Les Baptistes et l'Eglise
Type : Réflexion
Thème : Les Protestants Baptistes
Source : Construire Ensemble
Réf./Date source : 05-1998
Publié sur Lueur le
Nous disons volontiers, lorsque nous parlons du fonctionnement de nos Eglises, qu'elles sont de type congrégationaliste. Voici quelques repères sur cette forme de gouvernement de l'Eglise (1)
Des Eglises souveraines
1. "L'Eglise est là où se trouve une communauté de chrétiens, c'est-àdire une Eglise locale... Ce n'est donc pas une institution, une hiérarchie ou un organisme quel qu'il soit, qui constitue l'Eglise. Chaque Eglise locale est réellement l'Eglise, la cellule originelle où se manifeste la communion des saints, et pas seulement un morceau de l'Eglise, qu'elle soit régionale, nationale et même mondiale" (2).De cette conviction fondamentale de l'ecclésiologie baptiste en découlent immédiatement plusieurs autres.
2. Cette Eglise, puisqu'elle est pleinement l'Eglise, ne relève que d'une autorité, celle de son Seigneur. Elle ne dépend - pour reprendre les formules ci-dessus - ni d'une institution, ni d'une hiérarchie, ni d'un organisme quel qu'il soit. Elle est responsable elle-même de son organisation, de la forme de son culte, du choix de ses "ministres" (pasteurs, anciens, diacres et autres), de l'ensemble de sa vie, de tout ce qui la concerne, dans la conformité à l'enseignement des Saintes Ecritures. "Toute Eglise Baptiste est un organisme autonome qui ne relève que de lui-même et de Dieu" affirment les statuts de notre Fédération.
3. Ceux qui constituent l'Eglise ont, librement et personnellement, décidé de suivre le Christ, dans sa mort et sa résurrection, signifiées par leur baptême. Une décision de cette importance qui oriente la vie tout entière, l'insère dans la communion de l'Eglise et lui ouvre des perspectives insoupçonnées, est un acte d'adulte, de personne responsable. Il est donc normal qu'elle soit impliquée réellement dans le fonctionnement et la marche de la communauté dont elle est maintenant membre. Bien entendu il y a des ministères différents, mais tous les membres sont égaux, avec les mêmes prérogatives et les mêmes devoirs.
Des Eglises solidaires
Ces principes, si bons soient-ils, peuvent être comme la "lettre qui tue" si l'on en oublie l'esprit (cf. 2 Co 3.6). Le congrégationalisme peut être réducteur et son étroitesse avoir de fâcheuses conséquences : isoler l'Eglise dans une solitude frileuse ou orgueilleuse ; susciter une certaine suffisance, celle de penser que l'on est capable de se suffire, que les autres n'ont pas la même valeur et que leur fréquentation pourrait être pernicieuse ; garder pour soi des possibilités dont d'autres auraient besoin...Conscientes de ces dangers, les Eglises baptistes soulignent la nécessité de ne pas s'enfermer dans leurs chapelles. D'ailleurs, si chaque Eglise locale est réellement l'Eglise, il n'en reste pas moins que "l'Eglise est une réalité universelle dont Dieu seul connaît les dimensions" (2). Ses diversités, comme ses similitudes sont des richesses dont tous ont réciproquement besoin.
Et s'il est vrai aussi "qu'entre l'Eglise invisible, universelle et l'Eglise locale visible, il ne peut exister que des institutions humaines" (2), il n'en reste pas moins vrai non plus, que, même si elles ne sont pas indispensables, elles peuvent être utiles. Y participer ne peut donc que contribuer au bien de tous. Dès les premières décennies de leur histoire, les Eglises baptistes ont pratiqué cette fraternelle interdépendance. La Confession de foi de Londres, rédigée en 1644, est limpide à cet égard : "Bien que les différentes communautés forment des organismes distincts et séparés, chacune étant elle-même une cité complète et bien coordonnée, il n'empêche qu'elles doivent toutes, en tant que membres d'un seul corps, marcher selon une seule et même règle et rechercher, par tous les moyens possibles, les conseils et l'aide des Eglises soeurs, pour toutes les affaires relatives à la vie de l'Eglise, dans une foi commune et une même soumission au Christ leur chef".
Notre Fédération est un de ces organismes non indispensable mais utile de bien des façons. Dans le respect de la souveraineté des Eglises locales, elle répond à un triple besoin :
- de rapprochement fraternel. L'Eglise n'est pas un îlot isolé dans l'immensité d'un océan;
- de collaboration. Certaines actions ne deviennent possibles que si plusieurs s'y associent;
- d'entraide. A l'exemple de ce qui s'est passé au début de notre ère, en faveur de l'Eglise de Jérusalem (cf. Rm 15.25-27; 2 Co 8-9).
Au-delà de ces raisons utilitaires qui peuvent être, elles aussi limitatives, au-delà de notre propre Fédération et de la grande famille baptiste, avec tous les bienfaits qu'elles représentent, une allégresse supplémentaire est donnée à ceux qui prennent conscience et qui manifestent qu'ils appartiennent à la grande famille de ceux qui aiment le Seigneur et qui attendent son avènement, ce peuple "aussi nombreux que les étoiles du ciel et que le sable qui est au bord de la mer" (Gn 22.17).
Telles sont quelques-unes des caractéristiques de l'ecclésiologie des Eglises Baptistes. Un ensemble de réalités positives à connaître mais aussi... à vivre.
"L'Eglise du Christ est une compagnie de fidèles, séparés du monde par la Parole et l'Esprit de Dieu, unis au Seigneur et les uns aux autres, par le baptême sur confession de leur foi et de leur péché".
(1) Le monde dit chrétien connaît deux autres formes principales de gouvernement: l'épiscopalisme où l'autorité est celle de l'évêque, le système presbytérien où elle est dévolue aux presbytres (anciens); il est le plus souvent de type presbytérien synodal, l'autorité finale appartenant au synode constitué par un ensemble de communautés locales.
(2) Extraits de la résolution adoptée à l'unanimité par le Congrès de la FEEBF du 11 mai 1961. Une des définitions les plus concises de l'Eglise est celle de Thomas Helwys, au début du 17ème siècle.
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