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Parler de Jésus-Christ
4. La joie du témoignage

Auteur :
Type : Dossier
Thème : Religions et Croyances
Source : Construire Ensemble
Réf./Date source : 04-2002  
Publié sur Lueur le
Sommaire du dossier :
  1. Parler de Jésus-Christ, oui ! mais comment ?
  2. Pour une pensée chrétienne fidèle et intelligible
  3. La joie du témoignage

Entretien avec Bernard Delépine

Que vous inspire le thème de notre congrès "parler de JésusChrist aujourd'hui" ?

Beaucoup de joie. J'ai toujours été réjoui de pouvoir partager ma foi et quand je n'en ai pas l'occasion, j'ai le sentiment de me priver d'une joie essentielle.

Que diriez- vous aux membres de nos Églises à propos du témoignage ?

Ne vous privez pas par crainte ou négligence d'une telle joie dans votre marche avec Christ. Certes, je reconnais que j'ai une personnalité qui facilite l'entrée en contact avec les autres et que dans cette mesure ce que je fais et dont je vais vous parler ne peut être simplement copié par les autres. Chacun doit trouver sa manière propre de témoigner. Et il me semble important d'ajouter ici que témoigner, ce n'est pas avoir réponse à tout. Il y a des cas où nous ne savons que dire face aux circonstances et il faut savoir rester humble.

Quels conseils donnez-vous aux personnes craintives de votre Église dans ce domaine ?

Essayez d'aller dans la rue avec une personne habituée à ce style de témoignage et vous verrez que c'est plus simple que vous ne le croyez. Et puis je leur dis que le témoignage c'est plus un style de vie, un état d'esprit qu'une technique. Cela demande une certaine sensibilité aux autres pour s'intéresser à elles et entrer en contact avec elles. Je pense à cette mère de famille qui invitait souvent ses voisines ou les mamans qu'elle rencontrait à la sortie de l'école à prendre un café. Sur la table, il y avait sa Bible ... Et ce simple contact a abouti à la conversion de plusieurs personnes. Ce que je dis aussi aux membres de l'Église, c'est qu'il y a plusieurs manières de témoigner : par l'humour, l'intérêt pour l'actualité, l'action sociale,...

Pouvez-vous nous donne quelques exemples ?

Je fais régulièrement dans la rue avec d'autres personnes de l'Église des sondages intitulés "philosophiques et religieux". En général, j'aborde les personnes en disant seulement "est-ce que vous avez cinq minutes pour répondre à un sondage ?". Et elles me répondent "un sondage sur quoi ?" et je rétorque "sur des produits de lessive". Devant leur étonnement, j'ajoute immédiatement "franchement, est-ce que j'ai une tête à vendre des lessives" et alors j'annonce la couleur. Ce détour par l'humour me vaut toujours une meilleure disponibilité qu'une annonce directe du sujet du sondage. La conversation peut alors s'engager.

Mon expérience m'a appris plusieurs choses. Habituellement, les gens sont favorables à notre mise en valeur du choix personnel en matière religieuse quand on en vient à parler du baptême. II est d'ailleurs important que notre façon de les approcher corresponde à cette conviction et que nous respections leur liberté dans notre témoignage. La deuxième chose que j'ai observée, c'est que les personnes sont sensibles au fait que je m'intéresse à elles, à leur profession, leur famille, leur santé et que je n'en reste pas strictement aux questions du sondage. La troisième chose, c'est que la proposition de prier pour elles en pleine rue à la fin du sondage (je ne le fais pas systématiquement) est bien accueillie et même reçue comme un signe marquant d'intérêt de ma part. Je le fais de façon discrète en gardant les yeux ouverts pour ne pas attirer inutilement l'attention des gens qui passent.

Autre exemple récent, samedi 2 mars nous organisions un concert d'évangélisation et 9 adolescents de la banlieue traînaient devant la salle de spectacle. Sentant qu'ils allaient perturber notre soirée, je suis allé leur parler. L'intérêt que je leur ai montré les ont conduits à me poser des questions sur mon travail de pasteur et en particulier d'aumônier de prison. Avant de finalement prendre leur bus pour la banlieue, ils ont tenu à me serrer la main et à me remercier pour le temps que je leur avais consacré.

Témoigner du Christ n'est pas si difficile que cela et ce n'est pas une affaire de pasteur, de professionnel.

Combien de personnes ont rejoint l'Église d'Angers par le biais des sondages dans la rue ?

J'avoue que je ne le sais pas... et qu'à la limite ce n'est pas ma préoccupation principale. Je ne tiens pas de comptabilité en la matière. Ce qui est important pour moi, c'est de parler de Jésus aux hommes et aux femmes que je rencontre. Quant à la conversion, c'est l'affaire du Saint-Esprit.

En tant que pasteur, quel programme d'évangélisation ou quelles occasions suscitez-vous pour que Jésus-Christ soit annoncé?

L'Église a un bus en centre ville où une permanence est assurée le samedi après-midi tous les jours par le moyen d'un café-bar. 10 à 15 personnes de la communauté assurent à tour de rôle son ouverture. Quand le temps le permet, certains d'entre nous vont dans la rue faire des sondages, des mimes, des sketchs,... Le samedi 23 février nous avons ainsi reçu la visite de 30 à 35 jeunes dans notre bus.

Tous les mois, nous organisons des actions spéciales d'évangélisation : conférences sur des sujets de société (drogue, SIDA, suicide, dépression,...), concerts, spectacle chorégraphique par les jeunes et ados de l'Église (ce mois-ci), repas avec témoignages,...

Les femmes organisent des petitsdéjeuners où elles invitent leurs voisines et amies. Elles sont actuellement 40 à 45 à ces rencontres.

Nous "créons" ou utilisons aussi des événements à l'occasion. Par exemple en 1998, nous avons retransmis la coupe du monde de football sur grand écran dans l'Église. 200 personnes extérieures à l'Église sont ainsi venues dans nos murs et ont reçu à cette occasion un Nouveau Testament et des traités pendant les mi-temps. Nous allons organiser une semblable retransmission pour la coupe du monde 2002.

Nous avons organisé une exposition art et foi avec les poèmes, les photos, les peintures et les sculptures réalisés par les membres des 4 Églises participantes (Assemblée de Dieu, Église adventiste, Assemblée de frères et Église baptiste). Trois soirées ont permis aux talents musicaux, chorégraphiques et dramatiques de ces mêmes membres de s'exprimer.

Et qu'en est-il de l'action sociale ? Est-ce aussi pour vous une forme de témoignage ?

Sans l'ombre d'un doute. Cela a commencé par l'accueil dans notre propre foyer de personnes en difficultés (alcooliques, toxicomanes, homosexuels, déséquilibrés, ...) et ce pour des durées parfois longues (jusqu'à treize mois). Puis l'Église a aussi développé une action communautaire : distribution de vêtements, de nourriture, accueil de jour de SDF et tout cela en coordination avec les services sociaux de la ville.

Quel message voudriez-vous laisser à nos lecteurs en tant que directeur de l'évangélisation de notre Fédération ?

Ne vous privez pas de la joie du témoignage comme je crois observer que trop de membres de nos Églises le font. Dites-vous que parler de Jésus n'est pas si compliqué que cela, que nos contemporains ont de réelles attentes spirituelles et qu'ainsi vous allez leur faire du bien comme vous allez vous en faire à vous aussi.

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