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Esaïe 7:14
(Annotée Neuchâtel)
Esaïe 7:14 C'est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici, la jeune fille a conçu, et elle enfante un fils, et elle appelle son nom Emmanuel !

Références croisées

7:14 Gn 3:15, Jr 31:22, Mt 1:23, Lc 1:35, Gn 4:1-2, Gn 4:25, Gn 16:11, Gn 29:32, Gn 30:6, Gn 30:8, 1S 1:20, 1S 4:21, Es 8:8, Es 9:6, Jn 1:1-2, Jn 1:14, Rm 9:5, 1Tm 3:16
Réciproques : Gn 28:15, Ex 3:12, Ex 3:13, Ex 23:21, Ex 33:19, Lv 4:28, Dt 20:1, Js 3:10, Jg 1:19, 1S 10:7, 2S 23:5, 1R 11:39, 2R 8:19, 2R 16:5, 2R 20:8, Ps 22:9, Ps 72:17, Pr 30:4, Ct 8:1, Es 8:3, Es 8:10, Es 12:2, Es 32:2, Es 37:30, Es 38:5, Jr 15:20, Jr 23:6, Jr 33:14, Os 1:4, Os 1:7, Mi 5:5, Za 12:8, Ml 3:1, Mt 11:3, Mt 12:42, Mt 22:42, Lc 1:27, Lc 1:31, Lc 2:7, Lc 7:19, Lc 20:44, Lc 24:27, Lc 24:44, Jn 1:45, Jn 19:5, Jn 20:28, Ac 2:30, Ac 10:36, Ac 13:32, Ac 26:6, 2Co 1:20, Ga 4:4, Ph 2:6, Col 2:9, 1Tm 2:15, He 1:8, He 2:9, He 2:14, He 10:5, Jc 2:7, Ap 12:5

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
Esaïe 7
  • 7.14 Vous ne voulez pas du signe que Dieu vous offre; Dieu vous donnera lui-même le signe du salut (verset 14); mais d'un salut qui n'empêchera pas votre ruine : les ennemis actuels seront détruits sans doute, d'ici à peu de temps (versets 15 et 16); mais les Assyriens, qui vous délivreront d'eux, deviendront les exécuteurs de mon jugement sur votre incrédulité (versets 17 à 25).
    Emmanuel (8.8,10) signifie Dieu avec nous. C'est la mère qui donne à l'enfant son nom; cela se passait souvent ainsi chez les Hébreux Genèse 29.32; 1Samuel 1.20, etc.).
    Les versets 14 à 17 sont hérissés de difficultés de toute nature; les interprètes exercent depuis des siècles leur perspicacité sur ce passage, sans être parvenus jusqu'ici à en dissiper entièrement les obscurités. Nous ne nous flattons pas d'y réussir. Mais nous chercherons à mettre le lecteur au fait des solutions proposées et des raisons principales pour ou contre chacune d'elles. Qui est la jeune mère? Qui est Emmanuel? Il y a deux classes principales de solutions présentées. Les unes nient toute signification messianique de l'oracle; les autres reconnaissent en Emmanuel le Messie. La force des premières réside dans les versets 15 et 16, qui paraissent dire qu'avant que l'enfant désigné ait atteint l'âge de deux ou trois ans, les deux rois actuellement en guerre avec Juda, Pékach et Retsin, seront abattus. La force des secondes est dans les expressions du verset 14.
    A) Les interprétations non messianiques :
    1. Plusieurs interprètent : Si une femme, maintenant enceinte, enfantait un fils dans quelques mois, elle pourrait lui donner le nom favorable de : Dieu avec nous; car, avant que cet enfant eût atteint l'âge de 2 ou 3 ans, la Judée serait delivrée.
      Mais où serait, dans ce cas, le signe si solennellement annoncé comme venant, de la part de Dieu : Le Seigneur, lui, vous donnera un signe?
      Il s'agit d'ailleurs évidemment ici d'une mère et d'un enfant déterminés (la jeune fille).
    2. D'autres pensent que le prophète parle de sa propre femme et de l'enfant qu'elle devra bientôt mettre au monde (et que quelques-uns identifient avec Maherschalal-Chaschbaz; mais voyez 8.4, note). C'est elle qui, éclairée par la promesse de Dieu, donnera à son fils ce nom de bon augure. Esaïe et ses fils sont, en effet, appelés des signes en Israël (8.18; comparez 7.3, note; 8.3-4). Dans cette explication il serait impossible d'admettre que la personne nommée ici alema (jeune fille) fût la mère du fils aîné d'Esaïe, Schéarjaschub (verset 3). Il faudrait donc supposer que la première femme du prophète était morte et qu'il venait de se remarier. Mais, même ainsi, cette explication ne paraît pas soutenable. Jamais le mot alema ne désigne une femme mariée; on peut s'en assurer en comparant les six autres passages de l'Ancien Testament où ce mot se rencontre :
      • Genèse 24.43, Rébecca au moment où Eliézer la demande en mariage pour Isaac
      • Exode 2.8, la jeune sœur de Moïse
      • Psaumes 68.26, les jeunes filles célébrant la fête
      • Cantique 1.3; 6.8, les jeunes filles dans le harem de Salomon
      • Proverbes 30.19
      Le mot alema n'est point, sans doute, synonyme de bethoula, qui exprime la notion de virginité : il désigne la jeune fille, vierge ou non, en tous cas non mariée, comme cela ressort des exemples cités. Ajoutons qu'en 8.8, Emmanuel apparaît comme le légitime propriétaire de la Terre Sainte, envahie par les Assyriens (ton pays, ô Emmanuel!). Pourrait-on parler ainsi d'un simple fils de prophète?
    3. On a pensé, par cette raison, à un fils du roi Achaz lui-même, à Ezéchias, par exemple, qui a vraiment joué en Israël un rôle de libérateur. Mais Ezéchias, au moment où parlait Esaïe, devait être âgé déjà de neuf ans. Il faudrait donc penser à quelqu'autre fils du roi, à nous inconnu, qui devait naître dans peu de mois. Mais quel signe spécialement donné de Dieu y avait il donc là? La jeune femme dont parle Esaïe semble d'ailleurs être présente; ce qui ne serait guère admissible, s'il s'agissait de l'une des femmes du roi.
    Enfin à toutes ces explications s'oppose une raison plus décisive. La comparaison du chapitre 7 avec les chapitres 8 et 9 prouve que, dans la pensée d'Esaïe, Emmanuel n'est autre que le Messie. D'après 8.8, la Terre Sainte lui appartient; 8.10, c'est lui qui doit faire échouer les desseins des ennemis du peuple de Dieu. Ce même enfant reparaît 9.1-6 (morceau qui forme un seul tout avec le chapitre 8, et qui est relié étroitement à 7.14 par le passage 8.8-10). L'identité des expressions employées constate celle de la personne : Elle enfante un fils...; elle appelle son nom Dieu avec nous (7.14), comparez avec : Le fils nous est né...; on appelle son nom Dieu fort (9.5). Au chapitre 11, verset 1, nous le retrouvons encore, comme le rejeton sortant du tronc d'Isaï (le père de David), par conséquent comme le Messie. Au chapitre 7, il va naître; au chapitre 9, il est né; au chapitre 11, il règne. Ces rapprochements ne laissent subsister aucun doute sur la pensée du prophète. Le contexte du chapitre 7 conduit naturellement à l'interprétation messianique. La délivrance dont Dieu donne le signe en la personne d'Emmanuel, ne peut s'appliquer à la prochaine défaite des deux rois ennemis, annoncée versets 15 et 16. Cette dernière est le résultat d'une alliance opposée à la volonté de Dieu, et dont Esaïe cherchait en ce moment même à détourner Achaz. Cette alliance avec l'Assyrie allait devenir, sous peu, la cause de la ruine de Juda, comme cela est développé verset 17 et suivants. Or, le signe divin d'Emmanuel ne peut s'appliquer qu'à un salut sérieux, réel, conforme à la pensée de Dieu, salut qui n'est plus possible dans le moment présent; car en refusant le signe que Dieu lui offrait, Achaz avait repoussé le secours divin. Le présent est donc perdu, l'avenir seul reste. C'est ce qu'Esaïe lui-même exprime dans cette parole (8.17) : Je m'attends donc à l'Eternel, qui cache sa face à la maison de Jacob, et j'espère en lui.
    B) Les interprétations messianiques.
    1. Quelques interprètes, tout en reconnaissant dans Emmanuel le Messie, pensent qu'au moment où il parlait, le prophète attendait sa naissance dans l'année; sa mère serait naturellement l'une des femmes d'Achaz. Le fait aurait démenti cette prévision; mais l'erreur ne porterait que sur le temps et ne détruirait pas la vérité foncière de la prophétie. Sans revenir à ce qui a été dit plus haut du terme alema, nous observerons que, dans le sens de ces interprètes, il ressortirait de 9.5 (l'enfant nous est né) qu'Esaïe aurait plus tard réellement appliqué sa prophétie à un fils d'Achaz, né au bout de quelques mois. Comment admettre qu'une erreur aussi colossale n'eût pas ôté tout crédit à sa parole, et que de tels oracles eussent été conservés dans le recueil de ses discours? Puis, d'après 11.1, la famille royale doit être, au moment de la naissance du Messie, semblable à un tronc dont, il ne reste plus que les racines cachées en terre. La situation de la famille de David n'était point telle au temps d'Esaïe et ne pouvait le devenir dans l'espace de quelques mois.
    2. D'après plusieurs exégètes, Emmanuel désignerait le Messie comme personnage futur, mais il serait préfiguré dans le présent par un enfant qui devait naître à cette époque, et qui aurait servi, pour ainsi dire, d'illustration à l'idée messianique. Mais qui serait cet enfant-type? Et comment appliquer à deux individus différents la prophétie si concrète et si précise du verset 14?
    3. D'après une dernière interprétation, il s'agit au verset 14 d'une réalité future, mais présente déjà dans l'intuition du prophète. (Comparez les descriptions 5.26-30; 10.28-34 si vivantes et
    4. si précises que le prophète semble avoir sous les yeux ce qu'il décrit.) L'indignation profonde où l'a jeté le refus d'Achaz a élevé chez lui à sa plus haute puissance le sens prophétique, et c'est comme une espèce de vision que se présente à lui le tableau du verset 14. Achaz ne veut pas de la délivrance d'en haut, mais le salut de Dieu n'en demeure pas moins, et se réalisera en son jour par la naissance d'Emmanuel. Cet événement futur est si certain, si nécessaire, qu'il est la garantie de la conservation de la théocratie, malgré la folie de ses chefs. Si l'on ne considère que le verset 14, nous ne savons ce que ce sens pourrait laisser à désirer. En employant le terme d'alema (qui, sans impliquer nécessairement la virginité, la suppose naturellement), Esaïe a-t-il pensé à la naissance miraculeuse du Messie? Si l'on se rappelle certains faits de l'histoire israélite, par exemple la naissance extraordinaire d'Isaac, le fils de la promesse, on ne saurait trouver étrange que le prophète eût attribué une origine plus sublime encore à celui qu'il appelle Dieu fort, Dieu avec nous. Toutefois notre prophétie, de même que l'oracle analogue Michée 5.2-3, a un caractère trop énigmatique et mystérieux, pour que l'on puisse dire jusqu'à quel point le prophète s'est rendu compte du mode surnaturel de son accomplissement (Matthieu 1.23).