Deux petits mots pour venir au Seigneur
Type : Enseignement
Thème : Rencontrer Dieu
Source : Lueur
Réf./Date source : 28/1/2001 Sables d'O
Publié sur Lueur le
Chaque évangile a ses particularités. Dans l'évangile selon Luc il y a souvent des mots courts, précis qui sonnent très fort pour nous. Nous allons en avoir la preuve avec deux ou trois récits. Le premier en Luc 15.9-24:
"9 Lorsqu'elle l'a retrouvée, elle appelle ses amies et ses voisines, et dit : Réjouissez-vous avec moi, car j'ai retrouvé la drachme que j'avais perdue.
10 De même, je vous le dis, il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent. 11 Il dit encore : Un homme avait deux fils. 12 Le plus jeune dit à son père : mon père, donne-moi la part de bien qui doit me revenir. Et le père leur partagea son bien. 13 Peu de jours après, le plus jeune fils, ayant tout ramassé, partit pour un pays éloigné, où il dissipa son bien en vivant dans la débauche. 14 Lorsqu'il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. 15 Il alla se mettre au service d'un des habitants du pays, qui l'envoya dans ses champs garder les pourceaux. 16 Il aurait bien voulu se rassasier des carouges que mangeaient les pourceaux, mais personne ne lui en donnait. 17 Étant rentré en lui-même, il se dit : combien de mercenaires chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! 18 Je me lèverai, j'irai vers mon père, et je lui dirai: Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre toi, 19 je ne suis plus digne d'être appelé ton fils; traite-moi comme l'un de tes mercenaires.
20 Et il se leva, et alla vers son père. Comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, il courut se jeter à son cou et le baisa. 21 Le fils lui dit : mon père, j'ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d'être appelé ton fils. 22 Mais le père dit à ses serviteurs : apportez vite la plus belle robe, et revêtez l'en; mettez-lui un anneau au doigt, et des souliers aux pieds. 23 Amenez le veau gras, et tuez-le. Mangeons et réjouissons-nous; 24 car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie; il était perdu, et il est retrouvé. Et ils commencèrent à se réjouir."
Il y a deux mots que je voudrais mettre particulièrement en relief, ici : moi ici au verset 17. Voilà ce jeune homme donc, qui a reçu sa part d'héritage et qui, au lieu de rester auprès de son père est parti courir les plaisirs de la vie, et tout dépenser dans les vains plaisirs de ce monde; quand on a de l'argent, on a beaucoup d'amis, et quand on n'en a plus, on se retrouve tout seul. Tout seul et sans emploi, sans travail. Finalement il en a trouvé un : gardien de cochons, tout ce qu'il pouvait faire, parce qu'il était étranger au pays dans une période de chômage, probablement. Et tandis qu'il garde les porcs, il voit qu'ils ont une nourriture importante (ils sont mis à l'engrais) et pour lui, c'est la potion congrue, il a très peu à manger; il se voit aussi éclaboussé par des incongruités, et le voilà maintenant avec des habits sales; et il repense à son passé. À la maison, il y a de quoi manger pour les ouvriers de mon père, et moi ici, je meurs de faim, je suis dans la famine. Moi ici, voilà deux petits mots très simples, moi ici. Pour ce jeune homme, c'est l'étonnement, c'est le fait que, enfin il prend conscience de sa déchéance; jusqu'à présent, il ne s'en était pas rendu compte, tout allait "comme sur des roulettes" et voilà que maintenant, il est privé de ressources, privé d'amis, privé de sécurité. Et moi ici je meurs de faim; le moi ici, peut être celui de la surprise.
Si vous pensez à votre vie d'il y a quinze ans, vingt ans, ou plus, je ne sais, cela dépend du jour de votre conversion à Jésus-Christ, vous vous surprenez et dites : "Et moi je suis ici, moi qui avant n'aurais jamais voulu mettre les pieds dans une église"; c'est la surprise. Le moi ici, ce peut être aussi l'orgueil : par exemple Louis XIV dans le palais de Versailles : moi ici, l'Etat c'est moi et moi je suis ici. Il y a tant de remarques que nous pourrions faire, tant de témoignages. Le doge de Venise était un ennemi, presque héréditaire, de Louis XIV. Il visitait le palais de Versailles alors qu'il avait combattu contre Louis XIV. Il a pu dire :"Ce qui me surprend le plus dans le palais, c'est de m'y voir!". Et pour nous, nous sommes étonnés aussi de situations dans lesquelles nous nous trouvons; nous appartenons au Seigneur parce que c'est le bon berger qui nous conduit et il nous conduit là où nous n'aurions pas eu la pensée d'aller auparavant, mais c'est lui qui nous conduit. Il peut nous amener à une démarche, et nous pourrons alors aussi dire : moi ici; il va nous conduire dans telle maison, nous utiliser de telle ou telle façon, et ainsi nous dirons : moi ici.
Le jeune homme, de la parabole de l'enfant prodigue , revit son passé : il pense que pendant qu'il est en train de garder les porcs, les ouvriers de son père mangent à satiété; il se remet donc en question par rapport à son passé; il éprouve de la nostalgie, il fait donc un retour en arrière. En disant moi ici, il discerne aussi le présent: quelle différence entre l'endroit où il se trouve et la maison paternelle où tout était en ordre où tout était propre; le voilà lui dans une étable à gorets, dans la misère. Il pressent aussi l'avenir : s'il retourne à la maison paternelle et qu'il demande simplement d'être employé, car il n'est plus digne d'être le fils de son père qu'il a privé de nouvelles pendant si longtemps, cette petite place de serviteur à gages lui suffira. Or maintenant il pense à cette condition et se dit : "c'est le moment de retourner".
C'est le grand Pascal qui a écrit:" C'est être grand que de reconnaître que l'on est misérable". Vous comprenez ce que cela veut dire : celui qui s'humilie et se sent tout petit devant la face de Dieu, il est déjà grand parce que la grâce de Dieu va le pénétrer, le bénir et le Seigneur fait grâce. Si même nous nous sommes éloignés de lui, jusqu'aux antipodes, il nous ramène, vers lui ! Donc, ce jeune homme, quand il dit, moi ici, prononce des mots qui vont le mener vers l'expérience de la repentance. J'ai connu à Paris un homme, qui m'a raconté comment il s'est tourné vers le Christ; il me disait : j'avais tourné le dos au Seigneur, j'avais tourné le dos à mes parents, je ne m'étais pas occupé d'eux; j'avais vécu comme un païen, j'avais vécu comme un incroyant, dissipé mon argent, j'ai vécu dans la dissolution. J'ai perdu mon père; j'avais le coeur dur, rien ne s'est passé. Je suis allé tout de même à l'enterrement de ma mère; au bord de la tombe, en entendant l'Évangile annoncé par un Pasteur, je me suis converti : pour lui le moi ici, c'était la tombe de sa mère. Pour nous, le moi ici de la repentance, est ailleurs : en Normandie pour l'un, à Paris pour un autre, etc...L'important c'est qu'il y ait eu un ici et que l'on ait été touché par la grâce de Dieu.
Lecture, toujours dans l'évangile de Luc au chapitre 23:
"32 On conduisait en même temps deux malfaiteurs, qui devaient être mis à mort avec Jésus. 33 Lorsqu'ils furent arrivés au lieu appelé Crâne, ils le crucifièrent là, ainsi que les deux malfaiteurs, l'un à droite, l'autre à gauche. 34 Jésus dit : Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font. Ils se partagèrent ses vêtements, en tirant au sort."
Si on lit ce texte dans le texte grec, cela donne:"ils le crucifièrent lui là"; c'était moi ici, maintenant c'est: Lui là. Jésus, Lui, le fils de Dieu est mis au rang des malfaiteurs, on ne mettait au supplice de la croix, que des criminels ou des bandits d'envergure. Et voilà que Jésus accepte de mourir sur la croix. Lui le Fils préexistant du Père, Lui qui était participant de la gloire du ciel, Il est venu sur cette terre, Il a partagé notre humanité et Il est mort pour nos péchés. Lui, au passé si glorieux, Lui qui a présidé à la création et qui est venu à nous. Mais Jésus est aussi celui qui a un présent unique : tout ce qu'il a dit est merveilleux, tout ce qu'il a fait est magnifique. Il allait de lieu en lieu faisant du bien et guérissant tous ceux qui sont sous l'empire de Satan. Un présent glorieux; mais aussi un avenir glorieux ; Lui l'incomparable; c'est Lui qui accepte d'être crucifié là; Lui là; là, c'est à dire le lieu maudit de l'exécution : une petite colline aux abords de Jérusalem sur laquelle la croix a été dressée; là s'exerce le jugement le plus rigoureux: c'est le fait que le salaire du péché--la mort-- Jésus le prend à son compte, afin que nous, nous soyons innocentés.
Nous savons cela certainement, mais ces deux petits mots : il le crucifièrent Lui là, nous montrent que Jésus accomplit sa mission; et là est le lieu du supplice, mais aussi celui de la grâce, où la grâce vient annuler la terrible sentence, la terrible revendication de la loi : qui pêche mourra; mais Jésus est mort pour toi; crois, tu peux être sauvé, tu es sauvé. Ils le crucifièrent Lui là : ces deux mots doivent nous conduire vers la foi. Tout à l'heure, nous avons vu les deux mots qui ont conduit l'enfant prodigue vers la repentance, ici c'est les deux mots Lui là qui doivent nous conduire sur le chemin de la foi. Je crois que Tu es mort pour moi; je crois que Tu as subi la condamnation sur la croix et que le châtiment qui devait tomber sur moi, Tu l'a assumé jusqu'au bout, jusqu'à la mort atroce de la croix.
Nous allons aller plus loin, toujours avec l'évangile de Luc; toujours dans le récit de la crucifixion verset 39 à 43 du chapitre 23:
" 39 L'un des malfaiteurs crucifiés l'injuriait, disant : n'es-tu pas le Christ? Sauve-toi toi-même, et sauve-nous! 40 Mais l'autre le reprenait, et disait : ne crains-tu pas Dieu, toi qui subis la même condamnation? 41 Pour nous, c'est justice, car nous recevons ce qu'ont mérité nos crimes; mais celui-ci n'a rien fait de mal. 42 Et il dit à Jésus : souviens-toi de moi, quand tu viendras dans ton règne. 43 Jésus lui répondit : je te le dis en vérité, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis ".
Et encore une fois, si on fait appel au texte original, on lit"toi tu seras avec moi". Je voudrais insister sur le toi avec moi; ces deux mots, toi et moi, sont à rapprocher. Il y a ce brigand qui méritait la mort, il en est conscient: il sait que ce qui lui arrive est la conséquence des actes qu'il a commis, et il implore la grâce du seigneur Jésus, tandis que l'autre brigand se moque de Jésus. Mais l'autre brigand sent sa misère devant le Seigneur et il y a là, la plus grande des détresse mais aussi la plus grande des élévations spirituelles. Cela va être le couronnement de la Rédemption, car le premier pécheur que Jésus va entraîner avec lui au paradis, ce n'est pas une personne quelconque : c'est un brigand, un bandit, un homme qui méritait sans doute aux yeux de la loi cette condamnation. Et l'oeuvre de la grâce, le pardon accordé par Jésus, la déclaration de Jésus à cet homme, c'est le couronnement de l'oeuvre de la rédemption. L'oeuvre de la grâce, va faire parvenir ce brigand bien au-dessus des cimes qu'il auraient atteintes, s'il avait été innocent. La confession de foi de beaucoup de gens, est :" je n'ai ni tué ni volé, alors le bon Dieu me réservera bien une petite place dans le ciel ! ".Qui d'entre-vous n'a jamais entendu cela ? Si vous parlez de Jésus à quelqu'un, cela va être souvent sa réponse; et quelquefois j'ai été tenté de répondre :"Il eut mieux valu que vous tuiez quelqu'un, car à ce moment là vous auriez eu le sentiment de votre repentance".
L' un des témoignages qui ont été apportés à la rencontre de Pasteurs de Dijon, fut celui du Pasteur Bernard Delépine, qui a raconté l'histoire d'un prisonnier qui est condamné à trente ans de réclusion incompressibles. Cet homme s'est converti en prison; bien que Bernard Delépine disait, plus tard, plus tard, l'homme a insisté pour suivre Jésus et être baptisé. Le Pasteur a fini par accepter, en a parlé au directeur de la prison; celui-ci a accepté et a aussi donné son accord pour que six membres de son Église viennent, car c'était un témoignage non pas privé mais public. Des gardiens de prison assistaient aussi, ils ont chanté des cantiques, lu la parole et eut lieu le baptême. Un prisonnier pour trente ans et qui a ouvert son coeur au Seigneur; il n'est que la grâce de Dieu qui peut intervenir dans un cas comme celui là: Toi avec moi. Quand on a le sentiment de son péché on se sent si loin du Seigneur; mais on est ému, on est remué au fond de soit-même, mais finalement, Toi avec moi; la parole du Seigneur, c'est ici la promesse d'une communion. Ils n'avaient rien de commun avec Jésus : Lui parfait moi pécheur; moi coupable, Lui le fils du Dieu vivant innocent. Le Seigneur met tout en commun; c'est le sens du mot communion. Et le Saint-Esprit va nous permettre d'être en communion de pensée avec Jésus. L'Esprit va nous guider; et nous chantions :"Le Seigneur marche avec son peuple"; nous, nous marchons avec lui : c'est la communion. Jésus a pris avec lui la condamnation éternelle, et il promet de nous introduire aussi dans le ciel. Dans le psaume 65, il y a un verset qui dit:"Tous ceux que tu admets en ta présence". Ce brigand, promis à une mort tragique est heureux d'être admis en la présence du Seigneur.
Je voudrais terminer par quelques réflexions issues de l'épître aux Galates 2.20:
"20 J'ai été crucifié avec Christ; et si je vis, ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi; si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m'a aimé et qui s'est livré lui-même pour moi."
Ici, bien que cela n'apparaisse pas de façon aussi nette que dans l'évangile de Luc, on soulignera le "non plus moi...mais lui moi"."Christ en moi.". Quand Paul évoque son passé, il se définit comme le moindre des apôtres, comme un avorton, comme un homme absolument indigne, lui persécuteur de l'Église, et voilà que le Seigneur lui a fait grâce. Il est mort par rapport au passé et il vit une vie nouvelle; et cette vie nouvelle n'est pas sa vie à lui, c'est la vie de Jésus. Il est passé de la mort à la vie, et s'il vit maintenant, c'est de la vie d'un autre. Je citerai le cas d'une personne que j'ai connue à La Rochelle. C'est un homme qui vit avec la vie d'un autre, car il a un coeur greffé; je lui dis qu'il vit doublement de la vie d'un autre : cette vie terrestre par ce coeur étranger, et cette vie spirituelle, par la grâce du Seigneur, de la vie de Jésus. Cet homme, je l'avais connu en colportant des calendriers; il m'a dit"Ça m'intéresse, je vais chez les témoins de Jéhovah, ça va sûrement m'aider". Ça l'a aidé à prendre conscience du message du salut, par rapport aux élucubrations des témoins de Jéhovah. On l'a retrouvé à un stand biblique sur le marché; il a acheté une brochure et puis finalement il s'est converti et il appartient au Seigneur.
Nous vivons spirituellement de la vie de Jésus; et maintenant, cette vie transformée, elle se vit dans la foi.
Lorsque Jésus-Christ s'est livré lui-même à la mort pour nous, nous avons une nouvelle vie, de nouveaux objectifs et de nouveaux buts dans la vie; nous sommes toujours apparemment dans la même "carcasse", mais en nous il y a quelqu'un d'autre, il y a Jésus qui vit. Le Seigneur répond à la prière de celui qui dit sincèrement :"Seigneur je ne veux plus vivre de ma vie, mais je veux vivre de la tienne". Non plus moi mais Toi, et c'est cela que le texte, le témoignage de Paul dit. Ce n'est plus moi qui vit, c'est Christ qui vit en moi. C'est en quelque sorte l'identification de notre vie, avec Christ qui a donné sa vie, afin que nous vivions de sa vie de résurrection, de victoire, sa vie glorieuse. Repentance, foi, communion, identification cela est l'accomplissement du programme de Jésus. Il a définit ce programme de différentes façons : par exemple Luc 19.10:
"Car le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu"
et aussi Mt 20.28:
"C'est ainsi que le Fils de l'homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de plusieurs."
Et puis aussi
"Je vais vous préparer une place"(Jn 14.2);" Je suis le cep vous êtes les sarments, celui qui demeure en moi portera beaucoup de fruit"(Jn 15.5).
Voilà donc l'itinéraire spirituel qui a pu être le nôtre: mort ici, lui là et toi avec moi : toi le brigand qui te repens tu seras avec moi dans le paradis : le ciel t'est ouvert, la gloire du Père t'est promise et tu vivras dans cette gloire. Puis maintenant, tu vis de la vie d'un autre, de la vie de ton sauveur, de ta vie de résurrection, pour que soit certifiée la réalité du pardon et du salut.
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