Daniel 9:25
(Annotée Neuchâtel)
Daniel 9:25
Et tu sauras et comprendras : Depuis la sortie de [la] parole [ordonnant] de ramener et de rebâtir Jérusalem jusqu'à [un] oint-chef, il y a sept semaines, et soixante-deux semaines, elle reviendra et sera rebâtie, places et enceintes, et dans la détresse des temps.
Références croisées
9:25 Dn 9:23, Mt 13:23, Mt 24:15, Mc 13:14, Ac 8:30, Esd 4:24, Esd 6:1-15, Esd 7:1, Esd 7:8, Esd 7:11-26, Ne 2:1-8, Ne 3:1, 2S 15:25, Ps 71:10, Jn 1:41, Jn 4:25, Dn 8:11, Dn 8:25, Es 9:6, Es 55:4, Mi 5:2, Ac 3:15, Ac 5:31, Ap 1:5, Ap 19:16, Ne 4:8, Ne 4:16-18, Ep 5:16, Ne 6:15Réciproques : Gn 8:16, Gn 49:10, 1R 8:34, Esd 4:1, Esd 4:12, Esd 9:9, Ne 4:17, Ps 51:18, Ps 147:2, Ps 147:13, Ec 3:3, Es 44:26, Es 58:12, Jr 31:28, Jr 31:38, Jr 33:14, Ez 21:27, Dn 9:26, Dn 10:21, Dn 12:1, Mi 7:11, Za 6:13, Mt 2:1, Mt 25:34, Mc 1:15, Jn 1:49, Ac 18:5
Notes de la Bible Annotée Neuchâtel
A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informationsDaniel 9
- 9.25 Depuis la sortie de [la] parole [ordonnant] de... Au verset 23, Gabriel avait employé l'expression semblable : une parole est sortie, qui désignait l'ordre divin dont le contenu était essentiellement le verset 21. Ici, il fait allusion par l'expression la parole ordonnant à un ordre humain qu'Israël attendait comme devant mettre fin aux soixante et dix années de captivité; c'était l'édit du roi païen qui autoriserait le retour que Jérémie avait prévu et annoncé dès le commencement de la captivité. Cette parole sortie, dont parle le verset 25, est par conséquent le premier pas dans l'accomplissement du salut décrit verset 24.
Ceux qui rapportent les versets 26 et 27 à l'époque des Maccabées, cherchent naturellement à reculer le plus possible le point de départ des soixante et dix années et voient dans cette expression : la parole sortie, la prophétie même de Jérémie annonçant le rétablissement, telle qu'elle est renfermée dansJérémie 30.18
et suivants,Jérémie 31.38
et suivants. Ils supposent que ces prophéties non datées furent prononcées à l'époque de la ruine de Jérusalem, en 588, et arrivent ainsi à faire de cette année-là (et non de 536) la première des soixante et dix semaines qu'ils identifient avec la première des soixante et dix années de l'exil. Mais nous devons dire ici déjà que cette manière de compter nous paraît inadmissible :- parce que les soixante et dix années qui préoccupaient Daniel en ce jour, ne sont pas même mentionnées dans ces deux passages de Jérémie
- parce que, de cette manière, le temps de l'exil est réduit à 52 ans au lieu de 70
- parce qu'il est bien peu naturel de désigner l'année de la ruine de Jérusalem comme celle dans laquelle l'ordre a été donné de la reconstruire.
D'autres rapportent la sortie de la parole à l'un des deux édits du roi postérieur Artaxerxès soit à celui qui autorisa le retour d'Esdras (année 457) soit à celui relatif à la mission de Néhémie (445). Cela nous paraît également impossible, car ces deux faits ne signalent point une époque marquante, dans l'histoire du peuple de Dieu, et ne sont que la continuation de ce qui avait été fondé par l'édit de Cyrus. On objecte que dans l'édit de Cyrus (Esdras 1.1-4
), il n'est question que de la restauration du temple, tandis qu'il est parlé ici de la reconstruction de Jérusalem. Mais il est clair que le temple ne pouvait être rebâti sans la ville; et si le roi Cyrus s'exprime comme il le fait, c'est que ce qui lui importait, à lui, c'était que la maison de l'Eternel fut rebâtie. Il voulait, sans doute, s'assurer par là la faveur de ce Dieu d'Israël dont il avait, aussi bien que les souverains babyloniens ses prédécesseurs, reconnu la puissance. Comparez les paroles de DariusEsdras 6.10
: Afin qu'ils (les Israélites) offrent des sacrifices de bonne odeur au Dieu des cieux et qu'ils prient pour la vie du roi et de ses enfants; et celles d'Artaxerxès,Esdras 7.20
.
Jusqu'à [un] oint-chef. En rattachant étroitement ce verset au précédent, et en particulier au dernier des six termes, on est naturellement conduit à appliquer cette expression au personnage qui doit réaliser le décret de salut, verset 24, au Messie. Le titre d'oint le désigne comme un de ceux que Dieu a choisis et revêtus de son esprit (comparezEsaïe 61.1
et suivants), et celui de chef (en hébreu nayid : celui qui est à la tête), soit comme le chef du peuple, soit peut-être comme le premier entre tous les oints eux-mêmes, en tant que réunissant en lui la royauté et la sacrificature :Psaumes 110.1,4; Zacharie 6.12-13
.
Ceux qui appliquent les versets suivants à l'époque des Maccabées séparent, comme nous allons le voir, les sept semaines des soixante-deux semaines et placent l'oint-chef à la fin des premières, en rapportant cette expression à Cyrus, le libérateur d'Israël qui, comme tel, est appelé dansEsaïe 45.1
, maschiach, oint. C'est en raison de cette application qu'ils placent la sortie de la parole, non en 536 (édit de Cyrus) ni en 606 (prophétie de Jérémie sur les soixante-et-dix semaines), mais en 588 (ruine de Jérusalem), afin d'obtenir par là un espace de quarante-neuf ans (sept semaines) aboutissant à peu près exactement au roi Cyrus. Nous avons reconnu déjà l'impossibilité de cette application. Et l'expression même de Daniel ne convient pas bien à Cyrus qui aurait dû plutôt être appelé : chef-oint, que oint-chef, car la première qualité qui frappe chez ce roi païen est celle de chef, et non celle de oint. Nous verrons d'ailleurs que cette interprétation forcée se heurte encore à une grosse difficulté chronologique à l'égard des soixante-deux semaines.
On a proposé aussi de voir dans l'oint-chef Esdras, qui est rentré en Palestine quatre-vingts ans après le retour de l'exil. Mais ce sens de l'expression ne nous paraît pas soutenable.
Sept semaines et soixante-deux semaines. Ces deux périodes sont séparées par la ponctuation du texte hébreu, dans ce sens : jusqu'à l'oint-chef, sept semaines, puis, pendant soixante-deux semaines, elle reviendra... C'est l'interprétation suivie par ceux qui voient Cyrus dans l'oint-chef. La ponctuation hébraïque ne peut dans un pareil passage avoir une grande autorité; elle est de beaucoup postérieure à l'ère chrétienne et peut avoir été influencée par le désir d'échapper aux conséquences que les chrétiens tiraient de notre passage en faveur de la dignité messianique de Jésus. Rien dans le texte n'empêche de réunir les deux périodes dans ce sens : jusqu'à l'oint-chef sept semaines et soixante-deux semaines : et la phrase suivante décrit alors le caractère général de ces deux périodes : un temps de rétablissement, mais aussi de détresse permanente. Seulement on se demande dans ce cas à quoi bon séparer cette période uniforme en deux sous-périodes, l'une de sept, l'autre de soixante deux semaines? Il nous parait qu'il faut envisager le premier cycle, celui de sept fois sept ans, comme représentant symboliquement l'époque de la reconstruction de la ville, et de la fondation du nouvel état de choses. Le chiffre sept met à part ce temps de restauration et lui imprime un caractère de sainteté et de grâce particulière. C'est une époque de protection spéciale de Dieu, pendant laquelle Israël eut ses derniers prophètes (Aggée, Zacharie, Malachie) et les derniers envoyés spécialement qualifiés (Esdras, Néhémie). Le cycle de soixante-deux représente symboliquement tout le temps de la conservation du peuple depuis cette rénovation jusqu'à la consommation finale, figurée par la soixante et dixième semaine. Ce chiffre de soixante-deux n'a rien de sacré, il résulte simplement de la soustraction des deux chiffres réunis : sept et un, de la somme totale : soixante et dix. Ainsi trois cycles : l'un de rétablissement, l'autre de maintien, le troisième de consommation (l'ère messianique). Il est certain que, dans l'explication que nous proposons ici, l'on n'arrive pas à une entière exactitude chronologique. Car, depuis le retour de la captivité jusqu'au Messie, il s'est écoulé en réalité 536 ans, tandis que soixante-neuf semaines ne font que 481 ans; mais dès qu'il est entendu que l'auteur parle ici en prophète et non en historien, et qu'il décrit des cycles symboliques cette divergence n'a pas de gravité. Il en est autrement dans l'interprétation maccabéenne, d'après laquelle l'auteur écrirait non en prophète, mais en historien. Dans cette hypothèse, il faut nécessairement que les dates aient une certaine exactitude, et c'est ce qui n'est nullement le cas. Car du retour de l'exil en 536, où commencent selon cette explication les soixante-deux semaines, jusqu'à la mort d'Antiochus, en 461, il ne s'est écoulé que 372 ans et non pas 431 ans (équivalent des soixante-deux semaines). Cela fait 62 ans de trop, ou même 111, si l'on fait dater les 49 ans (équivalent des sept semaines) du retour de la captivité , comme il nous a paru que c'est le sens le plus naturel. Une si énorme erreur de la part d'un auteur écrivant au vu des faits et qui s'est montré si bien instruit des coutumes et de l'histoire babylonienne, n'est-elle pas inadmissible? Tous les expédients imaginés pour échapper à cette difficulté, comme de faire rentrer les sept semaines dans les soixante-deux ou de les placer chronologiquement après les soixante-deux, sont d'une impossibilité exégétique qui saute aux yeux.
Il resterait la troisième explication, qui voit dans la soixante-dixième semaine l'époque finale de l'Antéchrist et du retour du Seigneur. A ce point de vue, l'on rapporte les sept premières semaines à tout le temps écoulé depuis le retour de la captivité jusqu'à la venue du Christ (l'oint-chef) et les soixante-deux à tout le temps de l'économie chrétienne. Nous verrons si cette explication peut s'accorder avec les termes des versets suivants.
Elle reviendra. Le sujet sous-entendu est Jérusalem transportée en Babylonie dans la personne de ses habitants. Cette expression se rapporte surtout à la période des sept semaines, le moment de restauration où avec Zorobabel, Esdras et Néhémie sont revenues les différentes troupes d'exilés.
Sera rebâtie, places et enceintes. Pendant les soixante-deux semaines, Jérusalem est redevenue une ville considérable, l'une des capitales de l'orient.
Dans l'angoisse des temps. Durant toute cette période, Israël n'a pas joui d'un moment de sécurité. Il a passé des mains des Perses à celles des Syriens, et bientôt des Egyptiens, puis de nouveau des Syriens, et après l'époque des Maccabées, dans celles des Romains.