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Croire aux miracles ?
4. Quelques réflexions sur les miracles

Auteur :
Type : Dossier
Thème : La Foi
Source : Construire Ensemble
Réf./Date source : 2004-04-19 n°62  
Publié sur Lueur le
Sommaire du dossier :
  1. Croire aux miracles ?
  2. Les miracles, quelle approche pour une pratique saine de la Foi ?
  3. Quelques réflexions sur les miracles
La Bible est pleine de miracles, l'histoire de l'Église nous en rapporte également et l'on entend parler, dans certains milieux de guérisons, de prophéties et de bien d'autres faits qui tranchent avec le cours naturel des choses. Que faut-il en penser ?

Qu'est-ce qu'un miracle ?

Définir le miracle n'est pas aussi facile qu'on pourrait le croire. On appelle, généralement, miracle un événement qui ne semble pas entrer dans la chaîne habituelle des relations de cause à effet et donc qui ne pourrait pas être expliqué par la science ou la raison humaine. On parle alors souvent de surnaturel comme si les lois de la création, de la nature, étaient dépassées et que l'on se trouvait alors devant l'inexplicable. Il faut reconnaître que cette définition est assez vague et ouvre la porte à bien des interprétations. En effet, pour un homme de l'époque de Moïse ou de Jésus, le monde qui est le nôtre et qui nous est naturel serait plein de miracles. Tel événement qui peut paraître miraculeux aujourd'hui pourra peut-être trouver demain une explication lorsque la science aura progressé. Tout ce que nous ne comprenons pas nous semble miraculeux, mais cela reste très subjectif et peut varier selon les époques.

Miracle et modernité

Il était fréquent, il y a quelques années d'entendre dire que l'on croyait aujourd'hui malgré les miracles. Nous avons traversé une époque où tout ce qui n'était pas explicable scientifiquement était simplement impossible et les Églises ont subi cette influence. Certains théologiens pensaient d'ailleurs qu'il n'était pas possible de vivre à l'époque du téléphone, de l'électricité et de l'atome, et de croire aux miracles. Ceux-ci ne pouvaient être que des mythes qu'il fallait soit éliminer pour discerner au-delà le véritable message de l'Évangile, soit interpréter pour entendre leur signification profonde.
Les temps ont changé et bien des gens aujourd'hui ont conscience que, comme l'a écrit Shakespeare, « il y a plus de choses dans le ciel et sur la terre que ne peut en contenir toute notre philosophie ». Le surnaturel est devenu à la mode et c'est le rationnel qui a parfois du mal à survivre. Paradoxalement, certains non-chrétiens trouveront l'extraordinaire tout naturel, alors que certains croyants auront beaucoup de difficultés à l'accepter. Parmi les chrétiens, la clé se trouve, me semble-t-il dans l'attitude que l'on a à l'égard de la résurrection.
Ceux qui ne veulent voir dans la résurrection qu'une réalité spirituelle et intérieure resteront souvent très prudents devant tout texte qui présente un miracle et y verront souvent une simple manière de l'époque de s'exprimer. Ils ont souvent une conception assez matérialiste du monde « plus Dieu ». En revanche, ceux qui confessent l'historicité de la résurrection de Jésus, du tombeau vide et des apparitions, acceptent par là même que, pendant quarante jours, une autre réalité a rencontré la nôtre. Ils n'ont alors guère de mal à accueillir les témoignages bibliques qui nous rapportent d'autres miracles et faits qui n'entrent pas dans notre manière habituelle de considérer le monde.

Miracle et raison

Beaucoup de nos contemporains commencent par ne pas croire aux miracles. Et si un jour ils s'aperçoivent que des miracles existent apparemment, ils deviennent alors prêts à tout accepter, le surnaturel faisant alors office de preuve. Il me semble qu'ainsi une naïveté succède à une autre. En effet, il ne faudrait surtout pas croire que tout miracle vient de Dieu. Lors de l'affrontement entre Moïse et le pharaon, les magiciens de celui-ci firent « par leurs pratiques occultes » des miracles semblables à ceux de Moïse (Ex 7 et suivants). D'ailleurs, dans bien des cas, le caractère miraculeux est ce que perçoit le spectateur. Pour le magicien, l'effet relève plus d'une technique spirituelle que du miracle. Ainsi, en Afrique, bien des phénomènes qui paraissent miraculeux aux occidentaux sont, dans le contexte, assez naturels. On considère en effet que le sorcier a le pouvoir ou la connaissance nécessaires pour manipuler certaines forces. Le surnaturel n'est alors que l'intervention d'un autre « naturel » inaccessible à la plupart des gens. Mais tout le monde, dans ces cultures, sera d'accord pour dire que ces phénomènes (guérisons, envoûtements etc.) peuvent être bons ou mauvais. En soi, ils ne prouvent rien, si ce n'est l'existence de forces invisibles que l'on doit craindre ou rechercher. Nous nous trouvons alors dans une situation assez proche de celle du Nouveau Testament qui ne connaissait pas le rationalisme qui est le nôtre.

Les dimensions du réel

Il me semble que si nous sommes chrétiens, il nous faut élargir notre conception de la réalité. Si nous croyons que Dieu a créé le monde, pourquoi trouverions nous étrange ou difficile à accepter que ce monde soit plus complexe et plus riche que celui que nous pouvons percevoir et mesurer ? La révélation nous parle d'une partie invisible de la création (bonne ou mauvaise) qui peut entrer parfois en relation avec celle que nous connaissons. Elle nous présente, de manière certainement très réductrice - c'est à dire adaptée à notre capacité de connaître - des anges ou des démons et leur intervention dans notre « dimension ». Mais elle le fait avec beaucoup de discrétion et ceux qui attendent des révélations hautes en couleur en sont pour leur frais. Cette discrétion me semble d'ailleurs pleine d'enseignement. Elle indique qu'il ne faut pas nous fourvoyer dans des voies de garage et nous tromper sur l'essentiel. Nous savons que cela existe et que nous pouvons le rencontrer, que l'Esprit peut effectivement agir dans notre monde, mais il ne nous est rien dit des détails et si certains mystiques ou visionnaires ont beaucoup parlé des hiérarchies angéliques et des paysages de l'au-delà, il faut bien reconnaître qu'ils sont assez loin de la prudence biblique.

Accueillir l'extraordinaire de la foi

Certains se sont efforcés de montrer que les miracles et autres manifestations de l'Esprit étaient exclusivement liés aux temps apostoliques. Leur convictions et leurs subtilités ne sont guère convaincantes. De l'autre côté, certains ont pu sembler fonder leur foi et leur manière de proclamer l'Évangile sur les manifestations miraculeuses. Il me semble que des deux côtés, on s'éloigne de la sagesse biblique. Oui, le miraculeux existe et il ne se limite pas à la transformation intérieure des personnes. Il n'y a pas de raisons pour que les dons que l'on trouve dans le Nouveau Testament ne se manifestent pas aujourd'hui. Mais notons que dans l'Écriture, ils ne sont pas si fréquents et surtout pas à notre disposition. À nous donc de discerner ce qui vient de l'Esprit et ce qui est parfois le produit d'un conditionnement ou d'une volonté pathétique de faire certaines expériences. Il faut aussi accueillir avec reconnaissance ce qui vient de Dieu et qui peut fortifier la foi ou aider au témoignage, mais sans tomber dans « la preuve par le miracle ». Car si le miracle doit prouver quelque chose, c'est que la réalité dépasse notre entendement. Toutes les religions ont des miracles et on en trouve même chez des gens qui ne sont pas religieux (on parlera alors de parapsychologie). Il semble en effet que certains états spirituels produisent certaines manifestations inhabituelles. Des forces diverses peuvent avoir des effets de ce type ; certaines relèvent sans doute d'aspects peu explorés de la psychologie, d'autres de forces plus ou moins obscures, d'autres enfin de l'action de Dieu. À être trop naïf, on s'expose à bien des dérapages, mais à être trop prudent, on risque de se priver d'aides et de signes que Dieu, dans sa grâce, veut accorder à son Église. Il es donc essentiel d'approfondir les discernements indispensables pour permettre aux communautés de connaître, dans la vérité, la plénitude de la vie que l'Esprit suscite.

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