Daniel 7:5
(Annotée Neuchâtel)
Daniel 7:5
Et voici une autre bête, une seconde, ressemblant à un ours ; elle dressait l'un de ses côtés, et trois côtes étaient dans sa gueule entre ses dents, et on lui disait : Lève-toi, mange force chair !
Références croisées
7:5 Dn 2:39, Dn 8:3, 2R 2:24, Pr 17:12, Os 13:8, Dn 5:28, Dn 8:4, Dn 11:2, Es 13:17-18, Es 56:9, Jr 50:21-32, Ez 39:17-20Réciproques : 2S 17:8, Pr 30:14, Es 45:1, Dn 2:32, Za 6:6, Ap 13:2, Ap 17:16
Notes de la Bible Annotée Neuchâtel
A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informationsDaniel 7
- 7.5 Seconde monarchie : l'ours. (La poitrine et les bras d'argent,
2.39
.)
Elle dressait l'un de ses côtés. Le sens de cette phrase n'est pas certain; on l'a traduite aussi : et elle établit une seule domination. Ce sens s'appliquerait soit à l'unité de la puissance médo-perse, soit à l'absorption de l'empire babylonien par cette puissance. Mais il nous paraît bien plus conforme au sens du texte d'admettre que l'ours est représenté ici comme élevant l'une de ses jambes pour l'attaque. Cette image correspond évidemment à celle du bélier qui avait une corne plus haute que l'autre,8.3
, et désigne naturellement la prépondérance de la nation perse sur la nation mède dans la monarchie médo-perse.
Trois côtes. C'est ici l'image des vastes conquêtes du second empire. Il ressort de8.1
que ces conquêtes doivent avoir lieu du côté de l'occident, du côté du septentrion et du côté du midi.
Lève-toi. Il ne faudrait pas conclure de cet ordre que l'animal était couché, car il sortait justement de la mer (verset 3). Cette apostrophe a ici, comme souvent, le sens de : Allons! en avant! ComparezJuges 8.20
.
Mange force chair! Emblème de l'avidité avec laquelle ce second empire s'emparera des richesses des peuples conquis. L'ordre signifie : Accomplis ton rôle dans l'histoire! Qu'aucun obstacle ne t'arrête!
L'explication en vogue aujourd'hui parmi les commentateurs qui font du livre de Daniel une composition non prophétique du temps des Maccabées, consiste à voir dans ce second empire la Médie seule, par opposition à la Perse qui serait représentée par la bête suivante. Cette explication nous paraît inconciliable à la fois avec l'histoire et avec la manière de s'exprimer de l'auteur du livre. L'histoire ne connaît qu'un empire médo-perse unique, au sein duquel l'autorité appartint, d'abord à la dynastie mède, puis à la dynastie perse. M. Maspéro (Histoire ancienne des peuples de l'Orient, page 509), d'accord avec M. Rawlinson (The five great monarchies, tome II, pages 422 à 426), après avoir raconté les dissensions à la suite desquelles Cyrus (perse) l'emporta sur Astyage (mède), s'exprime en ces termes :Ce fut un changement de dynastie plutôt qu'une conquête étrangère. Astyage et ses prédécesseurs avaient été rois des Mèdes et des Perses; Cyrus et ses successeurs furent rois des Perses et des Mèdes
. Le livre de Daniel envisage les choses de la même manière. Il distingue sans doute entre une dynastie mède et une dynastie perse, quand il parle des deux rois : Darius (mède) et Cyrus (perse); mais il n'établit nullement pour cela deux monarchies différentes. Bien au contraire, il dit5.28
: Le royaume de Babylone est donné aux Mèdes et aux Perses;6.8,12,15
: la loi des Mèdes et des Perses.11.1-2
, après avoir parlé de Darius le Mède, l'auteur continue en disant : Il y aura encore trois rois en perse, ce qui prouve qu'à ses yeux Darius le Mède est en même temps roi persan. Enfin, au chapitre 8, le royaume des Mèdes et des Perses est représenté par un seul animal; le bélier à deux cornes, comparez particulièrement le verset 20 : Le bélier à deux cornes que tu as vu, ce sont les rois des Mèdes et des Perses. Dans le tableau du chapitre 2, nous retrouvons, dans l'image de la poitrine avec les deux bras d'argent, la même dualité que dans les emblèmes des chapitres 7 et 8 (les deux côtés, dont l'un plus élevé que l'autre, et les deux cornes, dont l'une plus haute que l'autre : les Perses qui ont acquis la prépondérance sur les Mèdes). Nous voyons donc qu'il s'agit ici de la monarchie médo-perse et qu'il est tout à fait arbitraire de statuer, à l'encontre de preuves si nombreuses, un second empire ne représentant que la Médie, à l'exclusion de la Perse, afin de réserver à celle-ci la troisième place. Cela suffit déjà pour faire tomber le III° système d'interprétation aujourd'hui en vogue. D'ailleurs comment appliquer à la Médie seule l'expression : Mange force chair!, et les conquêtes au septentrion, à l'occident et au midi? Enfin nous allons voir que les caractères de la bête suivante s'appliquent aussi peu à la Perse qu'ils s'appliquent bien à la puissance grecque. Ce sera la confirmation du résultat auquel nous sommes arrivés pour ce verset 5.