Lueur.org - Un éclairage sur la foi
Jean 19:7-12
(Annotée Neuchâtel)
7 Les Juifs lui répondirent : Nous, nous avons une loi, et selon cette loi il doit mourir, parce qu'il s'est fait Fils de Dieu.
8 Lors donc que Pilate entendit cette parole, il eut encore plus de crainte ;
9 et il rentra dans le prétoire, et il dit à Jésus : D'où es-tu ? Mais Jésus ne lui donna point de réponse.
10 Pilate lui dit donc : Tu ne me parles pas ! Ne sais-tu pas que j'ai le pouvoir de te relâcher, et que j'ai le pouvoir de te crucifier ?
11 Jésus répondit : Tu n'aurais aucun pouvoir sur moi, s'il ne t'avait été donné d'en haut ; c'est pourquoi celui qui m'a livré à toi est chargé d'un plus grand péché.
12 Là-dessus, Pilate cherchait à le relâcher. Mais les Juifs criaient : Si tu relâches celui-ci, tu n'es point ami de César ! Quiconque se fait roi, se déclare contre César.

Références croisées

19:7 Lv 24:16, Dt 18:20, Jn 5:18, Jn 8:58-59, Jn 10:30-33, Jn 10:36-38, Mt 26:63-66, Mt 27:42-43, Mc 14:61-64, Mc 15:39, Rm 1:4
Réciproques : Ps 64:6, Es 53:4, Es 53:8, Jr 26:11, Dn 3:25, Dn 6:5, Dn 6:14, Mt 14:33, Mt 26:66, Mt 27:54, Mc 9:7, Mc 14:64, Lc 22:70, Lc 23:47, Jn 1:34, Jn 8:53, Jn 18:31, Ac 9:20, Ac 24:6, 2Co 1:19
19:8 Jn 19:13, Ac 14:11-19
Réciproques : Dn 3:25, Jon 1:10, Mt 27:27, Ac 24:6
19:9 Jn 8:14, Jn 9:29-30, Jg 13:6, Ps 38:13-15, Es 53:7, Mt 27:12-14, Mc 15:3-5, Ac 8:32-33, Ph 1:28
Réciproques : Mt 26:62, Mt 27:27, Mc 14:60, Mc 15:5, Mc 15:16, Jn 8:25, Jn 18:28, Jc 5:6, 1P 2:23
19:10 Jn 18:39, Dn 3:14-15, Dn 5:19
Réciproques : Gn 31:29, 2R 9:3, 2R 18:25, 2R 18:29, 2Ch 32:15, Ec 3:14, Mc 14:60, Mc 15:4
19:11 Jn 3:27, Jn 7:30, Gn 45:7-8, Ex 9:14-16, 1Ch 29:11, Ps 39:9, Ps 62:11, Jr 27:5-8, Lm 3:37, Dn 4:17, Dn 4:25, Dn 4:32, Dn 4:35, Dn 5:21, Mt 6:13, Lc 22:53, Ac 2:23, Ac 4:28, Rm 11:36, Rm 13:1, Jc 1:17, Jn 11:49-50, Jn 18:3, Mt 26:65, Mt 27:2, Mc 14:44, Jn 9:41, Jn 15:22-24, Lc 7:41-42, Lc 10:11-14, Lc 12:47-48, He 6:4-8, Jc 4:17
Réciproques : Gn 31:29, Jg 3:12, 1S 15:28, 2R 5:1, 2R 9:3, 2R 17:21, 2R 18:25, 2R 18:29, 1Ch 29:12, 2Ch 32:15, Esd 6:22, Jb 1:12, Jb 32:13, Ec 3:14, Es 54:16, Dn 2:37, Dn 5:19, Mi 2:1, Mt 4:5, Mt 21:44, Mc 10:33, Lc 8:32, Lc 9:44, Lc 23:34, Jn 10:18, Jn 18:35, Ac 12:3, Rm 2:12, 1Tm 6:13, Ap 6:4, Ap 9:5, Ap 13:7
19:12 Mc 6:16-26, Ac 24:24-27, Jn 18:33-36, Lc 23:2-5, Ac 17:6-7
Réciproques : Gn 49:10, 1R 21:13, Esd 4:14, Ne 2:19, Jb 24:22, Pr 29:25, Jr 38:5, Jr 38:19, Dn 6:16, Mt 2:2, Mt 14:9, Mt 19:22, Mt 22:17, Mc 15:3, Mc 15:14, Mc 15:32, Lc 23:20, Jn 11:50, Jn 18:30, Jn 19:19, Jn 19:22, Ac 7:27, Ac 8:33, Ac 13:28

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
Jean 19
  • 19.7 Les Juifs lui répondirent : Nous, nous avons une loi, et selon cette loi il doit mourir, parce qu'il s'est fait Fils de Dieu. En général, les Romains laissaient aux peuples vaincus leur législation nationale. Les Juifs s'en prévalent avec une sorte d'orgueil : Nous, disent-ils, nous avons une loi.
    Ils entendent par là Lévitique 26.16, qui condamne à mort le blasphémateur du nom de Dieu. Or, selon ces théologiens juifs, Jésus a blasphémé en se déclarant Fils de Dieu. Il l'avait fait cette nuit même, d'une manière solennelle, devant le sanhédrin. (Matthieu 26.64 ; Marc 14.62-64) Donc il doit mourir. (Comparer Jean 5.18 ; 10.33)
    Il y avait, dans cette nouvelle tournure qu'ils donnent à l'accusation, autant de maladresse que de mauvaise foi.
    Après avoir condamné Jésus sur ce chef religieux de s'être fait Fils de Dieu, ils ont porté devant Pilate une accusation politique : Il s'est fait roi. (Jean 18.33, note.)
    Maintenant, n'ayant rien obtenu du gouverneur, ils reviennent à la première accusation. Ils auraient dû prévoir que Pilate refuserait plus décidément encore de l'admettre. (verset 8)
  • 19.8 Lors donc que Pilate entendit cette parole, il eut encore plus de crainte ; Plus de crainte qu'on ne le forçât de condamner Jésus.
    Quelle était la cause de cette crainte croissante ?
    Les interprètes sont à peu près unanimes à penser que Pilate, en entendant ce mot de Fils de Dieu, et sous l'impression qu'il pouvait avoir reçue de la présence et des paroles de Jésus, voyait réellement en lui quelque être surnaturel, le fils d'un dieu. Sa crainte aurait eu ainsi un caractère superstitieux, qu'elle pouvait avoir revêtu à la suite de l'avertissement que la femme de Pilate venait de lui donner. (Matthieu 27.19)
    Cette explication n'est point, comme on l'a prétendu, psychologiquement improbable, car la superstition s'allie très bien avec le scepticisme ou l'incrédulité. Sans doute, on pourrait attribuer la crainte de Pilate à une autre cause.
    On exigeait de lui la ratification d'une sentence de mort conformément à une loi (verset 7) qu'il ne connaissait pas et sur un grief religieux qu'il ne pouvait admettre
    En outre, ce grief était formulé par des ennemis acharnés dont il pénétrait toute la haine, et qui changeaient de chef d'accusation en sa présence. Cette dernière circonstance devait frapper d'autant plus le magistrat, qu'il allait voir ces juges iniques revenir bientôt à leur accusation politique. (verset 12)
    Mais ce qui décide en faveur de la première explication, c'est la question de Pilate à Jésus. (verset 9)
  • 19.9 et il rentra dans le prétoire, et il dit à Jésus : D'où es-tu ? Mais Jésus ne lui donna point de réponse. Il n'est pas possible que cette question signifie : Quel est ton pays ? ce qui n'aurait aucun sens dans ce contexte. D'ailleurs Pilate venait d'apprendre que Jésus était de la Galilée. (Luc 23.6) Sa question signifie donc : Prétends tu réellement que tu viens du ciel et que tu es le Fils de Dieu ? (Comparer versets 7,8)
    Pourquoi Jésus refuse-t-il de répondre ? Il avait déjà dit à Pilate tout ce qu'il pouvait lui révéler sur sa personne en lui parlant de la nature céleste de son règne (Jean 18.36,37)
    S'il lui avait répondu : Je suis venu du ciel, je suis le Fils de Dieu, cela aurait signifié pour le païen Pilate : le fils d'une divinité mythologique quelconque. D'ailleurs Pilate, esclave de ses passions mondaines, n'était pas dans une disposition morale qui le rendit capable d'en entendre davantage sur ce grand mystère de piété. (Comparer Matthieu 27.12-14)
    "La vraie réponse ; dit M. Godet, nous paraît résulter de ce qui précède : Pilate en savait assez sur son compte pour le libérer, il l'avait lui même déclaré innocent. Cela aurait dû lui suffire. Ce qu'il voulait savoir de plus "n'appartenait pas à sa compétence." (Ebrard.) S'il ne délivrait pas Jésus en tant qu'homme innocent, il méritait de le crucifier lui, le Fils de Dieu. Son crime devenait son châtiment."
    Ces raisons évidentes suffisent à expliquer le silence de Jésus, sans qu'il soit nécessaire d'en chercher d'autres, comme celle-ci : Jésus ne voulait rien dire qui pût amener Pilate à le libérer, parce que c'eût été contraire aux desseins de Dieu. (Luthardt.)
  • 19.10 Pilate lui dit donc : Tu ne me parles pas ! Ne sais-tu pas que j'ai le pouvoir de te relâcher, et que j'ai le pouvoir de te crucifier ? Pilate est étonné et blessé du silence de Jésus, qui lui paraît manquer de respect envers lui. (Grec : à moi, tu ne parles pas !)
    De là l'expression hautaine et deux fois répétée de son pouvoir sur la liberté et sur la vie de Jésus.
    Il n'est pas question de justice dans ces paroles de Pilate ; l'arbitraire du pouvoir doit tout décider.
    Ainsi, comme l'observe M. Luthardt la crainte superstitieuse de Pilate le cède à son orgueil.
    (Comparer sur le silence de Jésus, Matthieu 27.12 ; Luc 23.9)
  • 19.11 Jésus répondit : Tu n'aurais aucun pouvoir sur moi, s'il ne t'avait été donné d'en haut ; c'est pourquoi celui qui m'a livré à toi est chargé d'un plus grand péché. Jésus humilie d'abord en Pilate cet orgueil du pouvoir dont il se vante, en lui déclarant qu'il n'a point ce pouvoir par lui-même, mais qu'il lui a été donné par un plus puissant que lui, il lui vient d'en haut (voir sur ce mot Jean 3.3,27,31 ; Jacques 1.17), de Dieu, qui peut le lui ôter.
    On pourrait s'attendre à ce que Jésus tire de cette déclaration la conséquence que Pilate est d'autant plus coupable envers lui, puisqu'il est responsable de son pouvoir envers Celui qui le lui a confié.
    Mais il voit, au contraire, dans la situation providentielle du gouverneur, qui ne fait qu'exercer envers lui l'autorité que Dieu a donnée aux Romains sur son peuple, une circonstance atténuante.
    D'où il conclut (c'est pourquoi), par comparaison, que celui qui l'a livré à Pilate (le sanhédrin) est chargé d'un (grec il a un) plus grand péché ; car il n'a reçu de Dieu aucune autorité pour cela, mais il l'a usurpée.
    Jésus ne voit donc en Pilate que le dépositaire d'un pouvoir auquel lui-même se soumet humblement, mais, en même temps, l'instrument faible et aveugle de la haine du sanhédrin.
    Pilate est coupable mais le sanhédrin l'est beaucoup plus. Jésus, lié, accusé et déjà condamné, "se pose en Juge de ses Juges ; et, comme s'il était assis lui-même sur son tribunal il pèse dans son infaillible balance Pilate et le sanhédrin." Godet.
  • 19.12 Là-dessus, Pilate cherchait à le relâcher. Mais les Juifs criaient : Si tu relâches celui-ci, tu n'es point ami de César ! Quiconque se fait roi, se déclare contre César. Grec : Dès ceci, c'est-à-dire à cause de la parole prononces par Jésus. (verset 11) Sans doute Pilate avait déjà plusieurs fois cherché à le relâcher, mais, saisi par les dernières paroles de Jésus, il fit de nouveaux efforts pour cela. (L'imparfait cherchait indique une action persistante.)
    L'évangéliste ne dit pas en quoi consistèrent ces efforts. Sans doute Pilate fit encore des tentatives pour fléchir les accusateurs ; mais ceux-ci, endurcis par la haine, couvrirent de leurs cris la voix du trop faible magistrat.
    Grec : contredit César, lui résiste, est un rebelle. Si tu relâches un tel homme, tu n'es point ami de César, c'est-à-dire son adhérent, son serviteur fidèle.
    Telle fut la dernière ressource des accusateurs, leur attaque décisive, qu'ils savaient devoir être victorieuse. Revenant à leur accusation politique, ils font trois fois retentir aux oreilles du gouverneur le nom redouté de César. (verset 15)
    Or César, c'était le cruel et soupçonneux Tibère, jaloux de son autorité despotique et qui jamais n'aurait pardonné à un fonctionnaire de l'Etat d'avoir mis en liberté un sujet aspirant à la royauté.
    De son côté Pilate n'avait pas les mains nettes dans son administration ; diverses plaintes avaient été portées contre lui auprès du redoutable empereur. (Josèphe, Ant. XVIII, 3, 1 et suivants) Quelques années plus tard, il fut réellement cité à Rome pour y rendre compte de ses actes, et destitué. Aussi cette menace d'une dénonciation eut-elle un effet immédiat. (verset 13)