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Le don de Dieu

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Type : Réflexion
Thème : Le Caractère du Chrétien
Source : Construire Ensemble
Réf./Date source : 59  
Publié sur Lueur le

Le don est au cœur de la foi chrétienne. Comme le disait Jésus à la Samaritaine : « si tu connaissais le don de Dieu… » (Jn 4.10) Si nous connaissions le don de Dieu dans toute son ampleur, nous aurions ainsi la connaissance de son amour. L’Évangile est la bonne nouvelle du don de Dieu, de sa grâce, de son pardon. Ainsi, nous sommes d’abord de ceux qui reçoivent car c’est à nous que le cadeau est fait, cadeau de la vie et, en Jésus-Christ, de la vie éternelle.

 

Donner, c’est donc entrer dans le mouvement même de Dieu, c’est faire comme lui et, le plus possible, de la même manière. « Vous avez reçu gratuitement, nous dit Jésus, donnez gratuitement » (Mt 10.8). Et c’est bien cette gratuité qui pose problème, qui ne nous est pas naturelle. Nous sommes habitués à l’échange, au troc, au donnant-donnant. Nous ne savons pas donner, mais avant tout, nous ne savons guère recevoir car, pour nous, la gratuité est suspecte. Nous nous demandons toujours - et parfois avec raison - ce qu’elle cache et nous hésitons à nous reconnaître débiteurs.

Apprendre à recevoir et apprendre à donner

C’est pourquoi, il nous faut apprendre, apprendre à recevoir pour apprendre à donner. Il y a, dans l’accueil confiant, reconnaissant et joyeux du don qui nous est fait, toute l’attitude de l’enfant devant son Père. Le don réjouit et ne gène pas car nous le prenons pour ce qu’il est et non pour l’attente d’un retour. Toute la joie et toute la paix chrétiennes reposent sur cette capacité d’accueil et sur ce sentiment de dépendance confiante à l’égard d’un Père dont l’amour est inépuisable. La méditation de l’Évangile, l’approfondissement de l’amour gratuit de Dieu pour nous, sera le chemin principal et, comme le montre Jésus dans la parabole du serviteur impitoyable (Mt 18.23-35), il nous faudra comprendre que le don reçu doit devenir en nous comme une source pour les autres, et que nous sommes appelés à donner à notre tour, à l’image de Dieu.

 

Apprendre à donner, c’est aussi apprendre à le faire bien. Car si nous ne savons pas recevoir, notre manière de donner elle-même en sera perturbée. Celui qui recevra de nous sentira bien que le don n’est pas sans arrière-pensée car il est si facile de ne donner que pour se sentir supérieur. C’est pourquoi, « si tu veux donner quelque chose aux pauvres, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta main droite. Que ton aumône se fasse ainsi dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra » (Mt 6.3-4). Le secret du don est la meilleure protection contre les ambiguïtés de nos manières de faire, et pour celui qui reçoit et pour celui qui donne. Et lorsque ce secret n’est pas possible, il faut à celui qui donne une simplicité et une légèreté qui tentent de faire oublier le don. Le pire serait qu’il s’installe au cœur de la relation, comme la dette éternelle qui empêche la liberté. Le don n’est source d’aucun droit et d’aucun pouvoir sur celui qui le reçoit.

Les cadeaux

Si pour l’adulte, il est difficile de recevoir, cela semble tout naturel à l’enfant. La tradition d’offrir des cadeaux à la fête de Noël est une excellente pédagogie. Nous célébrons le don de Dieu, don de Jésus qui se fait homme comme nous et pour nous, et nous le représentons par des cadeaux que nous nous faisons. Mais l’enfant qui les reçoit peut considérer cela comme tout naturel, comme un dû et nous avons tous en tête l’image de cet enfant boudeur qui, comblé de cadeaux, les considère avec mépris et se lamente de ne pas avoir reçu cet autre qu’il désirait et qui n’a justement de valeur que par son absence. Cet enfant pourrait d’ailleurs être une image de notre société occidentale riche et insatisfaite. Il faut donc également apprendre à nos enfants à recevoir et à donner et cela n’est pas simple dans une société où la publicité exerce des pressions auxquelles il est bien difficile de résister. Le langage courant est plein de sagesse lorsqu’il nous parle d’enfant gâté. À donner trop largement - et peut-être pour se faire pardonner des absences - on gâte, chez l’enfant le goût et la valeur du don. La surabondance des cadeaux en réduit la valeur et les rend invisibles. L’enfant n’a plus conscience de recevoir un cadeau, mais de commander ce que la télévision lui a donné envie de désirer. Ainsi, la modération des dépenses faites à cette occasion aura déjà l’utilité de conserver à l’objet offert sa valeur réelle. Mais ces soucis sont des soucis de riches et il est bien des gens, sous d’autres cieux, mais aussi à nos portes, qui ne peuvent offrir à leurs enfants ce qu’ils souhaiteraient. L’Église peut devenir alors l’intermédiaire qui reçoit et qui offre à ceux qui ne pourraient le faire.

 

Il en va d’ailleurs du sens même de la fête. Noël ne devrait jamais être le moment où les parents font des cadeaux aux enfants, mais celui où tous s’offrent des cadeaux les uns aux autres. Il est donc utile de susciter chez les enfants le désir de faire des cadeaux et cela peut commencer très tôt. Donner, c’est donner quelque chose qui coûte, que ce soit une partie de l’argent de poche ou le temps de faire un dessin ou de confectionner un objet. Apprendre à donner, c’est apprendre une joie car « il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Ac 20.35). Offrir un cadeau, c’est avoir le plaisir de faire plaisir à quelqu’un et c’est déjà sans doute le meilleur apprentissage de l’amour.

Du don au pardon

Si tout cela est important, c’est que le don est tout proche du pardon. On sait quel est son importance dans l’Évangile et pour la foi chrétienne. Le plus grand don que Dieu nous fait, c’est son pardon, c’est son amour qui ne s’arrête pas à la faute ou à l’imperfection qui sont les nôtres, mais qui les dépasse en nous accordant le salut. Dans le Notre Père, nous traduisons remettre les dettes par pardonner, et nous avons raison. Apprendre à donner, c’est ainsi aussi apprendre à pardonner et apprendre à pardonner, c’est apprendre à aimer. Comme il faut enseigner le don à nos enfants, il faut également leur enseigner le pardon. La meilleure manière, c’est certainement pour les parents de savoir reconnaître leurs propres fautes et de demander pardon à leurs enfants lorsqu’ils se sont laissés aller à la colère ou un comportement injuste. C’est en demandant pardon et c’est en pardonnant que l’on aide ainsi les enfants à entrer dans cette dynamique de l’amour qui est au cœur de la foi. Et pour ce cadeau là, il n’est pas nécessaire d’attendre Noël…

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