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Enfance négligée ou abusée
4. Le traumatisme

Auteur :
Type : Dossier
Thème : Abus et Harcèlement
Source : Aimer & Servir
Réf./Date source : 127  
Publié sur Lueur le
Sommaire du dossier :
  1. Enfance négligée, abusée : conséquences
  2. Négligences et abus dans l'enfance
  3. Le traumatisme
  4. Survivant de l'abus

L'abus sexuel est le cumul de toutes sortes d'abus ; on verra que tous les abus peuvent avoir des conséquences. Mais l'abus sexuel entraîne des conséquences beaucoup plus graves.

Un enfant n'est pas prêt à vivre une dimension sexuelle; c'est comme s'il recevait un courant de 120 volts alors qu'il ne peut supporter qu'un courant de 12 volts. Cela fait des dégâts ; l'expérience est comme une vague déferlante qui le submerge, provoque une explosion intérieure au niveau émotionnel et spirituel, un tas de sentiments : panique, peur, danger, culpabilité, solitude, honte, sentiment d'abandon, trahison, autant d'émotions qui entraînent une confusion.

Un abus peut ouvrir la porte à un autre abus : on peut commencer par vivre un abus émotionnel dans sa famille et plus tard, être amené à être abusé sexuellement. Car un abus est une histoire de non respect de (intégrité d'une personne, une histoire de barrière forcée et brisée. L'abuseur n'ira pas vers n'importe qui, mais vers des enfants peu sûrs d'eux, mal dans leur peau, en essayant d'en faire des amis ; s'il n'est pas sûr de son identité, même s'il ne dit rien, cela se lit dans son comportement.

L'inceste par le parent est plus grave que l'abus par un tiers car pour l'enfant, le parent représente le modèle et la référence; donc cela va amener une confusion en lui. « Je n'aime pas ce que je vis, cela n'est pas bon, mais c'est mon père ou ma mère, donc il m'aime et il sait ce qu'il fait, il doit avoir raison et c'est moi qui ait tort dans mon ressenti. » Cela provoque aussi un sentiment d'abandon : si son parent fait cela, à qui faut-il en parler ? C'est pourquoi la prévention qui commence à exister dans les écoles est positive : c'est une perche tendue à l'enfant pour briser le secret car pour certains, ce sentiment de n'avoir pas pu parler est difficile à gérer.

Il y a quelque chose de pire à gérer que la violence physique, c'est la culpabilité d'avoir accepté de se taire comme si l'on était complice. Il s'agit d'une culpabilité très forte. Je me suis tu, donc j'étais d'accord, c'est souvent ce que l'abusé se dit « de toutes façons, tu aimes ça. » Lorsqu'un enfant a subi un traumatisme, s'il est aidé dans un processus de validation de ses émotions et de restauration, le traumatisme laissera peu de séquelles ; au contraire, le traumatisme et l'absence d'aide appropriée laissent des traces profondes dans la vie adulte ; il faut qu'il soit aidé à mettre des mots sur ses émotions et à réaliser qu'il est normal d'avoir de la colère, du dégoût, du rejet ; cela l'aidera à récupérer; en revanche, s'il garde son mal en lui, il ressentira des séquelles dans sa vie adulte.

Aider un enfant est plus simple qu'aider un adulte car les conséquences n'ont pas eu le temps de s'imprégner dans son identité ; l'enfant est moins compliqué que l'adulte. Il possède des capacités à gérer le choc : c'est la résilience. Au départ, ce mot était utilisé en physique ; puis il a été repris par les psychiatres, les sociologues, les généticiens et les philosophes qui ont pensé leur discipline respective en terme de résilience (nombre caractérisant la résistance au choc d'un matériau selon la définition du Larousse) : c'est la faculté à surnager.

Comment un enfant peut-il sortir de la plus douloureuse des situations ? Pourquoi la vie de certains bascule-t-elle au moindre problème alors que d'autres résistent et font surface malgré de gros problèmes ?

Cette capacité à survivre au traumatisme, à la maltraitance, peut être renforcée par des éléments appelés facteurs de protection comme :
- Une bonne relation avec au moins l'un des parents ou un grand parent.
- Un adulte digne de confiance, des liens particuliers, avec un adulte qui voit le positif en l'enfant et qui l'encourage, lui permettant d'échapper à l'engrenage de la haine, de la folie destructrice, c'est à dire lui permettant de protéger sa vie.
- Un animal domestique (ou une peluche), un bon moyen pour l'enfant d'exprimer ses émotions, de reprendre contact.
- Sa propre chambre, un endroit à lui où il puisse se couper du monde pour entrer dans un monde imaginaire, se raconter des choses positives à la fin d'une journée mal vécue. Il est le héros dans son monde.
- L'humour ; la possibilité de prendre de la distance et de rire.
- Les rites d'une communauté, un cadre, une structure.
- La religion.
- L'intelligence qui donne une impression de pouvoir.
- Un travail pour manifester ses compétences, où l'enfant puisse prouver qu'il a une valeur; l'estime de soi peut alors grandir ; il peut, par exemple s'occuper de chevaux ou d'autres enfants en un lieu où on lui fasse confiance.

La résilience est un mélange d'inné et d'acquis à entretenir tout au long de la vie ; si l'on surprotège un enfant, on sabote la résilience, on l'empêche de faire face à certaines situations de stress, de conflit ; en revanche, devenir parent est un signe ou un révélateur de résilience pour des survivants d'abus.

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