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Insécurité dans la famille et avortement
3. Avortement : Survivants, doutes existentiels

Auteur :
Type : Dossier
Thème : Avortement
Source : Aimer & Servir
Réf./Date source : 132  
Publié sur Lueur le
Sommaire du dossier :
  1. Insécurité dans la famille et avortement
  2. Avortement : Survivants, doutes existentiels

Les survivants

Aujourd'hui, il y a beaucoup de mères qui ne sont pas sûres d'avoir bien fait de garder leur enfant. Elles doutent. Que va vivre l'enfant d'une telle mère ? Est-ce qu'il sera sûr d'être le bienvenu sur cette terre ? Se sentira-t-il pleinement le droit d'exister ? Que sommes-nous en train de déclencher au travers de la banalisation de l'avortement ? Certains psychiatres commencent à évoquer le syndrome des survivants d'avortement !

Beaucoup de survivants de catastrophes naturelles ou d'accidents ont douté de leur droit de continuer d'exister. On pense généralement que les survivants ont de la chance et qu'ils doivent s'estimer heureux d'être en vie. Mais, c'est souvent le contraire pour eux. Survivre là où tant d'autres ont péri peut jeter un doute profond sur le bien-fondé de poursuivre son existence. Dans une proportion importante, les survivants mettent eux-mêmes un terme à leur existence. Mais lorsque l'on survit, là où tant d'autres meurent par l'accord tacite ou affirmé de ses propres parents, que se passe-t-il ?

Les doutes existentiels

Si quelqu'un manque de sagesse, qu'il la demande à Dieu qui donne à tous généreusement et sans reproche (Jc 1.5). Si tu as des reproches à te faire, si tu te sais coupable, si tu as péché, demande la sagesse à Dieu. Dieu te la donnera sans reproche. Car celui qui doute... Qu'un tel homme ne pense pas qu'il recevra quelque chose du Seigneur (Jc 1.6-7). D'un côté, Il donne à tous abondamment, d'un autre côté, s'il y a doute, il ne faudrait même pas s'imaginer recevoir quoique ce soit.

Ne faut-il pas
proposer
des alternatives ?

Nous pouvons comprendre que les survivants d'une catastrophe soient affectés par un doute sur le droit de poursuivre leur existence. Mais ce que j'aimerais développer, c'est la tragédie du survivant de l'avortement. Ses doutes existentiels l'empêchent « d'entrer » en possession de son plein droit d'exister. Dès lors, comment peut-il s'imaginer recevoir quoi que ce soit ?

Il existe dans la Bible une théologie des survivants. C'est une bonne nouvelle. Chaque fois que la Bible parle du « reste », c'est-à-dire des réchappés ou de ceux qui ont sur vécu, le mot hébreu peut être traduit par « les survivants ». Chaque fois que Dieu relate des jugements, des famines, des déportations, le reste, les épargnés sont des survivants. Moïse est un survivant du planning familial de Pharaon. Jésus est un survivant du massacre des enfants de Bethléem. L'Evangile brille comme un diamant dans la nuit pour les survivants.

Mais l'annonce de l'Evangile pose un problème très particulier à ceux qui ont « échappé » à leurs propres parents. Ils appartiennent à une famille dont les parents ont admis, bon gré mal gré, le droit d'éliminer leurs frères et soeurs, alors qu'ils ont pour vocation d'établir leurs enfants dans leur plein droit d'exister. En envisageant l'avortement ou en y recourant comme une solution acceptable et raisonnable, ces parents-là génèrent une nouvelle détresse existentielle chez leurs enfants épargnés. « Mes parents n'ont pas épargné mon petit frère ou ma petite soeur. Ma vie ne tient qu'à leur décision ! »

En France et en Suisse, plus d'un quart des enfants à naître sont éliminés. Les thérapeutes d'aujourd'hui doivent de toute urgence prendre en compte les nouvelles questions existentielles de cette génération. Beaucoup de jeunes aujourd'hui savent que s'ils avaient été conçus dans un contexte moins favorable, pour des raisons de planification ou de finances, leurs parents n'auraient pas hésité à les éliminer. Etre désiré, c'est une très bonne chose. Mais être désiré au prix de la vie d'un frère ou d'une soeur, qu'est-ce cela signifie ?

Voici un exemple montrant que nous sommes en train de mettre « un bug » dans l'esprit de cette génération. J'ai parlé avec un professeur qui venait de sortir d'une dépression sévère parce qu'il avait giflé l'un de ses élèves. Les parents ont porté plainte et il s'en est suivi une accablante bagarre juridique. Il disait : « Aujourd'hui, si l'on touche à un enfant, alors même que son attitude est inadmissible, le risque est grand !»
Dans ce même collège, des cours d'éducation sexuelle sont donnés aux enfants dès huit ans. On leur explique que les relations sexuelles doivent êtres protégées pour éviter le Sida et pour éviter une éventuelle grossesse. Dans les deux cas, la sexualité est associée à la mort. Si tu contractes le Sida, tu vas mourir ! Si tu es enceinte, alors que tu ne peux l'assumer, c'est lui qui devra mourir. Et voici "le bug" ! D'un côté, on mena-ce gravement un professeur qui gifle un élève et de l'autre, on enseigne aux même élèves le droit de disposer de la vie des enfants à naître selon des critères purement arbitraires.

L'intouchabilité, l'impunité des enfants aujourd'hui, a quelque chose à voir avec un sentiment commun de culpabilité consécutif à l'élimination d'un pan entier de la nouvelle génération. Pour se justifier du droit de les sélectionner et d'éliminer plus d'un enfant sur quatre, nous n'osons plus discipliner ceux qui ont passé entre les mailles du filet !

Ainsi, la définition d'un survivant de l'avortement, c'est un enfant qui est issu d'une fratrie réduite par décision de ses parents, secondairement par les autorités médicales ou politiques. Le survivant d'avortement n'a pas la base, les outils élémentaires, pour saisir et entrer en possession de son droit d'exister. Cela a des conséquences dans tous les domaines. Les survivants ont de la peine à entrer en possession de leur propre corps de leur identité sexuelle, à établir une relation stable avec les autres. Ils ressentent une profonde insécurité relationnelle, avec une difficulté à acquérir des connaissances et un savoir. Ils ont peur de s'établir, peur de l'avenir. Ils éprouvent beaucoup plus de difficultés à devenir parents. Ils consacrent beaucoup d'énergie à justifier leur propre existence et en manquent pour défendre celle des autres et même celle de leurs propres enfants. Les survivants ont recours beaucoup plus facilement à l'avortement.

Les survivants d'avortements sont des personnes fragiles et dangereuses pour elles-mêmes et pour les autres. C'est une clé pour comprendre l'augmentation de l'insécurité dans notre société. Plus d'un quart de grossesses sont avortées chaque année en France. Cela fait un nombre considérable de familles concernées au bout de 10 ans. L'immense majorité de la nouvelle génération est directement concernée par les problématiques de l'avortement. Quand et comment les chrétiens vont-ils entrer en jeu ?

La sécurité est directement liée à notre capacité d'acquérir et de s'établir dans son propre droit de vivre. Choisis la vie... afin que tu puisses t'établir et rester dans le pays (Dt 29.30).

Si le survivant a de la peine à entrer en possession de quoi que ce soit pour lui-même, son agressivité empiète constamment sur le terrain qui appartient aux autres. S'il ne possède rien pour lui, comment pourrait-il envisager que d'autres possèdent quelque chose ? Et si personne ne possède plus rien, plus rien n'a de valeur. C'est là l'origine de la violence gratuite.

Comment allons-nous apprendre aux victimes du syndrome post-avortement à entrer dans leur plein droit d'exister ? Comment allons-nous annoncer l'Evangile aux survivants ? Comment allons-nous leur dire : « Dieu t'aime, Il a donné son Fils en sacrifice pour toi. » Dieu s'est-il débarrassé de son Fils comme mon père ou ma mère se sont débarrassés de mes frères et soeurs ? Quel défi pour les chrétiens aujourd'hui. Il existe un lien entre le cynisme de cette génération face à l'annonce de l'amour de Dieu le Père et la banalisation de l'avortement. Nous sommes en face d'une génération pour qui l'annonce de la mort du Fils de Dieu par amour pour nous est devenue incompréhensible, voire insupportable. Beaucoup sont prêts à entrer dans n'importe quelle démarche spirituelle ! Mais, la notion de rédemption par le sang du Fils donné en sacrifice, accomplissant la volonté du Père leur est devenue inaccessible.

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