Esaïe 66:24
(Annotée Neuchâtel)
Esaïe 66:24
Et quand ils sortiront, ils verront les cadavres des hommes qui se sont rebellés contre moi ; car leur ver ne mourra point, et leur feu ne s'éteindra point, et ils seront en horreur à toute chair.
Références croisées
66:24 Es 66:16, Ps 58:10-11, Ez 39:9-16, Za 14:12, Za 14:18, Za 14:19, Ap 19:17-21, Es 14:11, Mc 9:44-49, Ap 14:10-11, Es 34:10, Mt 3:12, Es 65:15, Dn 12:2, 1Th 2:15-16Réciproques : 1R 8:33, 1R 14:11, 1R 16:3, Jb 7:5, Jb 34:26, Pr 24:24, Es 1:31, Es 10:17, Es 11:11, Es 33:14, Es 41:24, Es 51:8, Jr 7:20, Jr 17:4, Ez 20:47, Ez 32:4, Za 13:8, Lc 16:24, Ac 12:23, 2Th 1:9, Ap 14:20
Notes de la Bible Annotée Neuchâtel
A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informationsEsaïe 66
- 66.24 Il semblait, d'après
61.6
, qu'Israël seul dût exercer la sacrificature dans la nouvelle économie. Mais ici le prophète va plus loin. Tout Israël sera prêtre; mais Dieu se choisira en outre des prêtres et des lévites parmi ces païens qui viennent de remplir un office vraiment sacerdotal en lui offrant les restes d'Israël. On sait que dans l'Ancien Testament nul Israélite, sinon les descendants de Lévi et à plus forte raison nul païen ne pouvait être appelé au sacerdoce. C'est donc une ère toute nouvelle qu'annonce Esaïe : le mur de séparation entre Israël et les Gentils est tombé (Ephésiens 2.14
). ComparezEsaïe 56.7; Malachie 1.11
.
Quelle sorte de sacrifice seront offerts par ce sacerdoce renouvelé? Des offrandes spirituelles telles que celles mentionnéesHébreux 13.15; Romains 15.16
, des dons en faveur du règne de Dieu (chapitre 60); l'offrande que chacun fera de sa personne à son service (Romains 12.1
). La multitude des adorateurs, en sortant de la ville sainte s'en va contempler le champ de bataille, voisin de Jérusalem, où gisent sans sépulture, comme un éternel monument de la justice de Dieu les cadavres des impies (versets 16 et 18). Le prophète fait certainement allusion à l'odieuse vallée de Hinnom ( - L'adoration en esprit du seul vrai Dieu est destinée à remplacer les religions païennes et le culte symbolique de l'ancienne alliance. L'établissement de ce culte spirituel sur la terre entière est le terme auquel doit aboutir, selon le plan de Dieu, l'histoire de l'humanité.
- Le royaume de Dieu sera réalisé ici-bas par l'apparition d'un descendant de David, qui l'établira, non par la force extérieure, mais par la puissance de l'Esprit divin dont il sera oint : il révélera la loi de Dieu à tous les peuples, proclamera le salut et établira ainsi un règne de paix et de justice. Mais Esaïe annonce qu'il ne pourra accomplir cette œuvre qu'en se sacrifiant lui-même, comme victime expiatoire, pour ses frères. Il est donc le prophète et le Roi parfait, en même temps que le souverain sacrificateur de l'humanité.
- L'établissement du règne de Dieu a pour condition un jugement ou une série de jugements par lesquels l'Israël charnel sera dispersé et la théocratie juive détruite. Il faut que l'ancienne Jérusalem disparaisse pour faire place à la nouvelle. La nation sainte des derniers temps comprendra le résidu croyant d'Israël, ramené de ses exils successifs, et les convertis d'entre les Gentils : tous ceux en un mot dont la foi au Christ aura fait de vrais enfants d'Abraham quiconque, juif ou païen, refusera obstinément le salut, sera retranché par le jugement final qui clora la série des jugements antérieurs.
- Le salut promis par les prophètes devait, dans l'intention divine, renouveler d'abord Israël, pour s'étendre ensuite à tous les Gentils. Esaïe annonce déjà le fait anormal qui modifiera profondément l'exécution de ce plan : l'incrédulité d'Israël à l'égard du Messie. Il résultera de là que les païens remplaceront momentanément Israël dans le règne de Dieu, jusqu'à ce que celui-ci revienne à l'Eternel et soit restauré avec le concours des païens eux-mêmes. Ainsi toutes les promesses qui, dans la bouche des prophètes, s'adressaient proprement à Israël, s'appliquent actuellement à l'Eglise, qui a pris sa place et qui accomplit l'œuvre qui eût été la sienne de répandre la connaissance de Jéhova sur la terre. Mais Israël sera replacé un jour au bénéfice de la grâce dont il aurait dû lui-même communiquer les bienfaits aux païens. Les promesses faites à ce peuple ne sont donc pas ébranlées par son rejet momentané. Le centre de l'humanité sauvée sera l'Israël converti des derniers temps, autour duquel se grouperont tous les autres peuples.
- On ne doit pas se représenter cet état final sous une forme purement spirituelle. Toute âme, pour se réaliser complètement, doit se revêtir d'un corps. La vie spirituelle, pénétrant l'humanité, créera un état social saint et heureux, dans lequel Israël rétabli (à Jérusalem, sans doute) jouera un rôle prépondérant. Humilié d'abord plus que tout autre peuple, glorifié maintenant entre tous, il sera au milieu d'eux le prophète de la grâce divine, et Jérusalem redeviendra la lumière du monde.
30.33
). La nouvelle Jérusalem lui apparaît comme l'ancienne renouvelée et glorifiée. De même qu'il y avait près de celle-ci un lieu maudit, où l'on jetait pour être brûlés les cadavres des malfaiteurs, il place le lieu du supplice éternel aux portes même de la nouvelle Sion. Ce tableau ne peut être pris à la lettre, non plus que les images qui suivent. Le ver qui ne meurt pas (châtiment intérieur) et le feu qui ne s'éteint pas (châtiment extérieur), sont les symboles d'une souffrance sans terme, qui consume le pécheur sans le détruire. Jésus s'approprie ces images (Marc 9.43-48
; comparez Apocalypse 20.10,15; 21.8
), tout en dégageant l'idée éternelle de la forme matérielle dont la revêt Esaïe. Le nom de géhenne, par lequel il désigne l'enfer, provient de celui de cette vallée de Hinnom (Gué-Hinnom) qui en est le type dans l'Ancien Testament.Ce verset est la reproduction développée du refrain menaçant par lequel le prophète a terminé les deux premiers cycles de cette dernière partie (
48.22; 57.21
). Comparez aussi le dernier verset du chapitre 1. C'est par cet effrayant tableau que se termine le livre des consolations (40.1
) : l'Eternel ne cesse pas d'offrir à tous et surabondamment sa grâce; mais il faut que ceux qui la méprisent sachent à quoi ils s'exposent en la repoussant.Conclusion
Après avoir étudié en détail le livre d'Esaïe, essayons d'en résumer les vues principales.
Ces vues, dont l'histoire a, jusqu'ici, pleinement confirmé la vérité, seraient-elles le produit de la réflexion d'un pieux israélite, plusieurs siècles avant Jésus-Christ? Comment méconnaître dans le tableau de la personne du Messie et surtout dans celui de ses souffrances, de sa mort et de son activité royale et sacerdotale après qu'il est revenu à la vie, le fruit d'une révélation de Dieu? Un trait surtout dans ce tableau est inexplicable sans une communication supérieure : c'est l'étonnante prévision de l'incrédulité d'Israël et de la mort du Messie, victime de cette incrédulité. On n'échappe à la force démonstrative de ce fait que par une exégèse qui détourne les textes de leur sens naturel (voir entre autres le chapitre 53).
Ce phénomène de l'inspiration prophétique atteint évidemment, dans certains moments, un degré particulier d'intensité. Soudain une vue nouvelle, communiquée le plus souvent sous forme de vision, s'empare de l'esprit du prophète; puis elle devient le point de départ de développements plus réfléchis et plus oratoires. C'est comme une illumination subite qui se répand sur un point quelconque de l'avenir, pour se résoudre ensuite en une lumière continue. Il suffit de comparer certains points culminants de la prophétie (comme les chapitres 7, 9, 42, 50, 53, 61, 63), avec ce qui précède et ce qui suit, pour sentir que de tels passages sont le produit immédiat de ces actes d'inspiration les plus absolument divins.