L’invasion pornographique
3. Pornographie et loi
Type : Dossier
Thème : La sexualité
Source : Construire Ensemble
Réf./Date source : 61
Publié sur Lueur le
- L’invasion pornographique
- L'obscénité dévoilée
- Pornographie et loi
Faut-il légiférer pour interdire la pornographie ? Certains pays le font : le 20 novembre 2003, l'Ukraine a promulgué une loi sur la « défense de la moralité publique » interdisant la production et la diffusion de tout matériel pornographique dans les médias, y compris sur Internet.
En France, c'est la diffusion de la pornographie aux mineurs qui est interdite et sanctionnée par l'article 227-24 du Code Pénal.
Pourtant, sans parler de l'affichage sauvage, beaucoup de mineurs sont exposés à la pornographie via la télévision ou Internet. Le rapport de mars 2003 du collectif « Enfance et médias » intitulé « L'environnement médiatique des jeunes de zéro à dix-huit ans : que transmettons-nous à nos enfants » démontre qu'avant douze ans, un enfant sur deux a visionné un film pornographique. On se dira à juste titre, que font les parents ? Mais ils ne sont pas toujours en cause (voir le témoignage d'une mère). Cette situation a poussé des parlementaires à proposer d'interdire par voie législative la pornographie à la télévision française. Tentative qui s'est soldée, à la session de décembre 2002 du Parlement, par un échec.
Il ne faut pas oublier que la loi n'est pas le seul instrument de régulation. Un film par exemple pour être diffusé doit obtenir une autorisation administrative. Il y a aussi des instances de contrôle comme le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA) dont l'action n'est pas sans résultat. Ainsi la radio NRJ a reçu une mise en demeure du CSA à propos d'une émission de l'animateur Maurad « pour propos injurieux et pornographiques » tenus à des auditeurs. Cette émission a finalement été supprimée.
Même Internet où semble régner l'anarchie n'est pas à l'abri de la justice. Une avocate signale que les propos pornographiques dans un forum de discussion sont bien passibles de poursuites : « ...si l'on suit la jurisprudence actuelle relative à Internet et à la pornographie, celle-ci est purement et simplement interdite sur ce support. En effet, tous les moyens aujourd'hui utilisés pour restreindre l'accès aux mineurs : avertissements, paiement par CB, référencement dans les systèmes de filtrage, ont été considérés comme insuffisants par les juges qui estiment que ces moyens ne sont pas suffisamment efficaces et que le mineur est toujours « susceptible » de voir ou percevoir ce message. La présence d'un message à caractère pornographique dans un forum, même dans une zone réservée aux adultes constituera l'infraction prévue par l'article 227-24 du Code Pénal. »
Sans conteste, la pornographie porte atteinte à la dignité de l'être humain en image de Dieu. Mais est-ce par la loi qu'il faut la combattre ? Dans les Évangiles, Jésus, qui s'attirait la réprobation des gardiens de la loi parce qu'il osait parler à des prostituées, met l'accent sur le combat intérieur. Il dirait aujourd'hui : « Si ton oeil te pousse à pécher, arrête ton abonnement à Canal + » !. Il faut cependant rappeler que Jésus n'est pas venu abolir la norme extérieure « la loi ». Paul, tout en mettant également l'accent sur la maîtrise de soi, reconnaît par ailleurs un rôle positif à la contrainte extérieure de la loi. En 1 Tm 1.2, il rappelle que l'usage civil de la loi qui s'applique aux « meurtriers » est aussi applicable aux « débauchés » pornoï. Bien sûr les Églises doivent avant tout prêcher un changement de mentalité mais elles ne peuvent rester indifférentes devant l'effet social produit par les images dégradantes : certains ont mis en rapport cette massification de la pornographie et la multiplication des « tournantes » (viols collectifs). La loi ne peut pas faire disparaître le mal mais elle doit protéger les faibles en limitant l'étendue du mal. La diffusion massive de la pornographie, notamment via Internet, appelle une régulation, quelles qu'en soient les modalités...
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