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Racheter le temps

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Type : Réflexion
Thème : Chrétien au quotidien
Source : Construire Ensemble
Réf./Date source : 71  
Publié sur Lueur le
Le temps c'est de l'argent. Le dicton est bien connu et n'a sans doute jamais été autant d'actualité. Le temps n'a pas échappé au processus de sécularisation qui accompagne la modernité. Le temps autrefois liturgique a cédé le pas à l'horloge mécanique puis au rendement. Il exerce désormais une véritable tyrannie sur l'homme moderne qui court sans cesse de droite à gauche pour rester compétitif ou bien pour profiter au maximum du temps qui passe. Comment racheter le temps dans ce contexte comme nous y exhorte l'apôtre Paul (Ep 5.16 et Col 4.5) ? Que dit la Bible au sujet du temps ?

Le temps de Dieu

La Bible s'ouvre et se ferme sur des notions temporelles : Au commencement... (Gn 1.1)... oui, je viens bientôt (Ap 22.20). Ces deux courtes citations nous renseignent déjà sur la notion biblique du temps. Car il existe plusieurs conceptions du temps. La croyance en la réincarnation par exemple correspond à une perception cyclique du temps qu'on pourrait schématiser par un cercle. Alors que la foi en la résurrection s'accorde avec une conception linéaire du temps qu'on pourrait rendre par une ligne droite. Le temps biblique a un commencement, la création, et se dirige vers un accomplissement, le retour du Christ. Cette ligne du temps s'inscrit dans une perspective d'éternité. Dieu n'est-il pas l'Éternel ? Comme le disait Augustin en parlant de Dieu : ton aujourd'hui : c'est l'éternité.

Dans son épître aux Galates, Paul nous dit que lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son fils (Ga 4.4). Le Christ accomplit les temps, et c'est sa mort qui sonne l'heure de l'accomplissement : tout est accompli (Jn 19.30, dernière parole du Christ en croix).
Dans l'évangile de Jean, Jésus fait souvent référence à cette heure qui n'est pas encore venue (Jn 2.4 ; Jn 7.30), celle où Dieu visite l'humanité. La mort du Christ marque un avant et un après sur la ligne du temps (Il y a dans le Nouveau Testament deux termes pour parler du temps : chronos pour le temps qui passe (on le retrouve dans chronomètre par exemple) et kairos pour le temps de Dieu. C'est celui que Paul utilise dans l'expression racheter le temps). C'est à la lumière de la croix que Paul nous invite à racheter le temps. Racheter le temps, ce n'est pas simplement mettre à profit le temps qui passe (Comme le traduit par exemple la TOB). Au premier siècle, l'expression fait référence au commerce d'esclaves. Pour s'affranchir, l'esclave devait payer une somme d'argent, un pécule. L'apôtre Paul utilise d'ailleurs la même expression pour parler du rachat des péchés (Ga 4.4-5). Jésus n'a-t-il pas dit que celui qui se livre au péché est esclave du péché (Jn 8.34) ? Or c'est à la croix que le Christ nous a rachetés.

Un temps renouvelé

Racheter le temps, c'est donc rendre actuel dans notre vie de tous les jours la victoire accomplie une fois pour toutes à la croix. C'est proclamer le temps de la grâce, que Jésus est venu apporter dans ce monde (Lc 4.19), en vivant nous aussi de cette grâce qui donne par-dessus l'offense (pardon). Racheter le temps, c'est croire que Dieu nous accorde un nouveau départ mais c'est surtout rendre le temps à sa vocation première qui est d'adorer Dieu et lui plaire. En rachetant le temps nous nous ouvrons à l'espérance du royaume à venir. À la croix, le Christ nous a libérés de notre passé, il nous ouvre un avenir rempli d'espérance de sorte que nous pouvons vivre l'instant présent dans la confiance de sa présence (Mt 28.20).

En Ephésien 5.16, Paul ajoute car les jours sont mauvais. Nous vivons dans l'attente du prochain retour du Christ (Jn 14.18, 1 Jn 2.18). Cette attente est active. Elle nous oblige à revoir sans cesse nos priorités en fonction du Royaume de Dieu afin d'être prêt pour le retour du Christ. D'autant plus que nul ne connaît la longueur de sa vie (Voir à ce sujet 1 Ch 29.15 ; Jb 9.25). Faisons nôtre la prière du psalmiste : enseigne-nous Seigneur à bien compter nos jours afin que nous conduisions notre coeur avec sagesse (Ps 90.12).

Questions pour aller plus loin

Comment est-ce que la vision biblique du temps, la foi en la résurrection et la vie éternelle peuvent nous aider à lutter contre la sinistrose ambiante ?
Qu'est-ce que la souveraineté de Dieu sur le temps qui passe (Ap 1.8) peut nous apprendre dans le domaine de la confiance (Lm 3.22) et de l'espérance ?
Si le temps que nous vivons est celui de l'urgence parce que le Christ revient, c'est aussi celui de la patience de Dieu (2 Pi 3.9).
Comment est-ce que cette notion de la patience de Dieu peut nous aider nous qui sommes si souvent impatients ?
Comment faire un bon usage du temps qui passe ? 1 Ch 12.32, Pv 27.1, Lc 12.19.
À méditer : Ec 3.11

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