Illettrisme biblique

Il y a lieu de s'inquiéter de la progression de l'illettrisme en France. Grâce à l'instruction gratuite et obligatoire, il y a peu d'analphabètes dans notre pays. Mais un illettré n'est pas un analphabète. C'est quelqu'un qui est allé à l'école, qui a appris à lire et à écrire, mais qui est incapable d'utiliser ces outils que sont la lecture et l'écriture. Il est difficile de se rendre compte du handicap que cela représente: ne pas pouvoir lire un panneau indicateur ou un journal, être incapable de remplir le formulaire le plus simple ou de prendre seul l'autobus faute de savoir où il se rend, ne pas savoir rédiger la moindre lettre. L'illettrisme est une dramatique forme de pauvreté qui toucherait de 10 à 20% de la population adulte.

Quelles en sont les causes? Elles sont sans doute multiples: un milieu familial socialement démuni, marginalisé et souvent brisé; une école qui sait pourtant enseigner la lecture et l'écriture, mais qui sait moins bien aider ceux qui ont décroché; la télévision ou l'image qui remplacent le texte écrit; une mauvaise connaissance de la langue française chez les immigrés. Tout cela sans doute joue un rôle.

D'une façon ou d'une autre, des hommes, des femmes, des jeunes et des adultes désapprennent ce qu'ils ont appris parce qu'ils ne l'utilisent jamais. Un art qu'on ne pratique pas se perd rapidement.

Je me demande si certains chrétiens ne sont pas en danger d'être bibliquement illettrés. Ils ont une Bible, ils l'ont lue, au moins en partie, au moment de leur conversion. Mais ils ont perdu l'habitude de la lire régulièrement. Ils ne lisent pas non plus d'ouvrages ou de journaux chrétiens - ou si peu. Les messages qu'ils entendent leur suffisent. Mais souvent, ces messages se contentent de rapporter des expériences (souvent intéressantes et utiles), mais contiennent peu d'enseignement biblique. Du coup, ces chrétiens sont privés de la nourriture solide, ou même parfois du lait de la Parole. Comment alors pourraient-ils grandir?

Au temps de la Réforme et lors des réveils du XIXème siècle, des gens simples, sans instruction ont appris à lire pour pouvoir se nourrir de la Parole de Dieu. Ils y étaient exhortés par leurs conducteurs. Je souhaite que nos Eglises soient sensibles au danger d'illettrisme spirituel et encouragent vivement les chrétiens à progresser dans la pratique de la lecture de la Bible et de bons textes chrétiens.

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