Votre Dieu, est-il protestant ou catholique ?
Type : Réflexion
Thème : Théologie
Source : Croire & Servir
Réf./Date source : 01-2001
Publié sur Lueur le
La question a été posée voici près de deux siècles aux premiers missionnaires chrétiens. Ceux à qui ils s'adressaient, en Afrique ou ailleurs, s'aperçurent vite que d'une mission à l'autre, il y avait des différences, pour ne pas dire de la concurrence ! Comment croire en un Dieu dont les représentants se disputent le label ?
La question a fait réfléchir. Le mouvement oecuménique, c'est-à-dire la manifestation de l'unité des chrétiens par-delà leurs divergences, est né de cette réflexion. Depuis, chacun est amené à comprendre qu'en annonçant Jésus-Christ, il fait aussi la promotion de sa propre enseigne chrétienne avec son style de piété, ses dogmes, sa mentalité, ses traditions. C'est humain.
Bien entendu, Jésus n'est ni catholique romain, ni luthérien, ni orthodoxe, ni arménien, ni pentecôtiste, ni baptiste, ni réformé, ni maronite (je m'arrête là, mais la liste n'est pas close). Sa prière était « que tous soient un ». Pourtant les conflits puis les divisions, sur des questions parfois importantes, n'ont jamais manqué parmi ses disciples. C'est humain (bis). Faut-il le déplorer ?
Au risque de choquer, je ne le pense pas. Il ne faut pas avoir peur de dire à quelqu'un qui croit au même Dieu, « je ne suis pas d'accord », « je pense que tu te trompes ». À condition de reconnaître toujours en lui un frère ou une soeur autant aimé(e) de Dieu que moi. L'erreur de nombreux chrétiens des siècles passés est d'avoir, dans leur recherche passionnée de la vérité, oublié l'essentiel : l'amour. Le goût du pouvoir les a parfois amenés à emprisonner, voire éliminer « pour leur bien » ceux qui ne pensaient pas comme il fallait. C'est humain (ter).
Aujourd'hui, nous risquons l'excès inverse : pour éviter le fanatisme et sa violence, l'idée même de vérité est relativisée. La tolérance et le culte du consensus à tout prix deviennent les paravents polis de l'indifférence à l'opinion de l'autre. C'est humain (quater).
Un chrétien sans étiquette, indemne de toute tradition religieuse qui vivrait « le pur Évangile et rien que lui » n'a qu'un défaut : il n'existe pas. L'important est de savoir si c'est pour de bonnes raisons que nous portons notre étiquette, et ne pas nous couper de ceux qui n'ont pas la même. Il faut savoir les écouter, voire être prêts à nous remettre en cause. Ce qui compte, ce n'est pas l'étiquette, c'est l'authenticité de notre lien à Dieu. Lui seul connaît ceux qui lui appartiennent. Il ne regarde pas aux apparences, mais au coeur. Son Église ne connaît pas de frontières. Et Dieu peut aussi se servir de chrétiens d'une autre tradition que la mienne pour me révéler une vérité qui me fera mieux vivre et me rapprochera de lui. C'est... divin.
Commentaires (1)
Pas un mot sur l'interreligieux?