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Job 30Jb 30 (Segond 1910)
1 Et maintenant !... je suis la risée de plus jeunes que moi, De ceux dont je dédaignais de mettre les pères Parmi les chiens de mon troupeau. 2 Mais à quoi me servirait la force de leurs mains ? Ils sont incapables d'atteindre la vieillesse. 3 Desséchés par la misère et la faim, Ils fuient dans les lieux arides, Depuis longtemps abandonnés et déserts ; 4 Ils arrachent près des arbrisseaux les herbes sauvages, Et ils n'ont pour pain que la racine des genêts. 5 On les chasse du milieu des hommes, On crie après eux comme après des voleurs. 6 Ils habitent dans d'affreuses vallées, Dans les cavernes de la terre et dans les rochers ; 7 Ils hurlent parmi les buissons, Ils se rassemblent sous les ronces. 8 Etres vils et méprisés, On les repousse du pays. 9 Et maintenant, je suis l'objet de leurs chansons, Je suis en butte à leurs propos. 10 Ils ont horreur de moi, ils se détournent, Ils me crachent au visage. 11 Ils n'ont plus de retenue et ils m'humilient, Ils rejettent tout frein devant moi. 12 Ces misérables se lèvent à ma droite et me poussent les pieds, Ils se fraient contre moi des sentiers pour ma ruine ; 13 Ils détruisent mon propre sentier et travaillent à ma perte, Eux à qui personne ne viendrait en aide ; 14 Ils arrivent comme par une large brèche, Ils se précipitent sous les craquements.15 Les terreurs m'assiègent ; Ma gloire est emportée comme par le vent, Mon bonheur a passé comme un nuage. 16 Et maintenant, mon âme s'épanche en mon sein, Les jours de la souffrance m'ont saisi. 17 La nuit me perce et m'arrache les os, La douleur qui me ronge ne se donne aucun repos, 18 Par la violence du mal mon vêtement perd sa forme, Il se colle à mon corps comme ma tunique. 19 Dieu m'a jeté dans la boue, Et je ressemble à la poussière et à la cendre. 20 Je crie vers toi, et tu ne me réponds pas ; Je me tiens debout, et tu me lances ton regard. 21 Tu deviens cruel contre moi, Tu me combats avec la force de ta main. 22 Tu mu soulèves, tu mu fais voler au-dessus du vent, Et tu m'anéantis au bruit de la tempête. 23 Car, je le sais, tu me mènes à la mort, Au rendez-vous de tous les vivants. 24 Mais celui qui va périr n'étend-il pas les mains ? Celui qui est dans le malheur n'implore-t-il pas du secours ? 25 N'avais-je pas des larmes pour l'infortuné ? Mon coeur n'avait-il pas pitié de l'indigent ? 26 J'attendais le bonheur, et le malheur est arrivé ; J'espérais la lumière, et les ténèbres sont venues. 27 Mes entrailles bouillonnent sans relâche, Les jours de la calamité m'ont surpris. 28 Je marche noirci, mais non par le soleil ; Je me lève en pleine assemblée, et je crie. 29 Je suis devenu le frère des chacals, Le compagnon des autruches. 30 Ma peau noircit et tombe, Mes os brûlent et se dessèchent. 31 Ma harpe n'est plus qu'un instrument de deuil, Et mon chalumeau ne peut rendre que des sons plaintifs.
Jb 30 (Ostervald)
1 Mais, maintenant, des hommes plus jeunes que moi se moquent de moi, des hommes dont je n'aurais pas daigné mettre les pères avec les chiens de mon troupeau. 2 Et qu'aurais-je pu faire de la force de leurs mains? En eux avait péri toute vigueur. 3 Exténués par la disette et la faim, ils broutent les lieux arides, depuis longtemps désolés et déserts. 4 Ils cueillent l'herbe sauvage près des buissons, et la racine des genêts est leur nourriture. 5 On les chasse du milieu des hommes; on crie après eux comme après un larron; 6 Ils habitent dans des torrents affreux, dans les trous de la terre, et parmi les rochers. 7 On les entend braire dans les buissons, ils s'étendent pêle-mêle sous les chardons; 8 Race impie, race sans nom, qui avait été chassée du pays! 9 Et maintenant je suis le sujet de leurs chansons, et je fais la matière de leurs propos. 10 Ils m'ont en horreur, ils s'éloignent de moi; ils ne craignent pas de me cracher au visage. 11 Parce que Dieu a détendu la corde de mon arc et m'a humilié, ils ont secoué tout frein devant moi. 12 Cette engeance se lève à ma droite; ils poussent mes pieds; ils construisent contre moi des routes pour me nuire; 13 Ils rompent mon chemin, ils aident à ma ruine, eux à qui personne ne porterait secours. 14 Ils arrivent comme par une large brèche, ils se précipitent au milieu du fracas.15 Toutes les terreurs se tournent contre moi, elles poursuivent ma prospérité comme le vent, et mon bonheur a passé comme un nuage! 16 Et maintenant mon âme se fond en moi, les jours d'affliction m'ont atteint; 17 La nuit perce mes os et les détache, et ceux qui me rongent ne dorment pas. 18 Par la violence extrême de mon mal, mon vêtement se déforme; il me serre comme le col de ma tunique. 19 Dieu m'a jeté dans la boue, et je ressemble à la poussière et à la cendre. 20 Je crie vers toi, et tu ne me réponds pas; je me tiens debout devant toi, et tu me considères! 21 Tu es devenu cruel pour moi; tu t'opposes à moi avec toute la force de ton bras. 22 Tu m'enlèves, tu me fais chevaucher sur le vent, et tu me fais fondre au bruit de la tempête. 23 Oui, je sais bien que tu m'amènes à la mort, et dans la demeure, rendez-vous de tous les vivants. 24 Seulement, n'étendrait-on pas la main au milieu de la ruine? Et, dans sa calamité, ne serait-il donc pas permis de pousser un cri? 25 Ne pleurais-je pas sur l'homme qui passait de mauvais jours? Mon âme n'était-elle pas affligée à cause du pauvre ? 26 J'ai attendu le bonheur, et le malheur est arrivé. J'espérais la lumière, et les ténèbres sont venues. 27 Mes entrailles bouillonnent sans repos; les jours d'affliction m'ont assailli. 28 Je marche tout noirci, et non par le soleil. Je me lève dans l'assemblée, et je crie. 29 Je suis devenu le frère des chacals, et le compagnon des autruches. 30 Ma peau se noircit et tombe. Mes os sont brûlés par la fièvre. 31 Ma harpe s'est changée en deuil, et mon luth en voix de pleurs.
La versification des traductions pouvant varier, l'alignement ne correspond parfois pas à la même phrase.
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