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Pourquoi Je Suis Baptiste
3. Ma première raison : L'expérience spirituelle personnelle, base du baptisme

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Type : Livre en ligne
Thème : La Foi
Source : FEEBF   
Publié sur Lueur le
Sommaire du dossier :
  1. Pourquoi Je Suis Baptiste
  2. Ma première raison : L'expérience spirituelle personnelle, base du baptisme
  3. Ma troisième raison : Simplicité et spiritualité du culte baptiste
  4. Ma quatrième raison : Le baptisme, les credos et la Bible
  5. Conclusion : Baptiste, mais Chrétien avant tout

La religion affecte une grande variété de formes dans les diverses églises chrétiennes. Assistez à une messe solennelle dans une grande cathédrale catholique romaine, avec ses mystiques pénombres, ses grandes orgues, ses cierges, la troupe des prêtres et des acolytes aux vêtements de dentelles et de broderies, la fumée de l'encens, la sonnerie argentine de la clochette, l'inclinaison des têtes, comme au passage d'un souffle puissant, au moment de l'élévation de l'hostie ; ou bien assistez à une petite réunion de témoignages dans une humble chapelle de campagne lorsque, l'une après l'autre, des personnes simples, dans leur parler commun, viennent conter ce que Dieu fit pour elles ; quelle distance entre les deux. Cependant l'impartialité nous oblige à croire que toutes les églises chrétiennes visent un même but : amener l'âme humaine en contact salutaire avec Dieu par l'intermédiaire du Christ, et lui assurer ainsi la connaissance et la force d'une vie sainte. Réjouissons-nous de cette unité fondamentale de but.

D'un autre côté, on peut affirmer que certaines institutions religieuses s'efforcent d'atteindre ce but par des moyens qui empêchent l'âme de trouver Dieu plutôt qu'ils ne l'y aident. Le judaïsme aussi cherchait Dieu avec son culte compliqué, ses sacrifices sanglants et ses formes minutieuses. Mais le Christ nous a enseigné à nous approcher de Dieu d'une façon plus simple et plus spirituelle. L'importante question du lieu et des formes du culte fut reléguée à l'arrière-plan, comme dépassée et désuète, pour ceux qui ont appris à adorer Dieu en esprit et en vérité. Tous les systèmes religieux gardent encore un bon nombre de restes de leur enfance, croyances et coutumes d'origine superstitieuse, qui n'appartinrent jamais au véritable christianisme. Certaines églises refusent délibérément de se débarrasser de ces oripeaux, elles chérissent ces restes de paganisme comme leurs possessions les plus précieuses, leur inébranlable fondement. Aussi est-ce une question importante pour un chrétien intelligent de chercher où il peut trouver le christianisme dans sa forme la moins altérée.

Où le but fondamental, amener l'âme à la salutaire communion avec Dieu, est-il le plus clairement atteint ? Où l'attention est-elle le moins détournée de ce qui est essentiel dans la vie morale et religieuse ?

La foi chrétienne, telle que les baptistes la proclament, place hardiment l'expérience spirituelle au premier plan, comme la seule chose importante. Ils visent à une religion expérimentale. Nous sommes évangéliques, nous appelons tous les hommes à la repentance, à la prière pour le pardon. Nous demandons à chacun : «Avez-vous foi en Jésus-Christ ? Avez-vous soumis votre volonté à sa volonté ? Avez-vous reçu l'assurance, le témoignage intérieur que vos péchés sont pardonnés, que vous êtes réconcilié avec Dieu ? Avez-vous expérimenté la présence divine ? ».

A quiconque désire devenir membre de nos églises, nous demandons des preuves de cette expérience, et rien d'autre. Nous ne lui demandons pas de répéter une confession de foi ou les réponses d'un catéchisme. Plus simple, plus vibrant et plus personnel est le témoignage, et plus nous l'aimons. Nous nous défions du parler abondant et verbeux. L'expérience est notre unique condition, la seule requise pour recevoir le baptême ; elle est la base de notre vie ecclésiale.

Nous appliquons le même critère à nos pasteurs. Nous questionnons d'abord chaque candidat sur sa conversion et son expérience chrétienne. Puis nous lui demandons s'il est conscient d'être personnellement appelé au ministère pastoral ; ceci prouve l'expérience du divin. Enfin nous lui demandons ses vues doctrinales ; mais là encore nous n'encourageons pas la simple récitation de déclarations orthodoxes, nous préférons de beaucoup que les affirmations intellectuelles jaillissent de la conviction personnelle et de l'expérience.

Ainsi le recrutement de nos membres et de nos pasteurs est basé sur l'expérience religieuse. Il en est de même de toute notre vie ecclésiale. Examinez nos églises : rien n'attire et ne gagne tant nos membres que la note de l'expérience religieuse personnel-le résonnant dans la prédication ; rien ne les émeut et ne les touche plus, dans nos assemblées fraternelles, que la parole jaillie du coeur et des expériences intimes. Lorsque nous insistons si fortement sur le vrai baptême, ce n'est point par amour des formes extérieures, mais par protestation contre les formes qui ne sont inspirées par aucune expérience intime. Le baptême des croyants est un acte extérieur plus une expérience intérieure : le baptême des enfants, croyons-nous, est un acte extérieur moins l'expérience intérieure, et c'est pourquoi nous n'en voulons pas.

Une véritable église baptiste est aussi claire et invariable sur ce point que tout autre corps ecclésiastique sur un point de doctrine. Elle insiste sur l'expérience directe, consciente, personnelle de ses membres ; elle ne saurait consentir aucun compromis. L'église catholique romaine, par exemple, cherche aussi à mettre l'homme en contact avec la grâce de Dieu ; mais cette grâce est reçue, enseigne-t-elle, par le moyen des sacrements. Dans la régénération par les eaux baptismales, dans l'hostie de la communion, dans l'absolution prononcée par le prêtre, dans le sacrement de pénitence, dit-elle, l'homme trouve Dieu. Le trouve-t-il réellement ? Ne trouve-t-il pas plutôt l'Eglise ? L'Eglise n'a-t-elle pas interposé, entre l'âme et son Dieu, de multiples cérémonies purement humaines, de sorte que des milliers de croyants qui observent soigneusement ces rites ne rencontrent jamais Dieu dans les choses mêmes où leur église leur enseigna qu'ils le découvriraient.

J'ai assisté maintes fois à des services de confirmation dans l'église luthérienne et je fus profondément intéressé. Les enfants sont examinés sur leur connaissance du catéchisme et des Saintes Ecritures. Ils récitent de longs passages qui font honneur à leur mémoire. Je souhaite que nos jeunes baptistes connaissent aussi bien leur Bible et les cantiques de leur église. Je regarde l'instruction religieuse systématique donnée pendant les mois qui précèdent la confirmation comme un des traits les plus beaux de l'église luthérienne et je souhaiterais fort que nous l'imitions. Elle offre à un pasteur pieux et consacré une occasion sans pareille. Mais lorsque l'exercice mental de mémorisation et de récitation devient la condition de l'entrée dans l'église et de l'admission aux sacrements, l'expérience personnelle est supplantée par quelque chose d'entièrement différent et d'inférieur. Or, j'ai appris par un contact personnel avec les gens du peuple, combien d'entre eux demeurent sous l'impression que cette instruction religieuse suffit à transformer les jeunes gens en chrétiens.

Quelques églises insistent sur les rites et les sacrements dans la conviction qu'ils donnent accès auprès de Dieu. D'autres insistent sur les formules de confession de foi, croyant qu'une compréhension intellectuelle correcte est le fondement de la vie chrétienne. Les baptistes ont simplifié les rites ; nous n'avons gardé que deux rites obligatoires, le baptême et la Sainte Cène, et nous insistons sur l'expérience comme partie essentielle de ces deux symboles. Nous croyons qu'il faut être clairement convaincu de la vérité ; mais nous n'avons pas de formules de confession de foi auxquelles, pasteurs ou laïques, tous doivent donner leur assentiment. Les exposés de la foi, les formules intellectuelles sont utiles lorsqu'ils découlent de l'expérience personnelle ; sinon, ils risquent de n'être que de nuisibles substituts de l'expérience.

Maintenant, considérez quelle grande chose c'est, pour une église, d'affirmer qu'un homme peut et doit entrer en relation personnelle et directe avec Dieu et d'adapter toute sa vie ecclésiastique à la création de semblables expériences spirituelles. J'ai rencontré dans d'autres églises des gens qui non seulement n'avaient pas fait cette expérience, mais encore doutaient de la possibilité d'une telle expérience. Il leur semblait présomptueux de la part d'un homme d'affirmer sa connaissance du pardon de Dieu et sa vie de communion avec le Seigneur. Alors à quoi sert tout cet appareil ecclésiastique, s'il n'aide pas les hommes à faire cette expérience ?

La grande majorité des hommes ne possède qu'une religion de seconde main. Une grande personnalité religieuse a eu, dans le passé, une véritable expérience des relations possibles avec Dieu. Elle a conté son expérience, les hommes la crurent et ils prirent leur foi en la réalité de cette expérience pour substitut de l'expérience personnelle. La religion du passé est déposée dans la Bible, dans les confessions de foi, dans les rites, et dans les croyances de l'Eglise ; les hommes étudient pieusement ces écrits et ces traditions. Ils leur donnent leur assentiment, et bientôt ils pensent que cette adhésion intellectuelle constitue la religion. Mais ce n'est pas plus de la religion, qu'un clair de lune n'est de la lumière solaire. Les pensées et les expériences de nos semblables possèdent pour nous une valeur incommensurable, car elles enrichissent et élargissent les nôtres ; mais rien en religion ne peut prendre la place de l'expérience personnelle. Dans l'enseignement des sciences naturelles la méthode moderne met l'étudiant en contact direct avec la nature. La dissection d'un seul animal fournit plus de connaissances réelles en biologie que l'étude du meilleur manuel où l'étudiant trouve le rapport des observations faites par les savants. Les baptistes croient à la pratique des méthodes modernes en religion ; ils mettent l'âme face à face avec Dieu.

La religion expérimentale est nécessairement libre et volontaire. On peut imposer aux hommes leur présence à la messe ; on peut leur imposer la signature d'un credo ; mais on ne peut leur imposer une expérience intérieure. Elle reste libre et spontanée. Aucun acte n'a de valeur aux yeux de Dieu, s'il n'est la libre expression de la vie intérieure. Que nous importerait l'amour obligatoire d'une épouse, d'un fils, d'une fille ? Qu'importe à Dieu la foi et l'adoration obligatoires ? Lorsque nous insistons sur l'expérience et non sur les rites et sur les credos, nous plaçons la religion dans la sphère de la liberté ; cette religion libre est vraiment d'une grande valeur aux yeux de Dieu.

Vraisemblablement la religion expérimentale, plus que toute autre religion aura une influence réelle sur la vie morale du croyant. Dans les formes inférieures du paganisme, les rites constituent presque toute la religion ; la moralité n'est qu'un incident. Chaque réel progrès dans l'évolution de la religion diminue la place des rites pour augmenter celle de la morale. Même dans les formes les plus élevées de la religion, le danger de régression vers les formes inférieures, le danger d'insister sur les rites aux dépens de la morale, ne disparaît jamais entièrement. Lorsque nous insistons sur la repentance et la soumission à la volonté divine, nous indiquons une expérience religieuse qui conduit directement à une vie morale plus haute. Une semblable religion prête une force nouvelle toute puissante aux obligations morales, elle est d'une utilité inestimable pour la vie ordinaire de l'humanité.

Nous voyons l'importance profonde d'une telle expérience directe de Dieu, dans le fait qu'aux heures de doute, elle seule demeure inébranlable. Bien des hommes assistèrent à l'écroulement de toutes leurs croyances intellectuelles, pourtant leur foi en Dieu résista aux assauts de la tempête, inébranlable comme un roc de granit. Lorsque les raisonnements s'effondraient comme un château de cartes, ils pouvaient encore dire : «Pourtant je sais que Dieu a fait de moi un homme nouveau ; l'expérience de mes années passées est aussi indubitable que ma certitude de ma vie physique actuelle». Et sur cette fondation, ils peuvent bâtir une foi plus grande et plus résistante. Une église qui offre aux hommes une expérience personnelle de la religion leur fournit ainsi ce qu'il y a d'essentiel et d'éternel dans la vie morale, religieuse et spirituelle.

J'aime à penser aussi qu'une église qui demande de ses membres l'expérience religieuse et uniquement l'expérience religieuse, est profondément démocratique. Il faut un entraînement intellectuel pour comprendre les minutieuses différences des credos. Il faut une forte connaissance historique pour comprendre les rites et les symboles de certaines vieilles églises. Celui qui pourrait expliquer le sens de chaque pièce de l'habillement du prêtre catholique officiant à l'autel et l'origine et les changements subis par ce vêtement, saurait assez d'histoire pour composer un gros volume. Par contre, l'expérience de Dieu, comme l'amour, est accessible à tous, aux savants comme à l'âme la plus simple et la plus ignorante. Un petit enfant peut aimer longtemps avant qu'il ne puisse raisonner. Une pauvre mère de famille, allemande ou italienne, immigrée aux Etats-Unis, ne peut suivre et comprendre les études de ses enfants ; mais personne ne la surpassera dans l'amour maternel. L'intellectualisme est aristocratique ; l'amour humain et la foi religieuse sont tous deux démocratiques.

Lorsque nous, baptistes, nous insistons sur l'expérience religieuse personnelle, que nous la présentons comme la seule chose essentielle en religion, nous défrichons la route du retour au christianisme primitif. Les habits somptueux qui drapent les officiants des anciennes églises, les rites qui déroulent leurs fastueuses théories dans les cathédrales gothiques, furent créés pièce à pièce par les générations successives ; la science historique montre chaque jour plus clairement que les soies de ces vêtements et l'or de leurs broderies furent empruntés au paganisme antique. L'insistance sur la pensée correcte, l'orthodoxie de l'exacte définition, est de même un produit de l'intellectualisme hellénique, la fille de l'union du christianisme avec la civilisation grecque de l'Antiquité. Ces choses ne faisaient pas partie du Christianisme que les apôtres connurent et prêchèrent ; encore bien moins du Christianisme de Jésus. Le Christianisme primitif était excessivement simple ; c'était seulement une vie nouvelle, vie nouvelle dans les relations avec Dieu, vie nouvelle dans les relations avec les autres hommes. La foi en Jésus-Christ était avant tout une expérience spirituelle ; ceux qui croyaient en lui sentaient un esprit nouveau, le Saint-Esprit, vivre dans leur coeur, inspirer leurs prières et leurs témoignages. A sa chaleur, leur égoïsme fondait, une indomptable hardiesse les poussait à des actes incroyables d'héroïsme. Paul appelait cette vie nouvelle «la foi». Ce mot , dans la bouche ou sous la plume de l'apôtre, ne veut point seulement dire une croyance intellectuelle ; c'est une espèce de symbole algébrique ou chimique traduisant l'expérience intérieure et la vie en Jésus-Christ.

Je suis donc baptiste, parce que notre église attache le minimum d'importance aux rites et aux credos, et le maximum à l'expérience spirituelle, et plus j'étudie l'histoire des religions, plus je vois la grandeur et la fécondité d'une telle position.

Quand je proclame que la religion purement spirituelle est la vraie religion baptiste, je n'oublie pas qu'elle n'est pourtant point encore celle de tous les baptistes. Combien de baptistes n'ont nullement conscience que, dans cette expérience, se trouve l'essence de notre foi baptiste. Quelques-uns insisteront sur l'immersion dans un esprit ritualiste et légaliste. D'autres seraient heureux que nous possédions une confession de foi rigide, bardée et cuirassée de pied en cap, avec des milliers de points sur lesquels ils puissent insister en temps et hors de temps. Je sais aussi que pour certains autres, l'expérience n'est qu'une émotion creuse, souventes fois copiée sur les autres, qui s'évanouit sans changer la vie et la conduite, à moins qu'elle n'ajoute aux autres défauts l'infatuation religieuse. Mais ceci vient de l'étroitesse et de la mesquinerie inséparables de la nature humaine. Notre foi baptiste, comme notre constitution politique américaine, est fondée sur de grands principes ; si quelques-uns en mésusent, les comprennent mal, ou même les trahissent, les principes ne perdent point de leur valeur, il n'en élèvent pas moins les fidèles à leur hauteur. Les baptistes maintiennent haut les principes baptistes, et réciproquement les principes baptistes rehaussent les baptistes.

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