Daniel 9:26-27
(Annotée Neuchâtel)
26
Et après les soixante-deux semaines [un] oint sera retranché et personne pour lui. Et le peuple d'un chef qui viendra, détruira la ville et le sanctuaire, et sa fin sera en débordement, et jusqu'à la fin il y aura guerre ; les désolations sont décrétées.
27 Il concluera une alliance ferme avec un grand nombre pendant une semaine, et à la moitié de la semaine il fera cesser sacrifice et oblation, et sur l'aile des abominations [vient] un désolateur, et cela jusqu'à ce que l'entière destruction qui a été décrétée fonde sur le désolé.
27 Il concluera une alliance ferme avec un grand nombre pendant une semaine, et à la moitié de la semaine il fera cesser sacrifice et oblation, et sur l'aile des abominations [vient] un désolateur, et cela jusqu'à ce que l'entière destruction qui a été décrétée fonde sur le désolé.
Références croisées
9:26 Ps 22:15, Es 53:8, Mc 9:12, Lc 24:26, Lc 24:46, Jn 11:51-52, Jn 12:32-34, 2Co 5:21, Ga 3:13, 1P 2:21, 1P 2:24, 1P 3:18, Jn 14:30, Dn 11:17, Os 1:9, Dn 9:25, Mt 22:2, Mt 22:7, Mt 23:38, Mt 24:2, Mc 13:2, Lc 19:43-44, Lc 21:6, Lc 21:24, Ac 6:13-14, Mt 24:6-14, Mc 13:7, Dn 11:10, Es 8:7, Jr 46:7, Am 8:8, Am 9:5, Na 1:8Réciproques : Gn 3:15, Gn 8:16, Lv 4:4, Nb 24:24, Dt 28:49, Dt 28:52, 2S 21:5, Ps 88:16, Ps 94:23, Ps 124:4, Es 28:18, Es 28:22, Es 64:10, Jr 11:19, Jr 51:42, Jr 51:51, Ez 26:19, Dn 2:40, Dn 8:11, Dn 8:19, Dn 11:22, Dn 11:36, Dn 12:1, Ag 1:4, Za 5:9, Za 11:6, Za 11:10, Ml 4:6, Mt 17:23, Mt 21:41, Mt 24:21, Mt 26:24, Mt 26:56, Mt 27:50, Mc 10:45, Mc 12:9, Mc 13:19, Mc 14:21, Lc 5:35, Lc 9:22, Lc 13:35, Lc 17:37, Lc 18:31, Lc 21:22, Lc 23:31, Jn 1:41, Jn 10:15, Jn 11:48, Jn 19:30, Ac 3:18, Ac 8:33, Ac 13:41, Ac 18:5, Rm 4:25, Rm 9:28, Ph 2:7, He 9:15
9:27 Es 42:6, Es 53:11, Es 55:3, Jr 31:31-34, Jr 32:40-42, Ez 16:60-63, Mt 26:28, Rm 5:15, Rm 5:19, Rm 15:8-9, Ga 3:13-17, He 6:13-18, He 8:8-13, He 9:15-20, He 9:28, He 10:16-18, He 13:20-21, Mt 27:51, He 10:4-22, Dn 8:13, Dn 11:36, Dn 12:11, Es 10:22-23, Es 28:22, Mt 24:15, Mc 13:14, Lc 21:20, Lc 21:24, Rm 11:26, Lv 26:14-46, Dt 4:26-28, Dt 28:15-68, Dt 29:18-29, Dt 30:17-18, Dt 31:28-29, Dt 32:19-44, Ps 69:22-28, 1Th 2:15-16
Réciproques : Ex 29:38, Lv 15:31, Nb 7:62, Nb 24:24, 2R 16:15, Ps 74:3, Es 28:18, Es 64:10, Jr 7:30, Jr 42:18, Jr 51:51, Ez 7:8, Ez 16:62, Dn 8:11, Dn 8:17, Dn 8:19, Dn 11:31, Dn 11:35, Os 3:4, Ag 1:4, Za 5:9, Za 11:6, Za 13:8, Ml 4:6, Mt 24:2, Mc 12:9, Lc 13:35, Lc 17:37, Lc 19:43, Lc 21:6, Lc 21:22, Jn 11:48, Ac 13:41, Rm 9:28, He 7:22, He 10:11
Notes de la Bible Annotée Neuchâtel
A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informationsDaniel 9
- 9.26 Les versets 26 et 27 décrivent la soixante et dixième semaine; selon nous, l'ère messianique où doit être opéré le salut parfait décrit verset 24. L'événement saillant de cette période est mis en tête dans les mots : (Un) oint sera retranché. Ceux qui appliquent ces versets au temps d'Antiochus voient dans cet oint retranché le souverain sacrificateur Onias III, qui fut assassiné à Antioche vers 172 ou 174 avant Jésus-Christ, par le lieutenant d'Antiochus. Il est raconté dans le second livre des Maccabées que le grand sacrificateur Onias fut destitué par Antiochus et remplacé par son frère Jason, que celui-ci à son tour subit le même sort trois ans après par les intrigues de Ménélas. Ce dernier, devenu grand-sacrificateur, gagna le gouverneur d'Antioche où Onias s'était réfugié dans un lieu envisagé comme inviolable, et le fit assassiner. Ce fait, dit le livre cité, produisit une grande sensation chez les Juifs et païens, et il ne serait pas impossible qu'il eût été mis en relief dans un livre composé à cette époque. On peut citer plusieurs passages, par exemple :
Lévitique 4.3,5,16
, où l'épithète de oint est donnée au grand sacrificateur, et lors même qu'Onias était destitué au moment de sa mort, il restait pourtant aux yeux des Juifs un personnage oint. Mais ce qui paraît contraire à cette explication, c'est que ce meurtre est resté un fait isolé, sans la moindre relation morale avec l'invasion de Jérusalem et le pillage du temple, qui sont ici mises en connexion étroite avec le retranchement de l'oint (verset 26). Si l'on part de cette dernière observation, on sera plutôt conduit à appliquer ces mots au retranchement du Messie qui a eu pour conséquences la chute du temple et la ruine du peuple juif. Le terme solennel : sera retranché, convient mieux dans ce sens, puisqu'il s'applique ordinairement à un retranchement exigé par la loi. DansEsaïe 53.8
, la mort violente du Messie est désignée par une expression analogue. Il est donc naturel de voir dans cet oint celui du verset 25, dont la venue avait simplement été indiquée comme, date de la clôture des soixante-neuf semaines : Les sept semaines et les soixante-deux semaines vont jusqu'à un oint-chef..., et après les soixante-deux semaines, l'oint sera retranché.
Cette expression l'oint sera retranché constitue l'objection la plus forte contre la troisième interprétation indiquée, celle qui rapporte ce passage au temps de l'Antéchrist. En effet, il faudrait lui faire signifier, non : sera retranché personnellement, mais sera supprimé comme Messie, en tant que toute obéissance lui sera refusée alors sur la terre, et que pour un temps son Eglise disparaîtra. Ce sens est certainement impossible.
Et personne pour lui. On a rendu ce texte de bien des manières; par exemple : Et il n'y est pour rien (comparezEsaïe 53.3,8
). La traduction la plus littérale serait : Et rien pour lui; ce qui pour le sens ne diffère pas de la nôtre, que nous avons préférée pour plus de clarté. Une fois le Messie retranché, son œuvre paraît anéantie; nul ne semble pouvoir la relever; ses adhérents, les saints, ont comme disparu.
La conséquence de ce retranchement de la personne du Christ et de son œuvre est indiquée dans les paroles suivantes. Une fois la théocratie privée de celui qui en était l'âme, elle ne peut plus que crouler. ComparezLuc 13.31,35; Jean 2.19
. Abattre le Messie, c'est abattre le temple et Israël lui-même.
Le peuple d'un chef. On pourrait traduire aussi : le peuple-chef, qui viendra. Ce serait le peuple du quatrième empire, dominant alors sur toute la terre. Si l'on traduit, comme nous l'avons fait : le peuple d'un chef qui viendra, ce chef est le dominateur de cet empire, qui doit venir un jour pour accomplir ce jugement. La destruction est la rétribution divine pour le meurtre du Messie.
Détruire la ville et le sanctuaire. Le terme de détruire : schachat paraît bien fort pour désigner ce qui se passa sous Antiochus-Epiphane. Trois ans après le meurtre d'Onias, mais sans relation aucune avec cet événement, le temple de Jérusalem fut pillé, un grand nombre d'habitants de la ville massacrés et un autel de Jupiter olympien, dressé sur l'autel des holocaustes. Mais ni le temple ni la ville ne furent détruits.
Et sa fin sera en débordement. On peut rapporter les mots : sa fin, au sanctuaire; le sanctuaire extérieur est comme emporté par un débordement d'eau, afin de faire place au nouveau Saint des saints, annoncé verset 24. Mais cette expression peut aussi s'appliquer à l'ennemi dont il vient d'être parlé : Et après avoir détruit ville et temple, il périra lui-même comme par un débordement. Peut-être y aurait-il allusion à Pharaon et à son armée (Exode 14.28
). Quoi qu'il en soit, c'est une relation morale, plutôt que chronologique, que celle qui est signalée ici, dans ce sens : le destructeur sera détruit à son tour; comparez verset 27 et la relation établie verset 26 entre le retranchement de l'oint et la destruction de la ville et du sanctuaire. Le quatrième empire (romain), après avoir détruit Jérusalem, sera détruit à son tour, et cela par des invasions semblables à un débordement d'eau. Le mot débordement (schéteph) est fréquemment appliqué aux invasions d'armées ennemies, et cela dans Daniel lui-même et ailleurs; comparez11.20,22,26; Esdras 8.8
, etc. Ceux qui admettent l'application à Antiochus voient ici l'indication de la mort de ce monarque. Mais comment expliquer l'expression en débordement? Antiochus est mort tout simplement d'une maladie qui l'a atteint au retour d'une expédition contre la Perse.
Et jusqu'à la fin. On peut entendre : la fin de cette époque déterminée. Le sens est dans de cas : La guerre ne cessera pas que la Terre Sainte n'ait été absolument désolée. Ou bien l'on peut donner au mot la fin une portée plus absolue : jusqu'à la fin de l'ordre actuel. La paix ne s'établira plus d'une manière durable et solide; il y aura guerre entre la bête et les saints jusqu'à la fin, cette guerre ne cessera pas que la grande désolation qui doit précéder l'établissement du règne de Dieu ne soit arrivée.
Sont décrétées : quelque impossible que cela puisse paraître à ceux qu'il concerne, le décret de Dieu doit s'accomplir jusqu'au bout. C'est la seconde destruction d'Israël qui est ainsi annoncée. - 9.27 Au verset 26, la soixante et dixième semaine n'avait pas été mentionnée : l'horizon prophétique restait indéfini. Ce verset renfermait tout ce qui devait suivre les soixante-neuf semaines jusqu'à la fin des temps. C'est là ce qu'expriment les mots : et après les soixante-deux semaines. Au verset 27, le prophète mentionne expressément la soixante et dixième semaine et indique les points essentiels de son contenu.
Il conclura. Plusieurs interprètes ont donné pour sujet au verbe conclura le mot : une semaine, ce qui est peu naturel. Le sujet est certainement sous-entendu. On peut penser, selon les applications diverses des versets précédents, à Antiochus-Epiphane avec lequel font alliance les Israélites apostats, ou bien au Messie qui durant la semaine établit l'alliance nouvelle. Mais peut-être le plus naturel est-il de penser à l'Eternel lui-même qui préside à l'œuvre messianique. C'est dans ce dernier sens qu'on s'explique le mieux l'ellipse.
Une alliance ferme : celle dont Jérémie avait, déjà parlé en l'opposant à l'alliance de Sinaï que les Juifs avaient rompue (Jérémie 31.31
et suivants). Le retour de la captivité n'a été que la reprise de l'ancienne alliance, et non la fondation de la nouvelle.
Ce qui est nouveau dans cette prophétie, ce n'est ni l'idée d'une nouvelle alliance, ni celle du Messie mourant, peint déjà dans Esaïe chapitre 53; c'est uniquement la relation établie entre ces deux faits.
Avec un grand nombre. La même expression (rabbim) avait déjà été employée parEsaïe 52.14; 53.11-12
: Mon serviteur juste en justifiera un grand nombre (comparezMatthieu 20.28; 26.28
). C'est la partie fidèle de l'ancienne alliance, le saint reste, qui devient le noyau de la nouvelle.
Pendant une semaine : la soixante et dixième, pendant laquelle s'accomplit le salut spirituel décrit verset 26.
A la moitié de la semaine. On peut traduire aussi : pendant la moitié de la semaine; soit la première soit la seconde moitié. Dans l'application du passage à Antiochus, cette moitié de semaine représenterait les trois ans et demi que dura la suppression du culte de Jéhova, et en particulier de l'holocauste journalier. Sans doute depuis le 15 kislev 168 où fut placé, sur l'autel des holocaustes celui du Jupiter olympien, jusqu'au 25 kislev 165, où le culte de Jéhova fut rétabli, il n'y a eu que trois ans et dix jours; mais on suppose que le culte de Jéhova avait été supprimé quelques mois avant l'établissement de celui de Jupiter (comparez8.14
, note). Il n'en est pas moins vrai que trois ans dix jours ne sont pas trois ans et demi, et que cette indication ne s'accorde pas avec celle du chapitre 8, qui, de l'aveu de tous, s'applique à la suppression de l'holocauste sous Antiochus-Epiphane. Pourquoi, dans le même écrivain qui est supposé parler ici comme historien, deux dates différentes se trouveraient-elles appliquées au même événement, surtout si l'on tient compte de la précision extrême du chapitre 8 (2300 soirs et matins)?
Il résulte de là, nous paraît-il, que la date d'une demi-semaine, qui correspond à celle de un temps, des temps et la moitié d'un temps (7.25
), doit avoir comme celle-ci un caractère et une signification symboliques plutôt que strictement chronologiques (voir7.25
, note).
Il fera cesser sacrifice et oblation : toute offrande sanglante ou non sanglante. Dieu ne peut faire cesser le sacrifice de l'alliance ancienne qu'en consommant un sacrifice nouveau, fondement de l'alliance nouvelle. C'est donc ici qu'il faut placer l'immolation du Messie (verset 26). Dès ce moment, le culte juif perd sa valeur et son efficacité, qui passent tout entières dans le sacrifice messianique. Le mot schabath : se reposer, cesser, employé dans le texte, s'applique plus naturellement à une cessation de ce genre qu'à une suppression violente, telle que celle qui eut lieu sous les Maccabées. Les cérémonies lévitiques ne sont plus dès lors que des formes sans vie dont l'abolition ne peut tarder; sur le corps mort, les aigles s'assembleront. Le déchirement du voile du temple au moment de la mort de Christ a été le symbole frappant du rejet et de la profanation du sanctuaire par Dieu même.
Sur l'aile des abominations... Ces mots sont très obscurs. Les deux principales traductions sont : Sur l'aile viennent les abominations désolatrices; ou du désolateur; cette traduction n'est pas tout à fait correcte au point de vue grammatical. Ou bien celle que nous avons donnée et qui est plus littérale.
Les abominations sont le terme employé fréquemment dans l'Ancien Testament (par exemple1Rois 11.5; 2Rois 23.13; Jérémie 7.30
, note) pour désigner les idoles.
Le mot traduit par aile a été appliqué à la surface plane de l'autel des holocaustes, sur laquelle les Syriens avaient dressé l'autel de Jupiter olympien. Mais comment justifier cet emploi du mot aile? On l'a pris aussi dans un sens figuré : Porté sur l'aile des abominations, c'est-à-dire par son exaltation idolâtre, viendra le désolateur. Ou bien on l'a appliqué aux aigles romaines qui souilleront un jour Jérusalem et le temple. Le mot hébreu signifie littéralement : une chose étendue qui sert à couvrir. Il pourrait donc bien désigner ici les deux pans du toit du temple (comparez le terme qui en grec signifie aussi aile,Matthieu 4.5
). Le toit du temple serait appelé ici aile des abominations, comme servant d'abri, depuis la mort du Messie, à un culte sans vie et réprouvé de Dieu. Le sens serait donc : Sur le temple de Jérusalem, privé de la présence de Dieu et réduit ainsi à n'être plus qu'un temple idolâtre, fond le désolateur. C'est dans le même sens que, dansEzéchiel 43.7
, le temple est appelé les hauts-lieux d'Israël. On sait par l'historien Josèphe de quelles abominations le temple fut le théâtre pendant le dernier siège de Jérusalem.
Le désolateur est la puissance romaine, désignée déjà, verset 26, par les mots : le peuple d'un chef qui viendra.
L'abomination de la désolation. Cette expression est employée dans le premier livre des Maccabées pour désigner l'autel de Jupiter (1 Maccabées 1.54). Jésus s'en sert aussi en annonçant la profanation du temple par les Romains. Elle n'est pas tirée directement de notre passage, mais plutôt de ceux11.31
, et12.11
(voir les notes).
Et cela jusqu'à ce que... La désolation du temple de Jérusalem dure encore. Elle ne cessera que lorsque le désolateur deviendra un désolé. Le quatrième empire qui détruit le sanctuaire sera détruit à son tour avec ses dix cornes (comparez7.11
).
Remarques sur le chapitre 9
Résumons d'abord le contenu de la révélation renfermée dans le passage précédent.- Dieu prépare à son peuple un salut spirituel parfait, à la fois abolition du mal et don de justice et de sainteté; verset 24
- Cet état de choses se réalisera au terme de soixante-dix semaines comptées à partir de l'édit qui ordonnera le retour du peuple et la restauration de Jérusalem; verset 25
- Jusqu'à l'apparition de l'oint-chef qui opèrera cette œuvre de salut, il s'écoulera sept semaines et soixante-deux semaines; verset 25
- Par ce Messie, Dieu fera alliance avec un grand nombre de membres du peuple, verset 27
- Au milieu de son œuvre, verset 27, le Messie sera retranché, verset 26
- Ce retranchement mettra fin au culte de la première alliance; verset 27
- Le temple sera profané et sur ce temple et la ville fondra un peuple ennemi venant comme un débordement d'eau
- Le décret de Dieu est que l'œuvre de cet ennemi ne cesse que lorsque tout sera dévasté,
- mais aussi que cet ennemi lui-même soit entièrement détruit à son tour.
L'étude impartiale de ce morceau ne nous permet pas de l'appliquer aux événements qui ont eu lieu sous Antiochus Epiphane, soit en supposant avec quelques interprètes que, pris dans ce sens, c e tableau ait été une véritable révélation accordée à Daniel, soit en prétendant y retrouver un exposé de cette histoire fait après coup sous la forme d'une prophétie. La première supposition est le produit bâtard de l'explication actuellement en vogue et du désir de conserver à ce passage son caractère prophétique. Elle se heurte d'ailleurs à plusieurs des raisons que nous allons alléguer contre la seconde. Contre cette dernière, voici nos raisons : - L'énorme erreur chronologique qu'elle suppose. Ce ne sont pas sept semaines et soixante-deux semaines, ou même seulement soixante-deux semaines, qui se sont écoulées entre l'édit de Cyrus et l'avènement d'Antiochus, autrement dit 481 ans ou 434 ans, mais seulement 362 ans. Cela fait une erreur de 119 ans ou au moins de 72. On allègue, il est vrai, une faute semblable commise par l'historien Josèphe à l'égard de la même époque. Mais Josèphe écrivait vers l'an 100 après J-C, tandis que notre poète-historien est censé vivre au temps des Maccabées, à l'issue de la période même dont il parle. Dans ces conditions, une erreur aussi colossale est difficile à comprendre.
A cette première erreur il en ajoute une seconde plus grave encore, puisqu'elle se rapporte aux temps même dont l'auteur doit avoir été témoin. L'apostasie des Juifs qui ont traité alliance avec Antiochus n'a pas duré sept ans (une semaine, verset 27), mais dix ou onze ans, pendant tout le temps du règne d'Antiochus, 175-164. Elle a en tout cas commencé avant l'année 171. - D'après les termes du verset 26, l'ennemi d'Israël détruira la ville et le sanctuaire, ce qui n'a pas été le cas d'Antiochus Epiphane (voyez verset 26, note).
- Le salut messianique serait annoncé verset 24, et le Messie qui doit l'opérer serait ensuite complètement passé sous silence, tandis que deux autres messies (Cyrus et Onias) seraient désignés, dont ni l'un ni l'autre ne sont celui qui opère le salut promis et qu'on attend!
- Il est impossible de se représenter un moment de l'histoire des Maccabées dans lequel on puisse raisonnablement placer la composition de ce passage. Les partisans de l'hypothèse que nous combattons diffèrent sur le temps où cette composition aurait eu lieu. Les uns en fixent la date aux temps qui ont précédé la purification du temple et la mort d'Antiochus, aux commencements du soulèvement maccabéen, entre 167 et 165. Mais, dans ce cas, comment se fait-il que l'auteur se risque à prédire que l'alliance d'Antiochus et des Juifs infidèles durera sept ans (une semaine) et la suppression de l'holocauste trois ans et demi (une demi-semaine)? Puis, pourquoi cet enthousiaste, au lieu de diriger les regards de ceux qu'il avait à encourager dans la lutte sur la prochaine victoire d'Israël et d'employer pour la peindre les expressions magnifiques des anciens prophètes, se contente-t-il de décrire un salut purement moral et d'annoncer simplement que le désolateur sera désolé?
D'autres, sentant ces difficultés, placent la date de la composition de notre prophétie après la purification du temple et la mort d'Antiocbus, vers 163, alors que les Juifs étaient de nouveau maîtres de Jérusalem et avaient remporté de brillantes victoires sur les armées d'Antiochus. Mais comment l'auteur ne ferait-il dans ce cas aucune allusion à ces glorieux faits d'armes et n'en tire-t-il pas son principal sujet d'encouragement pour la foi israélite, en vue du triomphe complet qui était encore à attendre?
Ainsi dans la première de ces suppositions, l'auteur annonce trop de choses, dans la seconde trop peu. Enfin, quelle que soit celle de ces dates que l'on choisisse, le prophète ne pouvait-il pas promettre le salut sans revenir aux soixante et dix années de captivité annoncées par Jérémie et sans traverser de nouveau tout ce passé qu'il fait rentrer dans le cadre des sept semaines et des soixante-deux semaines? Tout cela s'explique au contraire tout naturellement dans la situation de Daniel placé entre ces soixante et dix années de captivité et ces soixante et dix semaines d'épreuve. Comment un écrivain composant en face de la détresse maccabéenne, et s'adressant à des gens dispersés et réfugiés dans des cavernes et jour et nuit sous les armes, serait-il ainsi revenu en arrière? Est-ce pour des gens réduits à cette extrémité que l'on refait de sang-froid l'histoire sous cette forme énigmatique? - Le lien qui unit la prière à la prophétie ne permet pas qu'on les sépare. Or, le caractère de cette prière est profondément sérieux, sobre et saint. Cela ne permet pas de supposer que l'une comme l'autre aient été composées d'une manière artificielle, et par un écrivain qui, trop timide pour prophétiser en son nom, n'aurait pas craint d'attribuer ses élucubrations à un saint homme disparu depuis trois siècles et demi.
- Le morceau versets 24 à 27 est une vraie prophétie.
- Cette prophétie n'a pas trouvé son accomplissement au temps d'Antiochus et ne peut s'appliquer qu'au salut apporté par Jésus-Christ.