Hébreux 2:9
(Annotée Neuchâtel)
Hébreux 2:9
Mais nous voyons ce Jésus, qui a été fait pour un peu de temps inférieur aux anges, couronné de gloire et d'honneur à cause de la mort qu'il a soufferte, afin que par la grâce de Dieu il goûtât la mort pour tous.
Références croisées
2:9 He 8:3, He 10:5, Gn 3:15, Es 7:14, Es 11:1, Es 53:2-10, Rm 8:3, Ga 4:4, Ph 2:7-9, Ps 21:3-5, Ac 2:33, Ap 19:12, Jn 3:16, Rm 5:8, Rm 5:18, Rm 8:32, 2Co 5:21, 2Co 6:1, 1Jn 4:9-10, Mt 6:28, Mc 9:1, Lc 9:27, Jn 8:52, Jn 1:29, Jn 12:32, 2Co 5:15, 1Tm 2:6, 1Jn 2:2, Ap 5:9Réciproques : Ex 28:2, 2R 11:12, 1Ch 29:25, 2Ch 23:11, Ps 8:5, Ps 89:19, Ps 110:7, Ct 3:11, Ct 8:1, Ez 34:24, Mi 2:13, Za 3:5, Za 6:11, Mt 16:28, Lc 10:37, Jn 3:35, Jn 10:17, Jn 10:18, Jn 12:24, Jn 13:3, Jn 14:28, Jn 17:2, Ac 3:13, Ac 3:22, Ac 19:17, Rm 5:15, 2Co 5:14, Ep 1:20, Ep 4:9, Ph 2:9, 1Tm 3:16, 2Tm 2:5, Tt 2:11, He 1:2, He 1:4, He 2:7, He 3:3, 1P 1:21, Ap 14:14
Notes de la Bible Annotée Neuchâtel
A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informationsHébreux 2
- 2.9 Mais nous voyons ce Jésus, qui a été fait pour un peu de temps inférieur aux anges, couronné de gloire et d'honneur à cause de la mort qu'il a soufferte, afin que par la grâce de Dieu il goûtât la mort pour tous. L'auteur de
Psaumes 8
, après avoir contemplé la grandeur des œuvres de Dieu dans l'étendue des cieux, reporte sa pensée sur l'homme, sur sa petitesse et sa misère, et il s'étonne que Dieu se souvienne de lui et prenne garde à lui.
Et toutefois, l'homme possède une intelligence pour connaître Dieu, un cœur pour l'aimer, une volonté pour lui obéir. Ces facultés l'élèvent bien audessus des mondes qui resplendissent au firmament, et le rendent peu inférieur aux êtres célestes eux-mêmes. Dieu l'a ainsi couronné de gloire et d'honneur ; et dans l'intention première de son Créateur, il devait être infiniment plus grand encore. Fait à l'image de Dieu, il devait soumettre la création à sa volonté, (Genèse 1.26-31
) et se développer librement, comme roi de cette création, jusqu'à ce qu'il fût consommé et glorifié dans sa ressemblance avec Dieu.
Mais d'où vient que l'état actuel de l'homme réponde si peu à sa destination ? C'est le péché qui en est la cause. Par suite du péché, celui qui devait régner n'a plus été qu'un roi déchu, tombé sous la domination de la chair, de la nature et du monde qu'il devait s'assujettir. C'est ce que remarque l'auteur de l'épître. (Hébreux 2.8
) Il se demande comment il se fait que les déclarations dePsaumes 8
soient si peu réalisées ; comment, lorsque Dieu a tout assujetti à l'homme, tout sans exception, cependant nous ne voyons nullement l'homme dominer sur tout, mais n'être le plus souvent qu'un malheureux esclave.
Le but de Dieu en le créant ne serait-il pas atteint ? Le versetHébreux 2.9
donne la solution pleine et glorieuse du problème. Un second Adam, Jésus, le fils de l'homme, la souche d'une humanité nouvelle, nous apparaît couronné de gloire et d'honneur, après avoir été lui-même, comme tous les hommes ses frères, fait quelque peu inférieur aux anges.
Et pour quelle cause a-t-il été couronné de gloire et d'honneur ? A cause de la mort qu'il a soufferte. Et pourquoi l'a-t-il soufferte ? Afin que, par la grâce de Dieu (par l'effet de son amour), il goûtât la mort pour tout homme.
Ce grand but de sa venue sur la terre est la raison pour laquelle il a dû, dans sa vie humaine, être fait quelque peu inférieur aux anges. En lui et par lui "les fils de Dieu sont ramenés à la gloire," (Hébreux 2.10
) et le monde à venir leur est de nouveau assujetti. (Hébreux 2.5
) Ce monde à venir, qui est la terre et le ciel glorifiés, les pécheurs rachetés le possèdent en leur chef Jésus Christ. (Comparer1Corinthiens 15.25-28
)
- Telle est l'interprétation que donnent de notre passage Th. de Bèze, Ebrard, Delitzsch, Hofmann, Keil, Kübel, et que détendaient nos précédentes éditions. Elle présente une grosse difficulté, qui la fait rejeter par la plupart des interprètes : c'est le terme qu'elle sous-entend comme antithèse à la négation duHébreux 2.5
"le monde à venir n'a pas été soumis à des anges,.." mais à l'homme. Rien dans le contexte ne fait penser à l'homme. L'auteur aurait dû le nommer, d'autant plus que son idée avait quelque chose d'étrange : le monde à venir soumis à l'homme ! Dieu avait dit à Adam et à Eve : "Remplissez la terre et l'assujettissez," (Genèse 1.28
) mais non le monde à venir. Il est vrai que cette expression désigne moins le ciel dans son opposition à la terre, que le règne de Dieu fondé ici-bas déjà par le Messie ; mais l'idée de ce règne n'implique pas directement celle de la royauté de l'homme.
Et quand, de plus, l'auteur dit : (Hébreux 2.5
) "le monde à venir dont nous parlons," il est impossible de ne pas penser à tout ce qu'il vient de dire (Hébreux 1.2,3,8,13
) de la position souveraine du Fils dans les cieux. Il n'y a donc qu'une réponse admissible à la question que poseHébreux 2.5
: à qui Dieu a-t-il soumis le monde à venir puisque ce n'est pas à des anges ? - Au Fils. Et dès lors, Il faut reconnaître que l'auteur citePsaumes 8
en le détournant de son sens premier, en l'appliquant, non à l'homme, mais au Messie.
- Les interprètes qui appliquent toute la citation au Messie se divisent à leur tour. Les uns pensent qu'elle est destinée à relever sa grandeur : qu'il est grand, puisque tu te souviens de lui ! Les autres estiment qu'elle décrit son abaissement ; et c'est ainsi qu'il nous paraît plus naturel de l'entendre. Dans la première application, le Psaume est par trop détourné de son sens propre.
La soumission de l'univers au Fils résulte de sa qualité "d'héritier de toutes choses." (Hébreux 1.2
) Elle était proclamée déjà dans le Psaume. (Psaumes 8.7
) Or nous voyons que ce Fils, loin de dominer, est profondément abaissé : "Nous ne voyons pas encore maintenant que toutes choses lui soient soumises." (Hébreux 2.8
) Contradiction troublante, que l'auteur résout par l'explication qu'il va donner de la mort de Jésus : (Hébreux 2.9
) cette mort, dernier degré de son abaissement, a été le moyen même de son triomphe ; par elle, il a fondé son règne ; par la croix, il s'est élevé au trône.
Nous voyons maintenant, par le regard de la foi, ce Jésus, qui a été abaissé pour un peu de temps au-dessous des anges, couronné de gloire et d'honneur, à cause de la mort qu'il a soufferte. C'est sur ces derniers mots que porte l'accent de la phrase grecque. Cette mort soufferte par Jésus, qui empêchait beaucoup de Juifs de reconnaître en lui le Messie, a été précisément la cause de son élévation. Celle-ci est présentée comme la récompense de l'obéissance que Jésus a montrée dans ses souffrances (ComparerPhilippiens 2.8,9
)
Enfin le but qui devait être atteint par les souffrances et la mort de Jésus, est indiqué en ces mots : afin que, par la grâce de Dieu, il goûtât la mort pour tout homme. La mort du Rédempteur est destinée à procurer le salut à tout homme qui met en elle sa confiance ; et il en est ainsi en vertu d'une dispensation de la grâce de Dieu, cause première de toute l'œuvre de la rédemption.
M. Weiss objecte que, dans notre épître, la grâce de Dieu n'est pas, comme dans les épîtres de Paul, le principe du salut, mais sa conséquence, la faveur divine rendue au pécheur ensuite de l'expiation opérée par Christ. Il préfère, pour cette raison, une leçon qui ne se lit que dans un seul majuscules et quelques versions, mais qu'Origène indique comme la plus répandue de son temps, et qui porte sans Dieu, au lieu de : par la grâce de Dieu. L'auteur ferait allusion, d'après M. Weiss, à l'abandon de Dieu que Jésus éprouva sur la croix et qui marqua le point culminant de ses souffrances. (Marc 15.34
)
Les nestoriens interprétaient cette leçon en disant que Jésus "goûta la mort, sans participation de sa nature divine ;" Origène y trouvait ce sens : "afin qu'il goûtât la mort pour tout être, excepté Dieu."
La plupart des exégètes modernes s'en tiennent à la leçon du texte reçu et lui donnent le sens que nous avons indiqué plus haut.
Notre auteur emploie si rarement le terme de grâce, qu'on ne saurait fixer avec certitude la signification qu'il lui attribue, ni affirmer qu'il ne lui donne jamais le même sens que Paul. Le sens paulinien du terme pourrait être revendiqué pourHébreux 10.29
etHébreux 13.9