Dépendances et spiritualités
5. Le pouvoir de la séduction
Type : Dossier
Thème : Les dépendances
Source : Aimer & Servir
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Publié sur Lueur le
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On parle beaucoup de la manipulation mentale. Pour notre part, nous croyons qu'un individu peut être manipulé mentalement, c'est-à-dire endoctriné par une fausse spiritualité. Mais nous parlons moins de la manipulation du coeur. Car la dépendance spirituelle est le résultat des « Don Juan » sectaires. La dépendance commence aussi par la séduction, une séduction tant humaine que diabolique. Car la séduction est aussi une prise de pouvoir sur l'autre, une violation de la conscience et, finalement, une perte de liberté.
Les sectaires avancent toujours masqués. Pire, ils n'hésitent pas à se prendre pour la réincarnation de tel ou tel prophète et, bien entendu, pour le Christ. Jésus lui-même (le vrai !) avait prévenu ses disciples : « Car plusieurs viendront sous mon nom, disant : c'est moi qui suis le Christ. Et ils séduiront beaucoup de gens » (Matthieu 24/5). « Plusieurs faux prophètes s'élèveront, et ils séduiront beaucoup de gens » (Matthieu 24/11) et : « Car il s'élèvera de faux christs et de faux prophètes ; ils feront de grands prodiges et des miracles, au point de séduire, s'il était possible, même les élus » (Matthieu 24/24).
Et l'apôtre Jean, dans le livre de l'Apocalypse : « Mais ce que j'ai contre toi, c'est que tu laisses la femme Jézabel, qui se dit prophétesse, enseigner et séduire mes serviteurs, pour qu'ils se livrent à la débauche et qu'ils mangent des viandes sacrifiées aux idoles » (Apocalypse 2/20).
Notre monde est celui de la séduction. Les sectes sont passées maîtres dans l'art de séduire. Voici une excellente définition du médecin psychiatre Jean-Marie Abgrall : « Séduire, c'est avant tout plaire, mais c'est aussi détourner de la vérité. Tout le travail des sectes vise à proposer une utopie chatoyante en lieu et place de la grisaille quotidienne. Le recruteur-séducteur met en scène l'illusion sectaire ; il agit comme un bateleur pour attirer les adeptes potentiels ; il propose des réponses simples à des interrogations complexes ; il charme l'interlocuteur pour créer l'illusion de l'échange affectif ; il joue en permanence sur le rôle des émotions, effaçant de ses propos toute logique ; il oppose la morbidité du réel à la perspective d'un amour idyllique, celui qui règne au sein de la communauté » (in L'Etat face aux dérives sectaires, p.94, Helbing & Lichtenhahn, Bâle, 2000).
La dépendance spirituelle guette n'importe quel mouvement religieux, y compris nos églises chrétiennes. Le message des sectes est à la fois merveilleux et simpliste. S'appuyant sur les émotions, le recruteur pourra affirmer des choses sensées ou, au contraire, absurdes, peu importe, le message passera car les dernières barrières mentales ou psychologiques auront sauté. Et cela est d'autant plus vrai que la téléologie religieuse, la finalité de toutes les fausses spiritualités, est de changer le monde.
Mais une question se pose : la manipulation mentale existe-elle ? Le terme de manipulation mentale n'existe dans aucun dictionnaire, et pourtant c'est un mot couramment utilisé. Le critère de manipulation mentale est flou. Car on peut « s'auto-manipuler » en « dévorant » les livres occultes de la bibliothèque municipale. La plupart des grands occultistes des XIXe et XXe siècles ont été des autodidactes, au moins à leur début.
A notre avis, il est difficile de dire quand la manipulation mentale a commencé d'exister. En revanche, lorsqu'une personne est devenue dépendante de son mouvement, à tel point que sa vie privée, familiale et professionnelle est gravement perturbée, que ses propos sont à la fois à sens unique et surtout incohérents, à partir de ce moment la question mérite d'être posée. Il faut, en effet, se la poser par rapport à la dépendance mentale et spirituelle.
La manipulation mentale est une expression à la fois large et massive. Sa connotation est négative. Pour notre part, nous croyons de plus en plus à l'état de dépendance. L'état de dépendance d'un toxicomane ou d'un alcoolique est sensiblement le même que celui d'un sectaire. On peut donc parler d'un « drogué de l'esprit » ! Les « naufragés de l'Esprit » ou les « fous de Dieu » sont dans un tel état de dépendance que nul, apparemment, ne pourrait les sortir de là.
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