez avancé pour que Jésus-Christ, la personne historique, la Parole faite chair, puisse apparaître aux yeux du lecteur, car celui-ci est maintenant à même de saisir toute la gloire de l'Homme Dieu attachée à ce nom. Meyer.
  • 1.18 Personne ne vit jamais Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, est celui qui nous l'a fait connaître. Cette grande déclaration, qui couronne si admirablement le prologue, se lie étroitement au verset précédent et explique comment la vérité, la vérité absolue qui est Dieu, est venue par Jésus Christ.
    Avant lui, hors de lui, personne ne vit jamais Dieu, pas même Moïse (Exode 33.20,23 ; 1Jean 4.12 ; Colossiens 1.15 ; 1Timothée 6.16)
    Voir Dieu, c'est avoir une intuition immédiate de son essence, de ses perfections, et c'est ce qui n'a jamais été donné à aucun homme sur la terre et qui reste la prérogative exclusive du Fils unique. (Voir sur ce nom verset 14, 4e note)
    Jean avait entendu cette déclaration de la bouche même de son Maître. (Jean 6.46 ; Matthieu 11.27)
    Tout homme déchu serait resté à jamais exclu d'une connaissance parfaite de Dieu, s'il ne nous avait été révélé en Jésus Christ. Mais c'est cette révélation même que l'évangéliste proclame maintenant avec bonheur. Et pour que nous comprenions mieux encore comment le Fils unique pouvait nous faire connaître Dieu (grec le révéler, l'expliquer), il dépeint sa communion parfaite avec lui, par ces mots profonds : le Fils unique qui est dans le sein (comparez Jean 13.23, note) du Père.
    Quelques interprètes (Meyer, Hofmann, Weiss) voient dans ces mots la relation du Fils avec Dieu après son retour dans la gloire, et non durant son état d'abaissement sur la terre.
    Jean emploierait cette expression en se plaçant au point de vue du temps où il écrivait : qui est maintenant dans le sein du Père.
    Mais, comme le fait justement observer M. Godet, "l'état céleste dont jouit présentement Jésus ne saurait expliquer comment il a pu révéler Dieu parfaitement pendant qu'il était sur la terre."
    Jésus a toujours été dans le sein du Père, par sa communion intime avec lui ; il était "dans le ciel" (Jean 3.13) tout en vivant sur la terre et, en mainte occasion, il déclare dans notre évangile qu'il ne parle que selon ce qu'il voit et entend de son Père.
    C'est parce qu'il était dans le sein du Père qu'il a pu être, non seulement le révélateur, mais la révélation même de Dieu.
    - Jean affectionne ce beau et doux nom de Père, parce que Jésus exprimait habituellement par ce nom l'ineffable amour qui est l'essence de Dieu.
    "Jésus a manifesté Dieu comme Père, et pour cela...il lui a suffi de se montrer comme Fils Montrer en lui le Fils, c'était le mode le plus simple de montrer en Dieu le Père." Godet.
    Aussi, en contemplant son Maître, le disciple a trouvé cette définition sublime de Dieu : Dieu est amour.
    Ce verset 18 résume tout le prologue, qui n'a d'autre but que de nous montrer dans le Fils unique la révélation même de Dieu et d'amener les hommes à la foi en lui. C'est là aussi le but de tout cet évangile. (Jean 20.31)
    - Sin., B, C portent : "le Dieu Fils unique qui est dans le sein du Père." Cette variante a donné lieu à de savantes discussions, desquelles il résulte que les deux leçons existaient déjà au deuxième siècle.
    La leçon : le Dieu Fils unique, est attestée par les Pères alexandrins à peu près exclusivement. Elle ne trouve son analogue dans aucun texte du Nouveau Testament.