Pourquoi Dieu permet-il la souffrance ?
3. La souffrance : réponse d'Elihu
Type : Livre en ligne
Thème : La souffrance
Source : Carnets Croire & Servir
Réf./Date source : 35
Publié sur Lueur le
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Job parle sans intelligence
Et ses discours manquent de raison.
Qu'il continue à être éprouvé,
Puisqu'il répond comme font les méchants ! Car il ajoute à ses fautes de nouveaux péchés ; Il bat des mains au milieu de nous
Et multiplie ses paroles contre Dieu. (Jb 34.35-37)
Pourtant par ailleurs il y a effectivement de l'inédit dans les propos d'Elihu, et il avance une explication de la souffrance humaine plus nuancée que celle, trop schématique, d'Eliphaz et compagnie. Pour lui, le malheur peut avoir la valeur d'un avertissement. Il faudrait relire tout l'admirable chapitre 33, si évangélique. Nous ne retiendrons que les lignes suivantes qui résument l'avis d'Elihu :
Dieu parle tantôt d'une manière, tantôt d'une autre, Par des songes, par des visions nocturnes, Quand les hommes sont livrés à un profond sommeil. Alors il leur donne des avertissements, Afin de détourner l'homme du mal Et de le préserver de l'orgueil. (Jb 33.14-16)Et plus bas : Dieu sauve le malheureux de sa misère. Et c'est par la souffrance qu'il l'avertit (Jb 36.15). En somme, il s'agit non d'un châtiment, mais d'une mesure préventive, d'une sorte de vaccination contre des défaillances éventuelles dans l'avenir. Cette solution du problème ne s'appliquait pas non plus à Job. Les épreuves qu'il a traversées ont bien contribué à sa sanctification ; il est ressorti mieux affermi, plus fidèle, en communion plus intime avec Dieu qu'il n'était auparavant. Cependant le but de ses douleurs n'était pas son perfectionnement. Evidemment il ne pouvait pas d'emblée, et d'une manière catégorique, déclarer que ces paroles d'Elihu tombaient à faux, comme il pouvait le dire des exhortations de ses trois autres amis. Aussi lorsqu'Elihu l'invite à lui répondre, il garde le silence (Jb 33.31-32). Mais il n'est pas non plus entièrement convaincu, comme il le sera quand Dieu lui aura parlé. En ce qui nous concerne, nous ferons bien de méditer la thèse avancée par Elihu. I1 est bien vrai que dans la prospérité, trop souvent nous avons tendance à oublier Dieu. Agur l'avait bien senti, lui qui formulait sa prière en ces termes :
Ne me donne ni pauvreté ni richesse, De peur que dans l'abondance je ne te renie Et ne dise : Qui est l'Eternel ? Ou que dans la pauvreté je ne dérobe. (Pv 30.8-9)
Moïse prédit qu'en devenant gras, épais et replet Israël en viendra à regimber contre Dieu (Dt 32.15). Il ne devrait pas en être ainsi. Quand notre situation est florissante, nous devrions, pleins de reconnaissance, louer Dieu avec d'autant plus de ferveur. Hélas, nous sommes souvent si ingrats et si frivoles que nous avons besoin d'une épreuve pour nous souvenir de l'Eternel.
Le petit enfant aime à folâtrer de droite et de gauche tant que tout va bien pour lui, et même lorsque sa mère l'appelle, il n'est pas pressé d'accourir. Mais s'il tombe et se fait mal, immédiatement il se précipite auprès d'elle pour se faire consoler. Ainsi l'épreuve est souvent chez nous ce qui déclenche le désir de nous approcher du Seigneur Jésus. Que de gens se sont convertis à la suite d'une maladie, d'un deuil, d'une déception ! Qui dira le nombre de ceux qui ont retiré d'un malheur une bénédiction spirituelle ? Combien qui pourraient dire comme Ezéchias : Mes souffrances sont devenues mon salut ! (Es 38.17). Ce n'est pas, bien entendu, que les souffrances humaines, même les plus pénibles et les plus vaillamment supportées, puissent jamais constituer un mérite qui nous vaudrait l'acquisition du salut. La seule souffrance expiatoire est celle que le Fils de Dieu a subie à la croix, et qui est pleinement suffisante pour racheter quiconque se confie en lui. Tout est accompli au Calvaire (Jn 19.30).
Mais nos épreuves peuvent être salutaires pour nous, dans ce sens qu'elles nous montrent notre faiblesse et nous invitent à nous jeter dans les bras du Sauveur. Tant que l'enfant prodigue avait de l'argent, des amis et des plaisirs, il ne songeait guère à rentrer à la maison paternelle. C'est lorsqu'il s'est vu dans la misère, souffrant de la faim, qu'il a changé de sentiments et qu'il est revenu, repentant, auprès de son père. Il peut donc arriver que Dieu dans sa bonté nous frappe, non pas pour nous punir, mais pour remédier à un mal éventuel, comme un chirurgien qui manie le bistouri et qui blesse son patient en vue de son bien véritable.
Relisons ce que Moïse rappelle aux Israélites après les quarante ans dans le désert : Souviens-toi de tout le chemin que l'Eternel ton Dieu t'a fait faire... Il t'a humilié, il t'a fait souffrir de la faim et il t'a nourri de la manne... afin de t'apprendre que l'homme ne vit pas de pain seulement, mais de tout ce qui sort de la bouche de l'Eternel... Reconnais en ton coeur que l'Eternel te corrige comme un homme corrige son enfant (Dt 8.2-5). Jésus nous rappelle que le vigneron émonde le sarment fertile, afin qu'il porte plus de fruit (Jn 15.2). Sans doute, la souffrance n'a pas automatiquement et toujours pour résultat de nous pousser dans les bras du Sauveur. Il arrive que l'épreuve aigrisse celui qui la subit et l'incite à la révolte contre Dieu. Elihu est d'ailleurs assez pondéré pour le reconnaître : Garde-toi de te livrer au mal, Car la souffrance t'y dispose (Jb 36.21).
Ainsi donc, la douleur est, au point de vue spirituel, une arme à deux tranchants. Nous devons nous en rendre compte, afin d'en faire un bon usage et de prendre pour nous la parole de l'Ecclésiaste : Au jour du bonheur sois heureux, et au jour du malheur réfléchis ; Dieu a fait l'un comme l'autre (Ec 7.14).
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