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Désespérance et facteurs contributifs
3. Facteur de désespérance : négligences, abus, échecs

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Type : Dossier
Thème : Santé & Psychologie
Source : Aimer & Servir
Réf./Date source : 128  
Publié sur Lueur le
Sommaire du dossier :
  1. Désespérance et facteurs contributifs
  2. Facteur de désespérance : négligences, abus, échecs
  3. Facteur de désespérance : culpabilité, mensonge
  4. La clé contre la déséspérance

Les négligences de l'enfance

Quand la mère réagit aux pleurs de l'enfant par l'ignorance, la négligence ou l'agressivité, le nourrisson ressent de la peur, de la colère et de la confusion. Il va se sentir insécurisé par l'environnement et confus par rapport à ses émotions et besoins. Il va douter de la légitimité de ses besoins, de ses émotions et de sa capacité d'obtenir satisfaction. Toute expression de ses besoins sera anticipée par la peur et il ne pourra plus simplement exprimer ses besoins. Il pourra sourire si le sourire apporte une certaine satisfaction de ses besoins ou alors il pourra hurler si les pleurs exaspèrent la mère et la conduisent à s'occuper de lui. L'enfant peut donc très tôt, au lieu d'être lui-même, devenir soit très effacé et docile, soit tyrannique. Dans tous les cas, il devra faire quelque chose pour mériter l'attention, ou alors il apprendra à négliger ses besoins pour ne pas déranger. Et de toutes façons il n'aura pas cette expérience sereine de l'espérance que la vie répondra à ses besoins.

La négligence est une des causes majeures de désespérance, car nous n'avons pas pu apprendre à faire simplement confiance aux autres et nous nous sentons obligés de mériter les choses ou de manipuler les autres pour obtenir quelque chose ou alors nous sommes devenus totalement amorphes, insensibles à nos besoins réels. C'est une des raisons fondamentales, à mon avis, du manque de motivation des chrétiens. Beaucoup de chrétiens connaissent les promesses de Dieu mais ils ne peuvent pas se les approprier parce qu'ils n'ont pas conscience de leur propre importance, ni de la valeur des promesses de Dieu et parce qu'ils n'ont pas appris à recevoir gratuitement. Les personnes négligées espèrent vaguement quelque chose, mais ne sachant réellement ce dont elles ont besoin, elles ne peuvent trouver satisfaction, ni croquer la vie à pleines dents. Si vous ignorez la nature de ce dont vous avez besoin, vous ne pouvez pas vous le procurer. Si vous avez un puzzle et que vous ignorez la forme des pièces manquantes vous ne pouvez jamais trouver la solution. Telle est la situation des personnes négligées, qui n'ont pas été confortées dans le ressenti de leurs besoins et de leurs émotions.

Les abus

Les abus physiques, verbaux, émotionnels, sexuels voire spirituels ont pour objectif de soumettre l'être humain par la violence et l'humiliation ou la séduction. Abuser d'un enfant ou d'un adulte, c'est le voler, le traiter comme un objet, le déshumaniser ; c'est l'imprégner du message qu'il n'est pas digne d'être traité en humain. L'enfant ne peut pas s'opposer aux abus, surtout venant de ses parents, car il ne peut rejeter ceux qui sont censés lui assurer sa survie ; cet enfant croit donc mériter l'abus et il en endosse la culpabilité. La torture, les viols, certains traitements médicamenteux des asiles psychiatriques, visent également à déstructurer la personnalité afin de casser la volonté des gens et de les soumettre. La personne abusée se sent impuissante, trahie, piégée, incapable de fuir, de s'opposer à l'agresseur, sans espoir qu'un changement de situation puisse intervenir. Comment voulez-vous qu'une personne trahie, abusée, réduite à un objet sans valeur et dont la confiance, la liberté, la volonté ont été complètement anéanties, puisse encore avoir l'espérance que ses besoins soient naturellement satisfaits ? Ces personnes abusées sont méfiantes, renfermées, barricadées, ambivalentes, hésitant entre refaire confiance et se protéger. De surcroît, négligences et abus sont étroitement liés. Plus vous négligez quelqu'un, plus vous le rendez "nécessiteux" et plus facilement vous pouvez abuser de lui.

Les frustrations et les échecs répétitifs

"Un espoir différé rend le coeur malade. Un désir exaucé est comme un arbre de vie" (Proverbes 13 : 12). "Le fruit que porte le juste est un arbre de vie et celui qui est sage gagne les âmes" (Proverbes 11 : 30). Nous avons besoin de porter des fruits. C'est d'ailleurs aux fruits qu'on reconnaît la nature de l'arbre. Un bon arbre ne peut pas porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre de bons fruits.

Dans Juges 9, nous voyons que les arbres fruitiers ne veulent pas abandonner leur mission qui est de porter du fruit. Porter du fruit nous remplit de joie, car nous savons que nous avons de l'importance, que nous sommes utiles pour répondre aux besoins d'autrui. Les autres reconnaissent également la valeur de ce que nous leur proposons et nous en remercient. C'est la règle du bénéfice mutuel. Ce qui est bon pour moi doit l'être également pour mon prochain et inversement.

Celui qui a découvert son trésor, ses talents sait les faire fructifier, n'a en aucune façon envie de les enterrer ou de changer de fonction. Par contre le buisson d'épines qui ne porte pas de fruits est insatisfait de sa situation. Il n'a pas cette possibilité d'expérimenter qu'il y a plus de joie à donner qu'à recevoir. Aussi le buisson d'épines est-il prêt à régner sur les autres arbres, à les soumettre, à les dominer, à les contrôler pour qu'ils lui apportent la satisfaction qu'il n'obtient pas par ses propres fruits. Il y a un grand danger, si nous ne sommes pas à notre vraie place et ne portons pas de fruits, que nous nous tournions vers les autres pour mettre la main sur eux afin qu'ils nous donnent la gratification et l'honneur que nous recherchons. Mais cela est impossible, même si les autres nous gratifient ou font semblant de nous honorer ; cela ne répond pas à nos vrais besoins, ni à notre recherche de satisfaction en portant des fruits. Si nous ne portons pas de fruit, nous sommes déçus et frustrés et cela peut nous mener à la longue à la désespérance. Pour porter de bons fruits, il ne suffit pas de se repentir de porter des épines ou de mauvais fruits, voire pas de fruit du tout, mais il faut connaître et développer les talents que Dieu nous a confiés. Cela peut être très difficile car on ne nous a peut-être pas permis de les connaître et de les développer. Néanmoins, même si cela est difficile, il nous faut découvrir nos dons et les faire fructifier. Nous ne pouvons pas nous reposer sur les talents des autres.

Nous avons besoin de connaître notre appel, d'entrer dans cet appel et de porter du fruit. Nous avons besoin d'entrer dans ces oeuvres que Dieu a préparées d'avance, sinon nous allons être constamment frustrés et désespérés. Pour porter du fruit, il ne suffit pas de faire n'importe quoi et d'avoir du succès car la création a été soumise à la vanité qui ne peut pas nous satisfaire. Seules les oeuvres de Dieu à portée éternelle peuvent nous combler : répondre aux besoins physiques, psychiques et spirituels des autres afin qu'ils puissent connaître la vérité de Dieu, qu'ils puissent être affranchis par cette vérité et qu'ils puissent grandir en connaissance et en maturité. (Ephésiens 4 : 11-15).

Dieu résiste aux orgueilleux mais Il fait grâce aux humbles. "Quand la conduite d'un homme est agréable à l'Éternel, 11 lui concilie même ses ennemis" (Proverbes 16 : 7).

Dieu a soumis la création au pouvoir de la vanité, de la fragilité pour montrer aux hommes qu'il n'y a pas d'avenir ici-bas. Cette vanité, ces échecs répétés doivent conduire l'homme naturel à la désespérance ici-bas et à une nouvelle espérance. "Car la création a été soumise au pouvoir de la fragilité ; cela ne s'est pas produit de son gré, mais à cause de celui qui l'y a soumise. 11 lui a donné une espérance : c'est que la création elle-même sera délivrée de la puissance de la destruction qui l'asservit pour accéder à la liberté que les enfants de Dieu connaîtront dans la gloire" (Romains 8 : 20).

La fragilité, la vanité des choses ici-bas, les échecs devraient nous conduire à la désespérance alors que la victoire dans l'épreuve nous conduit à l'espérance selon Romains 5 : 4. Si je comprends bien, tous les chrétiens devraient être pleins d'espérance et tous les non-chrétiens pleins de désespérance. Alors pourquoi les chrétiens sombrent-ils si facilement dans la désespérance et pourquoi les non chrétiens ne sont-ils pas plus désespérés ?

Une des réponses primordiales me semble être notre vie dans l'illusion. Beaucoup de non-chrétiens croient en la bonté intrinsèque de l'homme et s'imaginent que l'avenir ne pourra être que meilleur si nous faisons des efforts. La réalité de la vie et du monde les fera tôt ou tard déchanter. Plus grave me paraît cependant être l'illusion chrétienne qui, sous prétexte de conversion, de prières, de lecture de la parole de Dieu, d'appartenance au peuple de Dieu, d'expériences spirituelles, nous fait croire que nous incarnons la pensée et la vérité de Dieu. Certes nous avons tous les ingrédients pour vivre une vie spirituelle sous la dépendance du Saint-Esprit mais ce n'est pas pour autant que nous le faisons automatiquement. Notre conduite n'est-elle pas souvent dictée par toutes sortes de peurs, la crainte des autres, la soumission aux autres, le politiquement et spirituellement correct ou alors dictée par la colère, les manipulations en tous genres et en particulier par l'hypocrisie ? "Car ce n'est pas par la colère qu'un homme accomplit ce qui est juste aux yeux de Dieu"(Jacques 1 : 20).

Les illusions peuvent ainsi nous donner de fausses satisfactions liées à des succès imaginaires. Ou alors la vie peut nous sembler un échec au vu des critères de réussite du monde ou d'autrui. N'acceptons pas le joug du monde ou des autres. D'où l'importance de la vérité et de la réalité, tant au niveau de nos attentes qui doivent être réalistes, que de notre valeur qui doit être confrontée à la vérité biblique et de nos résultats qui gagnent à être évalués concrètement. Les mensonges, les illusions, les fantasmes nous éloignent de la réalité et nous font éprouver frustrations et échecs. Si nous ne portons pas de bons fruits, nous ne pouvons être que frustrés et désespérés.

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