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La main

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Type : Réflexion
Thème : Non classés
Source : Aimer & Servir
Réf./Date source : 113  
Publié sur Lueur le
L'association d'entraide "Le Relais" cherche à témoigner par leurs actes, à l'exemple de Jésus-Christ, de l'Amour de Dieu pour tous les hommes et plus particulièrement auprès de ceux qui sont mal aimés et paumés, enfermés ou exclus, sans abri et sans espérance. "Le Relais" est une équipe de chrétiens bénévoles et professionnels, issus de différentes églises de Strasbourg et des environs, au service de jeunes majeurs en situation difficile pour les accompagner vers une nouvelle autonomie.

"Allez, viens si tu es un homme !"

Dimanche soir au bus de l'entraide, l'un des deux hommes assis sur la banquette vient de se lever. Comme un forcené, il se rue vers la porte invitant à le suivre celui qui, médusé, le regarde, afin qu'ils aient, une bonne fois pour toutes, une véritable explication, "entre hommes". Tentative de dialogue momentanément avortée.

Cette main levée, bientôt refermée en poing, exprime tout le mystère de la violence.

Enigme du mal et mystère de ma main capable du meilleur comme du pire.

Main généreuse, main oublieuse main séditieuse, violeuse, revendicatrice.

Main trop vite prolongée par un couteau.

Main bistrée, aux doigts fragiles, et gracieux, qui se place sur le coeur dans un élan de sincérité.

Main dans la paume de quelle l'on peut toucher du doigt lute cette potentialité d'amour, de tendresse et de générosité qui ne demandent qu'à trouver un point d'émergence.

Main pâle essuyant les larmes qui coulent de part et d'autre d'une bouche édentée.

Main baguée ou tatouée, ongles rongés ou longs, sales a excessivement maquillés, mai toujours blessée.

Main en mal de ribote cherchant désespérément le goulot d'une bouteille.

Main gonflée par le froid ou mal cachée dans un gant troué.

Main bronzée retenant un pantalon sans ceinture.

Main désoeuvrée, vide de projets d'avenir, s'accrochant désespérément à l'immédiateté du présent.

Main cherchant une autre main à serrer, un corps à caresser.

Main demandant à être aimée, adoptée ou tout simplement livrer son secret.

Main faussement oublieuse d'un passé que l'on voudrait rouler.

Main de celui qui, en recherche de son identité et de sa culture, cramponné sur un stylo, recopie fébrilement des pages et des pages du dictionnaire.

Il y a cette main aussi, celle de Jésus, la même qui, furieuse, renverse les étalages des marchands du temple, magnanime, guérit cet aveugle né ou relève cette femme conspuée, vers lesquels se lèvent des doigts accusateurs.

La même encore, dans le jardin de Géthsémané à l'heure de la tristesse et du doute, se faisant prière suppliante vers le Père avant de retrouver la confiance.

La même, toujours, clouée sur le bois de la croix. La même enfin, glorieuse au matin de la résurrection.

Et puis cette main tant aimée, fraternelle, se tendant vers ma joue dans un ultime geste de tendresse, comme pour me dire "à plus tard".

Main, non pas anonyme mais riche d'un nom et d'une humanité appelée inlassablement vers un "à-venir", à l'aube duquel elle pourra enfin s'épanouir pleinement. Au fil de ces soirées, toujours persister à vouloir construire des noeuds d'existence, ancrages pour l'espoir et la solidarité trop souvent oubliés à cause de la complexité de la vie.

Tu m'entoures par derrière et par devant, et tu mets ta main sur moi
(Ps 139.5)

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