Pourquoi Je Suis Baptiste
2. Pourquoi Je Suis Baptiste : Introduction

Pourquoi suis-je baptiste ? Eh bien, tout d'abord parce que mon père était baptiste. Il avait été pasteur luthérien en Allemagne ; il vint en Amérique et entra en relations avec les baptistes. Il découvrit dans leurs enseignements les vérités qu'il avait cherchées en tâtonnant et, au prix de multiples souffrances spirituelles et du sacrifice de sa position, il devint baptiste. S'il était resté pasteur luthérien en Allemagne, sans doute ne serais-je point pasteur baptiste en Amérique. Rien ne sert de nier que notre première éducation et nos relations familiales exercent une forte influence sur chacun de nous et déterminent en partie notre affiliation religieuse. Dans les pays qui possèdent une église nationale, on regarde comme un acte horrible et impie, l'abandon de la religion des ancêtres, et même dans notre pays, aux Etats-Unis, le paradis de la liberté religieuse et de l'individualisme, seule une minorité, sous l'inspiration de fortes convictions individuelles, ose briser les étroits et doux liens de l'affection et des traditions familiales. Combien sont ou catholiques, ou protestants, ou juifs, parce que leurs parents étaient ou catholiques, ou protestants, ou juifs et c'est là toute la raison de leur foi. Si les anges, cette nuit, dérobaient une centaine de bébés aux foyers baptistes et les remplaçaient par des bébés épiscopaux, on peut affirmer sans crainte que, ces enfants qui autrement seraient devenus les champions de l'épiscopat, de la succession apostolique et de la liturgie, apprendraient à regarder ces choses avec le sourire d'une consciente supériorité.

Quelques-uns parmi nous, sont devenus baptistes par conviction ; ils durent quitter la dénomination de leurs parents pour suivre la vérité où il lui plut de les conduire. Mais la grande majorité des baptistes naquit dans des familles baptistes ; j'appartiens à cette majorité. Néanmoins ceci n'exprime que la moitié de la vérité. Nous sommes Américains, parce que nous naquîmes en Amérique. Mais n'est-ce pas notre devoir et notre droit de comprendre clairement progressivement, les principes que notre patrie représente et d'adopter, pour l'inspiration de notre conduite personnelle, l'idéal démocratique et égalitaire base de notre vie nationale. Nous sommes Américains par naissance, nous devons le devenir par conviction. De même nous pouvons être baptistes de naissance ; mais il nous faut le devenir par conviction. Nul n'est vraiment baptiste tant que sa tendance héréditaire n'a pas été transformée en un dessein personnel. Dans une gare importante, vous avez peut-être regardé une locomotive faisant les manoeuvres et répartissant les wagons entre les différentes voies ; elle lance le wagon, puis le laisse rouler seul par la force acquise. Le wagon roule un moment ; mais il ne possède aucune énergie agissant en lui, peu à peu il ralentit sa marche puis il s'arrête définitivement. Les jeunes baptistes ne doivent pas ressembler à ce wagon. Ils doivent croître dans leurs convictions et agir sous l'impulsion de la force intérieure. Ils héritèrent d'un magnifique patrimoine de vérités ; qu'ils apprennent à connaître leur apanage, qu'ils conservent par droit d'acquêt personnel ce qui est déjà leur par droit héréditaire.

J'ai commencé à être baptiste parce que mon père l'était, mais aujourd'hui, je suis baptiste parce que, étant données mes convictions, je ne saurais guère être quoi que ce soit d'autre. Maintenant, appuyé sur mes expériences personnelles, je suis prêt à rendre compte de ma foi.

C'est une chose bonne et utile que de poser la question «Pourquoi êtes-vous baptiste ?» Je souhaite que chaque membre de nos églises puisse y répondre clairement et complètement.

Il est possible de baser son baptisme sur de petites ou sur de grandes pensées. Quelqu'un dira : «Je suis baptiste, parce que le mot grec baptizo signifie immerger». Vérité indéniable, mais bien mesquine pour y fonder ses convictions religieuses. Un enfant myope fut conduit au jardin zoologique. Il s'arrêta en face de la cage du lion ; la queue du lion pendait à travers les barreaux de sa cage : «Je me faisais une toute autre idée d'un lion, déclara l'enfant un lion, ça ressemble à une vieille corde jaune». Ainsi certains baptistes, jusqu'ici, ne découvrirent que le côté étroit du baptisme, la queue du lion ; rien d'étonnant s'ils deviennent aussi étroits que l'objet de leur dévotion. On peut jouer : «Plus près de toi, mon Dieu», avec un seul doigt, sur un harmonium de pacotille ; mais quelle différence lorsque cet hymne est exécuté sur nos grandes orgues avec toutes les ressources d'un bon instrument et d'un parfait organiste. Les petites croyances font les petits hommes. Beaucoup de baptistes sont taillés sur un petit patron, parce que leurs convictions sont si petites.

Les intelligences humaines se sont élargies de nos jours. De vastes pensées jaillissent, coulent et nous baignent de leurs ondes. Les hommes qui, dans une sphère de leur vie, se nourrissent de grandes idées, ne peuvent supporter les mesquines pensées dans une autre sphère et tout particulièrement dans leur religion. Seule une foi large, fondée sur des bases généreuses, gigantesques, peut conquérir les hommes et les femmes de l'avenir. Je crois que nous possédons, nous baptistes, un magnifique système de vérité, libre, vivant, honnête, spirituel et en complète harmonie avec les plus nobles aspirations de notre siècle. Mais il nous faut en réaliser la largeur et le présenter dans toute sa grandeur et sa fraîcheur à nos concitoyens et non point montrer aux hommes quelques plantes séchées, quelques animaux empaillés, comme une révélation de la «Terre promise», à laquelle Dieu nous a conduits et où nous les invitons à venir nous rejoindre.

Dans les chapitres suivants, j'exposerai quelques-unes des convictions qui me sont particulièrement précieuses. Je ne garantis pas que mes idées donneront l'exacte mesure de la stature parfaite du baptisme. En vérité, le contraire est bien plus vraisemblable. Personne n'est capable de tout voir, ni même de dire tout ce qu'il voit. Si je ne réussis pas, nous habitons dans un pays de liberté et chacun est libre de hisser les couleurs baptistes sur un mât plus haut que le mien.

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