Avortement et perte d'enfant : un enjeu spirituel
3. Résilience et enfant de remplacement
Type : Dossier
Thème : Avortement
Source : Aimer & Servir
Réf./Date source : 139
Publié sur Lueur le
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La résilience
Devant la dégradation des comportements et l'aggravation des troubles de la nouvelle génération, certains thérapeutes fondent leurs espoirs sur ce qu'ils appellent la résilience. En effet, certains professionnels de la relation d'aide en observant que certains enfants issus de contextes extrêmement défavorables, peuvent devenir des parents merveilleux. Il est remarquable que certaines personnes parviennent à résilier leurs blessures, les négligences, les abus subis dans leur enfance et leurs conséquences. Elles se révèlent même capables d'accueillir et d'élever leurs enfants de manière parfaitement adéquate. Ces exemples doivent effectivement attirer notre attention et nous encourager. S'il est donc possible de se rassurer quelque peu, il faut malheureusement relever que ces situations sont extrêmement rares.
La résilience, selon la Bible, nous ramène au début de l'histoire de l'humanité. Revenons à l'histoire des premiers enfants nés après la Chute : Caïn et Abel. Quelle tragédie ! Le frère aîné tue son frère cadet. Ensuite, Adam connut à nouveau sa femme Eve qui lui engendra un troisième fils dont on ne parle pas beaucoup. C'est Eve qui choisit son nom, Seth. Elle dit : « Seth remplacera Abel que Caïn m'a tué » (Gn 4.25).
L'enfant de remplacement
Seth signifie étymologiquement : mettre à la place de... Nous comprenons bien la tragédie d'être ou d'avoir un fils meurtrier comme Caïn. Nous pouvons même nous reconnaître comme meurtrier potentiel. Mais, a-t-on bien compris la tragédie de Seth ? Seth est un enfant de remplacement. La descendance de Caïn a disparu dans le déluge. Noé est fils de Seth, donc bibliquement, nous sommes tous héritiers de Seth. Seth n'était pas attendu pour lui-même, mais pour répondre aux fantasmes de ses parents et assumer leurs angoisses consécutives au premier deuil de l'humanité. Lorsqu'Adam et Eve furent confrontés à cette tragédie, ils furent complètement dépassés et submergés. Nous pouvons bien le comprendre. Mais, comment se fait-il qu'ils n'aient jamais envisagé la moindre part de responsabilité dans cet événement ? Pourtant, c'est bien une conséquence directe de la Chute, de leur chute. Dieu avait mis devant eux le choix entre l'arbre de la connaissance du bien et du mal et celui de la vie. Il n'y a pas de réaction de la part d'Adam, c'est un « non-choix ». Cela ne l'empêchera pas ensuite d'accuser sa femme d'avoir fait le « mauvais choix ». Adam ne se sent pas concerné ! Dans le texte, il est totalement absent et démissionnaire devant le deuil d'Abel. Il abandonne Eve à sa tristesse et à ses questions. Inconsolable Eve porte toutes ses attentes sur l'enfant suivant, pour l'aider à porter ce fardeau. C'est Seth qui devra assumer.
L'enfant de remplacement est un bouc émissaire |
La problématique de l'enfant de remplacement est probablement la racine de bon nombre de nos problèmes et dysfonctionnements psychologiques. L'enfant de remplacement est un bouc émissaire. Le poids des attentes, exprimées ou non, de ses parents peuvent l'empêcher de prendre en main sa vie, de choisir, de découvrir lui-même et pour lui-même le sens de sa vie ou le projet de Dieu. A l'extrême, il s'interdira lui-même de chercher son identité propre et envisagera d'autres identités. N'importe laquelle, mais pas la sienne ! « Voici, je te connaissais avant que tu naisses et tous les jours de ta vie » (Ps 139.16). Tout au contraire, l'accès au plan spécifique et unique de Dieu pour l'enfant de remplacement est freiné, voire interdit par ses propres parents. L'enfant de remplacement est attendu d'abord pour porter le fardeau dont ils tentent de se décharger sur lui. Dans les angoisses existentielles de l'enfant de remplacement, nous trouvons toutes sortes de comportements déviants qui oscillent entre la pitié de soi ou la révolte.
Pitié de soi, apathie, dépression, assistanat et suicide
À force d'être incompris, découragé dans ses tentatives de découvrir ce à quoi il se sent appelé, l'enfant va s'éteindre, perdre tout intérêt et toute créativité. Il peut devenir assisté avec cette logique : « Tu m'as voulu, tu m'as eu ! Alors, assume-moi. J'accepte de devenir comme vous le voulez, c'est pourquoi, je renonce finalement à prendre ma vie en main ». Y aurait-il un lien entre la banalisation de l'avortement et l'assistanat ?
La révolte, la violence et le meurtre
A l'opposé, l'enfant de remplacement pourra choisir la violence, parce que ce carcan est complètement inhumain et insupportable. Parce que nous sommes tous héritiers de Seth, nous nous sentons tous chargés de tragédies héritées de nos parents ou de nos ancêtres. C'est pourquoi, nous avons tous tendance à osciller entre la pitié de soi, la dépression ou la rébellion et la violence. Mais les enfants de cette génération sont ramenés par leurs parents eux-mêmes à la racine même de ces doutes et de ces angoisses existentielles originelles.
C'est pourquoi, nous sommes confrontés à une génération d'enfants qui se suicident ou deviennent tyranniques. Ils ne pourront jamais assumer la culpabilité larvée de leurs parents ni supporter de ne pas être ce qu'ils se sentent appelés à être. Dès lors, ils expriment par le suicide ou la violence gratuite un désespoir existentiel immense : « de toute façon je ne peux pas exister pour devenir ce que j'aspire à être. Comment d'autres auraient-ils le droit d'exister ? » Ainsi, pour l'enfant de remplacement, les mouvements de balancier entre la pitié de soi et là révolte sont exacerbés. Ils oscillent à l'extrême entre des attitudes conduisant soit à la négation, par eux-mêmes, de leur droit d'exister, voire au suicide, soit à la violence ou au meurtre gratuit, c'est-à-dire : la négation du droit d'exister de l'autre. D'autres, encore, finiront par accepter d'endosser une autre identité et s'interdiront eux-mêmes toutes questions sur le sens de leur vie et sur le plan originel de Dieu pour eux. C'est, en tout cas, une piste de réflexion pour comprendre l'augmentation exponentielle des troubles du comportement et de la personnalité de la nouvelle génération, et notamment l'augmentation de l'ambivalence de l'identité sexuelle.
Enfant de remplacement et clonage
N'est-ce pas fondamentalement ce qui préside aux attentes sur le clonage ? Nous allons fabriquer des enfants parfaits. Nous allons leur définir un cahier des charges, maîtriser les caractéristiques génétiques des enfants futurs pour qu'ils nous conviennent le plus exactement possible. Certains proposent déjà de remplacer un enfant décédé par son clone. D'autres envisagent même d'en produire pour fournir des organes de remplacement. Quel est l'impact de telles propositions sur la nouvelle génération ?
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