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Pourquoi Je Suis Baptiste
5. Ma troisième raison : Simplicité et spiritualité du culte baptiste

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Type : Livre en ligne
Thème : La Foi
Source : FEEBF   
Publié sur Lueur le
Sommaire du dossier :
  1. Pourquoi Je Suis Baptiste
  2. Pourquoi Je Suis Baptiste : Introduction
  3. Ma première raison : L'expérience spirituelle personnelle, base du baptisme
  4. Ma troisième raison : Simplicité et spiritualité du culte baptiste
  5. Conclusion : Baptiste, mais Chrétien avant tout

La première raison pour laquelle je me suis attaché de toute la force de mon coeur et de mon intelligence à la foi baptiste, c'est que le baptisme se fonde sur l'expérience religieuse personnelle ; la seconde, c'est que notre organisation ecclésiastique, dans son essence, se conforme le plus aux principes chrétiens. Ma troisième raison a trait à notre conception du culte.

Je rendrai mon idée plus claire en remontant un peu dans l'histoire des religions. Dans les formes primitives et grossières de la religion, le culte n'est qu'un essai pour s'assurer les faveurs et l'alliance des dieux. Les hommes tremblent devant les forces terrifiantes de la nature : tonnerre, inondation, sécheresse, épidémies, etc., et ils s'efforcent d'apaiser et de se concilier les êtres surnaturels qui montrent leur déplaisir en envoyant ces fléaux et ces frayeurs aux faibles humains. Ils offrent des sacrifices, d'apitoyantes prières à leurs divinités comme ils apporteraient leurs dons et leurs lamentations aux pieds des despotes humains en colère, dont ils connaissent trop bien la férocité et les caprices. Les adorateurs désirent la santé, une abondante progéniture, de riches moissons, la revanche sur un adversaire ou la protection contre les attaques des forces hostiles ; ils confient leurs souhaits aux dieux, ils leur apportent des présents pour gagner leur aide et leur faveur. Le culte dans ces formes inférieures de la religion est un véritable marché où le croyant paie pour s'assurer les bienfaits divins et la préservation du malheur.

Mais chaque dieu a ses dispositions et ses goûts. Un dieu aime le riz et les fleurs ; un autre préfère la fumée des holocaustes de boeufs ou de moutons ; un autre encore exige du sang humain. Ces dieux ont leurs lieux saints où ils apparurent, et où l'on peut les approcher plus facilement. Ils ont leurs noms et leurs formules sacrées, par lesquels l'adorateur doit les invoquer. Ils ont leurs prêtres experts dans tous les rites et cérémonies, qui s'approchent du dieu et offrent des sacrifices en faveur des hommes impurs ou ignorants. Ces formes du culte sont transmises de génération en génération ; elles sont soigneusement conservées dans la mémoire des experts ; car leur efficacité dépend de l'exactitude de la formule d'une prière ou de la prosternation à droite ou à gauche de l'autel ou à des prières dans une langue qu'ils ne comprenaient plus. La religion est parfois une étonnante conservatrice de formes momifiées. Toutes les vieilles religions sont pleines de coutumes pétrifiées.

A un degré plus élevé du développement religieux, les hommes recherchent le contact personnel avec la divinité. Ils possèdent un certain sens de leur impureté et de leur souillure. On leur a dit que des bains et des ablutions, des onctions d'huile, des aspersions de sang chaud, tous accomplis selon la formule magique, les purifieraient, les sanctifieraient et les délivreraient miraculeusement des puissances mauvaises. Les hommes ont un sens profond de la fragilité et de la brièveté de leur existence ; ils aspirent à l'immortalité ; ils désireraient en obtenir, dès maintenant, la certitude. On leur a dit que, s'ils accomplissaient certains rites mystérieux, ils obtiendraient la protection des dieux qui gouvernent l'au-delà et ils échapperaient ainsi à la mort ; un peu de la vie divine pénètrerait en eux et leur assurerait la survivance désirée. Ainsi dans ce degré supérieur de la religion, les hommes recherchent l'expiation de leur culpabilité, l'affranchissement de l'impureté, la victoire sur la mort et le contact direct et concret avec la divinité. Dans ce stade comme dans le précédent, on attache la plus grande importance aux formes du culte. Si elles ne sont pas accomplies exactement elles perdent leur pouvoir.

Quiconque connaît le voile d'épaisse superstition qui ensevelissait l'humanité, éprouve un merveilleux soulagement à passer de ces fumées d'encens et d'holocaustes au grand air et à la pleine lumière dans lesquels Jésus marche avec son Père. La troupe des tyrans surnaturels, qui exigeaient des sacrifices et se complaisaient à voir l'homme ramper et élever vers eux des mains suppliantes, s'est évanouie, et l'Etre parfait s'incline vers nous sous le poids de son amour paternel. Lieux saints, temps sacrés, saintes formules et experts consacrés, tout cela est dépassé, désuet. Dieu ne demande qu'une chose, l'amour. «Aimer Dieu de toutes ses énergies et son prochain comme soi-même». L'antique peur de l'esclave prostré dans la poussière est envolée ; à sa place fleurissent l'amour et l'obéissance de l'enfant de Dieu. Jésus ne prie point par devoir ou afin d'obtenir une faveur désirée, mais parce qu'il aime prier et s'entretenir avec son Père. Devenir un disciple de Jésus, c'est apprendre à penser à Dieu, et à vivre avec Dieu, comme Jésus le fit ; c'est laisser cette foi et cette connaissance nouvelles transformer toute notre vie.

Paul comprit la pensée de Jésus. Sa bataille contre la Loi fut un puissant effort pour débarrasser la religion des vieil-les formes qui l'entravaient et la bâillonnaient et pour permettre aux chrétiens de considérer le Christ et d'écouter l'Esprit parlant dans les âmes. Lisez sur ce point le huitième chapitre de l'épître aux Romains ou l'épître aux Galates.

Mais les vieilles habitudes religieuses étaient tenaces. Il fallut un rude effort pour affranchir les Judéo-Chrétiens de leurs antiques formes juives, et lés néophytes sortis du paganisme se créèrent très vite un nouveau cérémonial qui, sous des apparences chrétiennes, cachait un esprit païen. Le Christianisme ne possédait que deux rites religieux dont la forme importait : le baptême et la Sainte-Cène. L'un était un bain, l'autre un repas. Ces deux actes ordinaires de la vie quotidienne exprimaient de grandes pensées spirituelles. Mais les hommes avec leur esprit païen s'emparèrent de ces actes et y virent ce qu'ils cherchaient. Le baptême devint pour eux un purificateur mystique qui enlève les souillures et la culpabilité, un bain magique d'où le néophyte sort régénéré, véritable homme nouveau débarrassé de son passé. Quand ils entendirent les paroles : «Ceci est mon sang, ceci est mon corps,» ils pensèrent que, d'une façon mystérieuse, le Christ était réellement présent dans le pain et le vin, et lorsqu'ils avalaient les éléments, la vie divine du Maître entrait en eux et leur conférait l'immortalité.
Ces idées superstitieuses devinrent, avec le temps, plus puissantes et plus concrètes ; elles furent adoptées par les théologiens et défendues comme une partie essentielle du Christianisme. Graduellement on en vint à croire que le Christ, non seulement était présent dans le sacrement, mais que le pain et le vin se changeaient en son corps et en son sang, que le croyant mangeait. Ce nouveau corps du Christ, que le prêtre créait par une formule magique, était offert de nouveau à Dieu dans le sacrifice de la messe. Une nouvelle prêtrise se développa de bonne heure, dotée du pouvoir mystérieux d'administrer les sacrements et de pardonner les péchés. De nouveaux sacrements surgirent. Le Christianisme eut ses lieux saints, ses jours sacrés, ses saintes formules, son sacrifice et son encens, ses prières stéréotypées et tout l'appareil du culte, tout comme les religions païennes que parfois il dépassa. L'esprit de Jésus, sa pitié et son pouvoir salutaire, se trouvent encore dans ce cérémonial ; mais ce pouvoir salutaire s'exerce surtout malgré ce prétendu culte chrétien, plutôt que par son moyen. Cette religion établie fut extrêmement conservatrice ; soucieuse de préserver de tout changement les formes reçues, elle refusa de se laisser conduire par l'Esprit de Jésus de progrès en progrès. De même que le prêtre païen de la Rome antique marmottait des formules en langue morte et incompréhensible, le prêtre chrétien de la Rome moderne chante ses formules latines, comprises par les chrétiens des premiers siècles, mais aujourd'hui mortes et sans efficacité. L'église grecque orthodoxe emploie aussi un langage rituel inintelligible au peuple. Ce n'est qu'une petite indication de l'oeuvre pétrifiante du conservatisme religieux.

La Réforme fut un soulèvement de l'esprit national, démocratique et religieux contre ce legs inutile d'un passé mort à toujours. La Réforme simplifia le culte, le débarrassa de multiples cérémonies superstitieuses. Dans certains pays la rupture avec les formes du culte catholique fut plus complète que dans certains autres. Les églises calvinistes de Suisse, de France, de Hollande, d'Ecosse et d'une partie de l'Allemagne se libérèrent presque totalement ; les églises luthériennes d'Allemagne et de Scandinavie ne poussèrent pas aussi loin l'oeuvre d'affranchissement, l'église anglicane se montra la plus conservatrice de toutes. Les baptistes, et les diverses dénominations avec lesquelles nous sommes historiquement apparentés, marchent à l'avant-garde du protestantisme. C'est une des raisons pour lesquelles je suis baptiste, parce que, étant baptiste, je suis protestant radical. Je puis ainsi aider à purifier le christianisme de la masse des influences païennes qui s'y infiltrèrent aux premiers siècles et furent ensuite si dévotement préservées et choyées. Je puis travailler à ramener l'humanité à ce culte simple, moral, spirituel, que Jésus enseigna, mais qui fut étouffé sous la dorure et la chamarrure du culte de l'église paganisée.

Les baptistes, en vérité, sont, sur quelques points, plus protestants que les grands réformateurs. Tous les réformateurs conservèrent le baptême des enfants. Mais le pédobaptisme fait partie intégrante de cette tendance païenne dont j'ai tenté la description. Il sort d'une double racine : la croyance en la damnation des enfants à cause du péché originel, et la croyance en la vertu régénératrice du baptême. Si le baptême sauve, et si les petits enfants ont besoin du salut, l'amour humain naturellement voudra baptiser les enfants pour les arracher à l'enfer. Au début de la Réforme il y eut de nombreux doutes sur la validité du baptême des enfants ; mais le rejeter obligeait à ne créer que des églises de croyants baptisés et à distinguer entre l'église et la multitude. Les réformateurs reculèrent devant un changement si complet, principalement pour des raisons politiques, et le baptême des enfants fut maintenu, défendu, exalté et préconisé. C'était un élément étranger gardé dans le protestantisme et il y exerça la plus néfaste influence, ouvrant la porte à d'autres éléments étrangers dans le culte, la doctrine et l'organisation. Il tend à disparaître lentement. Les chrétiens protestants modernes ne croient plus à la condamnation éternelle des enfants qui meurent sans baptême ni à la vertu régénératrice de ce sacrement. Or si les jeunes bébés n'ont pas besoin du baptême et si le baptême n'opère aucune oeuvre bienfaisante, pourquoi baptiser les enfants ? D'autres raisons sentimentales sont maintenant employées pour soutenir cette coutume ; mais le nombre des baptêmes d'enfants est continuellement en diminution. Les gens en viennent à retarder le baptême de leurs enfants jusqu'au moment où ce baptême présentera quelques significations spirituelles aux jeunes âmes des baptisés. Les baptisés aidèrent à cette évolution. Dès le commencement, ils détruisirent le vieux levain païen ; et le pur esprit chrétien qui se développe lentement dans le protestantisme moderne, les conduisit par le chemin.

Le véritable culte, la seule chose que Dieu demande, c'est une vie semblable à celle du Christ. Vivre conscient de la perpétuelle présence et de l'amour de Dieu, soumettre nos désirs et nos plans à sa volonté, pratiquer l'humilité, traiter tous les hommes avec justice et amour : voilà le véritable culte chrétien. Hors de là, prières, cantiques, service divin du dimanche, ne sont que bruits discordants aux oreilles de Dieu. Tel est le sens de la déclaration de saint Paul : «Je vous exhorte donc, frères, à offrir vos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu», et il ajoute : «Ce qui est votre culte raisonnable», c'est-à-dire la seule forme rationnelle d'adoration. L'apôtre connaissait de multiples formes de cultes ; mais toutes irrationnelles et inacceptables par un Dieu de sainteté et d'amour. Lorsque Jacques écrit : «La religion pure et sans tache devant Dieu, notre Père, consiste à visiter les orphelins et les veuves dans leurs afflictions et à se préserver des souillures du monde», le mot «religion» a le sens de liturgie ou de cérémonial. Une vie pure et débordante d'amour constitue la véritable liturgie du culte chrétien.

La vie de Jésus est toute gonflée de religion, comme un rossignol est gonflé de chants, une rose de parfum ; mais il n'est pas l'esclave des formes héréditaires du culte, et l'on peut à peine déclarer qu'il créa de nouvelles formes. Il enseigna une prière à ses disciples en réponse à leur requête ; mais cette prière se propose d'enseigner la plus grande simplicité dans les oraisons. Dans notre culte en commun nous nous approcherons davantage du véritable esprit chrétien, si chaque acte de notre culte est débordant de joie, d'amour pour le prochain, de haine pour le mal et du désir sincère de vivre d'une vie probe sous les yeux du Christ et dans la communion divine. Notre culte doit éliminer autant que possible toute convoitise égoïste, toute superstition, toute idée de Dieu fausse et indigne. Il doit purifier notre conception de la vie chrétienne par l'éducation de notre nature morale, il doit doter notre volonté de fermes et durables impulsions à l'action bonne ; il doit créer et entretenir des habitudes de révérence et la faculté d'adoration.

Dans notre vie religieuse baptiste toutes ces caractéristiques du véritable culte peuvent s'exprimer. librement. Il nous est facile d'être simples, sincères, spirituels. Nous ne sommes pas tentés, par les survivances des formes païennes de notre rituel, de retomber dans la superstition. Si certaines de nos églises font concourir quelques formes liturgiques ou des éléments artistiques au culte et à l'adoration, ceci ne constitue pas nécessairement un écart ou une infidélité aux principes fondamentaux du baptisme. «Lorsque deux personnes font la même chose, ce n'est pas toujours la même chose» dit un de nos proverbes.

Combien de spiritualité et de véritable religion trouverait-on dans le culte de telle ou telle église baptiste, c'est une autre question. Tout dépend des hommes et des femmes qui prennent part à ce culte. Si les âmes sont momifiées, le culte peut être entièrement mort et stérile. Même alors il y a encore un avantage dans la simplicité de notre service, car cette stérilité et cette mort ne seront pas voilées ou déguisées par la vie d'emprunt d'une pompeuse cérémonie. Un prêtre matérialiste et sensuel peut chanter la messe bien mieux que le plus grand saint ; mais une église et un pasteur baptistes ne peuvent être longtemps morts spirituellement sans que le monde s'en aperçoive et ceci leur offre une magnifique occasion de repentance.

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