Jean 18:12-17
(Annotée Neuchâtel)
12
La cohorte donc, et le tribun, et les huissiers des Juifs se saisirent de Jésus, et le lièrent.
13
Et ils le conduisirent premièrement vers Anne ; car il était beau-père de Caïphe, qui était souverain sacrificateur de cette année-là.
14
Or Caïphe était celui qui avait donné aux Juifs ce conseil : Il est avantageux qu'un seul homme meure pour le peuple.
15
Or, Simon Pierre suivait Jésus avec un autre disciple. Or ce disciple était connu du souverain sacrificateur, et il entra avec Jésus dans la cour du souverain sacrificateur ;
16
mais Pierre se tenait dehors, près de la porte. L'autre disciple, qui était connu du souverain sacrificateur, sortit donc et parla à la portière, et fit entrer Pierre.
17
La servante donc, la portière, dit à Pierre : N'es-tu pas, toi aussi, des disciples de cet homme ? Il dit : Je n'en suis point.
Références croisées
18:12 Jn 18:3, Mt 26:57, Mc 14:53, Lc 22:54, Ac 21:31, Ac 21:37, Ac 22:24-28, Ac 23:10, Ac 23:17-22, Gn 22:9, Gn 40:3, Jg 16:21, Ps 118:27, Mt 27:2, Mc 15:1Réciproques : Mt 21:39, Mc 14:46, Ac 4:3
18:13 Mt 26:57, Lc 3:2, Ac 4:6, Jn 11:51, Jn 18:24
Réciproques : Mt 26:3, Mc 14:53, Jn 11:49
18:14 Jn 11:49-52
Réciproques : Mt 26:3, Mc 14:53, Lc 3:2, Jn 11:50, Ac 4:6, 2Co 8:10, 2Co 12:1
18:15 Mt 26:58-68, Mc 14:54, Lc 22:54
Réciproques : Mt 26:56, Mc 14:66
18:16 Réciproques : Ex 38:8, Mt 26:56, Mt 26:58, Mt 26:69, Mc 14:54, Jn 13:38, Jn 18:17, Ac 4:13
18:17 Jn 18:16, Mt 26:69-70, Mc 14:66-68, Lc 22:54, Lc 22:56, Lc 22:57, Jn 18:5, Jn 18:8, Jn 21:15, Mt 26:33
Réciproques : Gn 18:15, Mc 14:30, Mc 14:69, Lc 22:55, Jn 13:38, Jn 20:6, Jn 21:16, Ac 1:13, Ac 4:13
Notes de la Bible Annotée Neuchâtel
A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informationsJean 18
- 18.12 La cohorte donc, et le tribun, et les huissiers des Juifs se saisirent de Jésus, et le lièrent. 12 à 27 Jésus devant Anne. Reniement de Pierre.
Jean nomme avec une intention marquée tous ceux qui coopérèrent à l'arrestation de Jésus : la cohorte, le tribun, les huissiers, puis il ajoute (grec) : prirent ensemble Jésus et le lièrent.
M. Luthardt fait observer que cette expression peint l'effet de la terreur que tous ces gens venaient d'éprouver ; (verset 6
) ils croient devoir réunir toutes leurs forces pour s'assurer d'un seul homme ; et, en outre, ils le lient. Jésus lié est resté dans le souvenir de son Eglise comme l'image touchante du sacrifice complet de la volonté. - 18.13 Et ils le conduisirent premièrement vers Anne ; car il était beau-père de Caïphe, qui était souverain sacrificateur de cette année-là. Voir, sur Anne (en hébreu Chanan, en grec Annas ou Ananos),
Luc 3.2
, note.
Jean indique ici la raison (car) de cette comparution de Jésus devant Anne, omise par les premiers évangiles : c'est qu'il était beau-père de Caïphe, le souverain sacrificateur, et qu'ayant lui-même revêtu longtemps cette charge, on crut que cette marque de déférence était due à son âge et à son influence.
Il devait donc, pendant qu'on assemblait le sanhédrin chez Caïphe, préparer l'audience qui allait suivre et peut-être, en interrogeant Jésus, lui arracher quelque parole dont on pût profiter. (verset 19
)
- Sur cette expression : sacrificateur de cette année-là, voirJean 11.49
, note, et, quant à la différence du récit de Jean avec celui des synoptiques, comparezverset 16
, note. - 18.14 Or Caïphe était celui qui avait donné aux Juifs ce conseil : Il est avantageux qu'un seul homme meure pour le peuple. Comparer
Jean 11.49-51
.
Notre évangéliste rappelle cette parole inique de Caïphe pour montrer ce que Jésus avait à attendre d'un juge dont le parti était ainsi pris d'avance. La prophétie involontaire de Caïphe allait s'accomplir. - 18.15 Or, Simon Pierre suivait Jésus avec un autre disciple. Or ce disciple était connu du souverain sacrificateur, et il entra avec Jésus dans la cour du souverain sacrificateur ; Les manuscrits se partagent entre un autre (Sin., B, A) et l'autre disciple (avec l'article). Même en admettant la première leçon, Il n'y a pas lieu de penser que ce disciple soit un inconnu, citoyen de Jérusalem (Augustin, Calvin, Grotius) ou Jacques, frère de Jean (Godet).
C'est notre évangéliste lui-même, qui, selon son habitude, évite de se nommer. (Jean 20.2,3,4,8
. Voir l'introd.)
Le verbe à l'imparfait : suivait Jésus, peint la situation. - 18.16 mais Pierre se tenait dehors, près de la porte. L'autre disciple, qui était connu du souverain sacrificateur, sortit donc et parla à la portière, et fit entrer Pierre. Comment Jean était connu dans la maison du souverain sacrificateur, c'est ce qu'on ignore et sur quoi il n'y a que des conjectures.
Mais ici se pose une question plus importante. Quel est ce souverain sacrificateur dans la maison duquel les deux disciples viennent d'entrer ? Est ce Anne chez qui Jésus a d'abord été conduit (verset 13
) et qui portait encore ce titre ? ou bien est-ce Caïphe, que l'évangéliste vient de désigner expressément comme le "souverain sacrificateur de cette année là ?" (versets 13,14
)
La solution de cette question nous permettra de fixer le lieu de l'interrogatoire que va subir Jésus, (versets 19-23
) et celui des divers reniements de Pierre, que notre récit fait commencer ici même. (verset 17
)
Après les mots : ils l'emmenèrent à Anne, (verset 13
) il ne peut être question que de ce beau-père de Caïphe et de son palais C'est là que Jésus fut interrogé par Anne lui-même et c'est là que Pierre le renia.
Selon les synoptiques, au contraire, Jésus fut conduit directement chez Caïphe, dont le palais fut le théâtre de tous ces faits.
Pour sauvegarder leur exactitude et faire disparaître le désaccord qu'il y a entre leur relation et le récit de Jean, on a prétendu que, dans tout ce récit, (versets 13,15,19,23,24
) le titre de souverain sacrificateur n'est donné qu'à Caïphe seul, qui en avait la charge ; et que, par conséquent, nous sommes ici dans son palais et qu'il est seul acteur dans cette scène.
Mais comment expliquer alors le fait mentionné auverset 24
à la suite de l'interrogatoire ? (versets 19-23
) L'ancienne exégèse intercalait ceverset 24
immédiatement après leverset 13
, ou prenait le verbe pour un plus-que-parfait, comme le traduit Ostervald : "Or Anne l'avait renvoyé à Caïphe," etc.
C'est là ce qu'Ebrard appelle, avec raison, une exégèse de casse-cou. Il faut donc laisser toute cette scène chez Anne, où l'a placée notre évangéliste, voulant rétablir ainsi un fait omis par les synoptiques.
Seulement, il faut bien se garder de conclure de là que Jean nie ou ignore le jugement de Jésus devant le sanhédrin, sous la présidence de Caïphe, jugement que les premiers évangiles racontent en détail.
En effet, Jean n'attribue aucune action officielle, aucune sentence à Anne, qui n'eut, avec Jésus, qu'un entretien privé. (verset 13
, note.)
Tout, au contraire, dans notre récit, suppose et affirme le jugement officiel par Caïphe. On conduit Jésus premièrement à Anne, (verset 13
) et ce mot fait attendre ce qui eut lieu ensuite. Anne renvoie Jésus à Caïphe. le souverain sacrificateur, son vrai juge. (verset 24
)
Enfin, après sa condamnation, Jésus est emmené de chez Caïphe au prétoire. (verset 28
)
Mais comment expliquer que les synoptiques aient non seulement confondu l'interrogatoire chez Anne avec la comparution devant Caïphe, mais placé le reniement de Pierre dans le palais de Caïphe, tandis qu'il avait eu lieu dans celui d'Anne ? Une telle erreur n'est elle pas invraisemblable ?
La solution est des plus simples : ces deux dignitaires, le beau-père et le gendre, habitaient le même palais, n'ayant qu'une seule cour. Ce n'est point là une supposition, mais un fait qui ressort avec évidence du récit de Jean. En effet, auverset 18
nous voyons Pierre se chauffer près d'un feu dans la cour d'Anne où il est entré ; et auverset 25
, après que Jésus a été conduit chez Caïphe, nous retrouvons ce disciple auprès du même feu dans la même cour.
Ce fait indubitable est constaté même par de Wette, ainsi que par beaucoup d'autres interprètes. M. Godet, tout en admettant la double comparution de Jésus devant Anne d'abord, puis devant Caïphe, pense que, d'après notre récit, même en présence d'Anne, Jésus fut interrogé par Caïphe ; (versets 19-23
) la mention de Caïphe, auverset 13
, fixerait dès ce moment l'attention du lecteur sur lui et reléguerait Anne à l'arrière-plan.
Mais si c'est Caïphe qui a présidé à l'interrogatoire, (versets 19-23
) il serait peu naturel que l'évangéliste ajoutât, sans autre : (verset 24
) "Anne donc l'envoya lié à Caïphe, le souverain sacrificateur."
Le titre de souverain sacrificateur est donné à Anne. (Actes 4.6
; comparezLuc 3.2
, note.) Et dans notre évangile même, ce terme, au pluriel, les souverains sacrificateurs, est appliqué à toute la classe des prêtres d'ordre supérieur qui constituaient une portion notable du sanhédrin, et qui tiennent le rôle principal dans le procès de Jésus. (Jean 12.10 ; 18.35 ; 19.6,21
)
Il n'y a donc rien d'anormal à ce que dans notre passage, et notamment dans lesversets 19,22
, ce titre désigne Anne. - 18.17 La servante donc, la portière, dit à Pierre : N'es-tu pas, toi aussi, des disciples de cet homme ? Il dit : Je n'en suis point. Voir, sur le reniement de Pierre :
Matthieu 26.69-75 ; Marc 14.66-72 ; Luc 22.55-62
, notes.
Cette servante, qui remplissait l'office de portière, savait sans doute que Jean était disciple de Jésus, (verset 15
) et comme c'est à sa demande qu'elle laisse entrer Pierre, elle en conclut que ce dernier doit l'être aussi, de là sa question : N'es-tu pas, toi aussi ?
Il y a du mépris dans les mots : disciple de cet homme.
- Jean place le premier reniement pendant la comparution de Jésus devant Anne ; les deux autres eurent lieu après qu'il eut été conduit à Caïphe. (versets 25-27
)
Luc confirme indirectement le récit de Jean en rapportant "qu'environ une heure" s'écoula entre les deux premiers reniements et le dernier. (Luc 22.59
)
Cette circonstance aggrave singulièrement le péché de ce pauvre disciple, puisqu'il eut, entre la première attaque et la troisième, tout le temps de la réflexion.