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Prier les Psaumes

Auteur :
Type : Réflexion
Thème : La prière
Source : Construire Ensemble   
Publié sur Lueur le
Il est des jours où la source est tarie, l'âme accablée et le coeur troublé.
Comment alors prier ?
Ou bien tout au contraire, il est des jours où les mots nous manquent pour adorer Dieu.
Comment alors exprimer, verbaliser notre louange ?

Au coeur de la Bible se trouve un livre de prières... les Psaumes. Ces Psaumes, appelés "Livre de louanges" par la Bible hébraïque, sont les prières traditionnelles du peuple d'Israël. On a pu écrire que les Juifs "naissaient avec ce livre aux entrailles" pour exprimer combien les Psaumes font corps avec la vie de ce peuple.

Jésus, les apôtres, les premières communautés chrétiennes et l'Eglise de tous les siècles ont fait du livre des Psaumes leur livre de prières et de chant (chanter, c'est prier deux fois, disait Luther). Que l'on pense, par exemple, qu'ils étaient lus et chantés (et continuent à l'être) chaque jour et chaque nuit dans les monastères; que l'on songe au fameux Psautier de la Réforme (toujours en vigueur et dont la dernière réactualisation vient de paraître). Que l'on prenne conscience du nombre de nos cantiques qui ne sont rien d'autres que des paroles des Psaumes. Tout cela n'est pas étonnant, car comme quelqu'un l'a si bien dit "ils sont la vie devenue prière".

En effet, qui n'a jamais été frappé par l'authenticité de ces prières que sont les Psaumes? Ils sont pleins de la vie de tous les jours, "ils sont humains, terre à terre, pétris de chair et de sang, miroirs de nos révoltes et de nos fidélités" (Etienne Charpentier dans l'introduction de Pour prier les Psaumes, Cahier Evangile n° 13, 1991). Toute l'épaisseur de notre réalité humaine y est présente: angoisse mais aussi désespoir, voire de révolte mais aussi cris d'allégresse et de louange Malgré la distance historique qui nous sépare des Psaumes, nous nous sentons "chez nous", non seulement parce qu'ils font partie de notre patrimoine spirituel, mais bien plus encore parce qu'ils correspondent s souvent à ce que nous vivons, ressentons. Cent cinquante prières qui sont autant de reflets de la dur réalité de l'existence humaine, mai également autant de témoignage rendus à la fidélité de Dieu.

Mais ces prières ont quelque chose de spécifiques: elles se trouvent dans l'Ecriture. Aussi nous ne les considérons pas seulement comme de paroles humaines émanant du peuple de l'Alliance, mais également COMME des prières portées par le Souffle divin.

Tout ce que nous venons de dire sur les Psaumes nous pousse à avancer l'affirmation suivante: ces prières données par le Seigneur sont là pour nourrir notre prière (et notre chant) tant communautaire que personnelle. Intéressons-nous à l'usage des Psaume pour la prière personnelle.

Grosso modo on peut dire que la spiritualité de type "évangélique" (faudrait-il employer le pluriel?) tendance à se méfier de toute prière "préfabriquée", préparée à l'avance suspectant un manque d'authenticité se méfiant des prières émanant de lèvres mais non du coeur. Beaucoup parmi nous gardent sans doute un souvenir plus que mitigé de la récitation (perçue comme) "mécanique" du "Notre Père" lors de la messe dominicale. Et pourtant... Comme l'indique ce proverbe peu élégant, mais plein de sagesse, "il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain". Sans nier les temps forts vécus dans la prière spontanée grâce à l'assistance ô combien réelle et précieuse du Saint-Esprit, à vouloir toujours vivre sa vie de prière de manière spontanée, sans recourir à des aides extérieures, bien souvent on s'enlise, on s'embourbe, on s'échoue sur des rivages qui ont pour noms "répétition, "aridité", "pauvreté". Qui parmi nous, pour un peu qu'il fasse preuve d'honnêteté et de jugement critique; n'a pas constaté cela?

Parmi ces aides extérieures, ces moyens de grâces pourrait-on dire, utiles à notre vie entière, il y a les Psaumes. Mais comment les utiliser pour nourrir notre vie de prière? Prier les Psaumes, c'est faire en sorte que ces prières qui me précèdent, qui n'émanent pas de moi, mais d'autres (mes pères dans la foi, mes frères dans l'épreuve) deviennent véritablement ma propre prière. Et c'est là d'abord et avant tout l'oeuvre de l'Esprit, oeuvre qu'il n'a cessé de faire - génération après génération depuis que les Psaumes sont priés, chantés. Etant conscients de cela, nous pouvons maintenant nous pencher sur l'aspect plus concret de cette prière des Psaumes.

Voici donc quelques conseils pratiques:

  • Avant tout, il est bon de faire silence afin de se préparer à la prière, se préparer à la rencontre du Seigneur, le Dieu vivant. Il est là, il m'attend, je dois en prendre conscience.
  • Le Psaume choisi doit correspondre à notre situation (surtout si cette situation est vécue de manière forte):
    • Psaume d'appel au secours (exemple: Ps 22; Ps 42; Ps 130) si je suis découragé, sans vigueur, aux prises avec des difficultés;
    • Psaume de repentance (exemple: Ps 32; Ps 51; Ps 102) lorsque j'ai conscience de mon péché;
    • Psaume de confiance (exemple: Ps 3; Ps 16; Ps 62) lorsque l'inquiétude me gagne;
    • Psaume de reconnaissance (exemple: Ps 30; Ps 116; Ps 138) afin de remercier le Seigneur pour le bien qu'il m'a fait;
    • Psaume d'adoration (exemple: Ps 19; Ps 96; Ps 103) pour lui apporter la louange dont il est digne.
    Cela demande une certaine connaissance des Psaumes. On peut s'aider, par exemple, de l'introduction de la TOB (édition intégrale) qui fournit une classification des Psaumes. Petit à petit on se familiarise avec eux... découvrant de véritable trésors.
  • Une fois le Psaume choisi, je le lis, mais pas comme je lis mon journal. Je le lis en le priant, c'est-à-dire en faisant mienne chaque parole du Psaume et en en faisant ma prière adressée au Seigneur. Il peut être utile de faire d'abord une première lecture ordinaire du Psaume afin de me familiariser avec son contenu, puis dans un deuxième temps d'en faire une lecture priante.

Ainsi, par exemple, priant le Psaume 130 (Psaume d'appel au secours) alors que je suis découragé, je me mets dans la peau du Psalmiste et du peuple d'Israël qui, dans la détresse, invoque son Dieu: Des profondeurs je t'appelle, Seigneur : Seigneur, entends ma voix... (Ps 103.1-2).

La force des Psaumes, c'est de m'aider à prier alors que je suis en panne, de me permettre de verbaliser ce que je ressens au fond de moi alors que je n'arrive pas à l'exprimer. Mais bien plus, la grâce que le Seigneur peut me permettre de vivre lors de la prière d'un Psaume, c'est un véritable cheminement spirituel: pour reprendre l'exemple du Psaume 130, des profondeurs de ma déprime, de mon découragement (verset 1), dans lesquelles je me trouve au moment où je commence à prier, je peux progressivement passer à une attitude de confiance en Dieu et en sa grâce dont j'attends la manifestation: J'attends le Seigneur... et j'espère en sa Parole (...) Israël, mets ton espoir dans le Seigneur, car le Seigneur dispose de la grâce et, avec largesse, du rachat" (Ps 130.5-7).

Ainsi, la prière des Psaumes non seulement peut me permettre de verbaliser ce que je vis et ainsi d'adresser au Seigneur une prière authentique, mais encore elle devient le lieu de l'action transformante de l'Esprit. Celle-ci peut revêtir, suivant les moment, des formes différentes provoquant des effets plus ou moins grands en nous: soulagement dans la détresse, conviction du pardon accordé, confiance en Dieu renouvelée, fortifiée, exultation intérieure... Il peut également arriver que rien ne semble se passer. Il n'empêche, le Psaume prié nous aura aidés à invoquer notre Dieu, qui a dit:

Remets ton sort à l'Eternel, Confie-toi en lui, et c'est lui qui agira Ps 37.5.

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